Madagascar : le régulateur télécoms appelle à une révision des tarifs Internet mobile
vendredi 24 octobre 2025
L’Internet est indispensable à la transformation numérique engagée par les pays africains. En 2024, environ 73 % de la population du continent était encore privée d’accès à Internet, selon les données de l’UIT.
Madagascar poursuit ses efforts en faveur de la réduction du coût de l’Internet mobile. L’Autorité de régulation des technologies de la communication (ARTEC) a demandé aux opérateurs télécoms d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités d’ajustement tarifaire en faveur des consommateurs. Selon le régulateur, cette démarche fait suite aux nombreuses doléances du public reçues au cours des dernières semaines concernant le coût jugé élevé de la connexion mobile.
Dans un communiqué publié le jeudi 23 octobre, l’ARTEC précise que cette initiative « s’inscrit dans la continuité des actions entreprises depuis la fin de l’année 2024, lesquelles ont conduit à un premier réajustement des tarifs actuellement en vigueur ». Il convient toutefois de rappeler qu’aucun calendrier n’a été fixé pour l’examen des tarifs et leurs ajustements éventuels. L’ARTEC a tenu à rappeler qu’elle n’est pas habilitée à fixer directement les tarifs appliqués par les opérateurs. « Son action s’exerce dans un rôle de facilitateur et de médiateur comme tout régulateur, afin de favoriser l’émergence de solutions justes, durables et bénéfiques à l’ensemble de l’écosystème numérique », a déclaré l’institution.
En octobre 2024, la ministre du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, Stéphanie Delmotte, avait déjà annoncé une initiative conjointe avec les opérateurs visant à réduire les prix des services télécoms. « Le moment est venu de s’aligner sur les bonnes pratiques internationales. Je pense que prochainement, nous aurons la possibilité de vous annoncer de bonnes nouvelles concernant les prix d’Internet. Peu importe ce qu’il arrive, nous sommes engagés vers la voie de la réduction des coûts d’Internet, pour que la majorité de la population puisse accéder à ces services de données », avait-elle déclaré.
Quelques mois plus tôt, en avril 2024, les autorités avaient introduit un prix plancher du gigaoctet, passé de 0,45 à 0,95 dollar. Présentée comme une mesure de rationalisation du marché, cette disposition devait permettre une meilleure répartition de l’accès à Internet. Le gouvernement l’a toutefois révoquée en mai, estimant que « les prix maintenus artificiellement élevés par les opérateurs ne reflétaient pas les engagements pris lors des négociations ».
Ces efforts s’inscrivent dans la volonté des autorités malgaches de généraliser l’accès à l’Internet mobile dans le cadre de la transformation numérique du pays. À cet égard, une initiative de 24 millions de dollars a récemment été lancée pour distribuer 40 000 smartphones aux citoyens. Notons que selon l’ARTEC, le taux de pénétration d’Internet à Madagascar atteignait 32,57 % en 2023, tandis que l’Union internationale des télécommunications (UIT) l’estime à 20,4 %. Ces données de couverture doivent être mises en regard avec les obstacles économiques qui freinent l’adoption.
La GSMA souligne que le coût élevé des forfaits demeure l’un des principaux obstacles à l’adoption de l’Internet mobile sur le continent. À Madagascar, les dépenses mensuelles pour l’Internet mobile représentaient 6,28 % du revenu national brut par habitant en 2023, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Si cela montre une baisse par rapport aux 52 % enregistrés en 2014, ce prix reste trois fois supérieur au seuil d’abordabilité de 2 % fixé par l’organisation. À titre comparatif, ce ratio s’établit à 4,48 % en Afrique et 1,24 % dans le monde, selon la même source.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 24 octobre 2025)
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