Nigeria : un projet de loi pour imposer des bureaux physiques aux géants du web
jeudi 20 mars 2025
Face à l’essor du numérique et à l’influence croissante des réseaux sociaux, le Nigeria cherche à renforcer son cadre réglementaire. En adoptant une loi stricte, le pays entend imposer de nouvelles règles aux géants de la tech, soulevant des enjeux économiques, juridiques et de souveraineté numérique.
Le Sénat nigérian a adopté, le mardi 18 mars, en deuxième lecture un projet de loi modifiant la loi sur la protection des données de 2023. Portée par le sénateur Ned Nwoko, cette initiative vise à contraindre les grandes plateformes de médias sociaux telles que Facebook, Instagram et TikTok à établir des bureaux physiques au Nigéria. Elle introduit également de nouvelles régulations pour les blogueurs, les obligeant à tenir des registres d’employés appropriés et à s’affilier à une association nationale de blogueurs basée à Abuja.
« Les Nigérians passent en moyenne trois heures et quarante-six minutes par jour en ligne, mais les grandes plateformes comme Facebook et TikTok n’ont pas de bureaux ici. Cela complique l’application des lois locales et la protection des données des utilisateurs », a déclaré le sénateur Nwoko. Selon lui, cette absence de représentation physique entraîne des pertes économiques et pose des défis en matière de régulation et de conformité aux normes nationales.
Ce projet de loi s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la régulation du secteur numérique au Nigeria, un pays de plus en plus influent sur la scène technologique mondiale. D’après DataReportal, en janvier 2025, le Nigeria comptait 38,7 millions d’utilisateurs actifs sur les médias sociaux, soit 16,4 % de sa population. Pourtant, contrairement à certains marchés africains, les principales plateformes n’y ont pas de bureaux physiques. L’initiative législative ambitionne ainsi de mieux encadrer les acteurs du numérique en améliorant la transparence et la responsabilité des plateformes, tout en assurant le respect des lois locales, notamment en matière de protection des données.
Le texte, en cours d’examen par la Commission sénatoriale des TIC et de la cybersécurité, fera l’objet d’un rapport dans un délai de deux mois. Son adoption pourrait marquer un tournant dans la gestion de l’écosystème numérique nigérian et influencer la manière dont les plateformes de médias sociaux se conforment aux législations nationales.
Par ailleurs, la réglementation encadrant l’enregistrement des blogueurs fera l’objet d’une seconde lecture avant d’être soumise à une audition publique. Celle-ci permettra de préciser les contours de la loi et de définir ses modalités d’application.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 20 mars 2025)