Selon l’Office de l’Ombudsman, les conflits fonciers au Rwanda représentaient 27,7% des plaintes déposées entre 2021 et 2022. Pour le gouvernement, le « Rwanda Land Dashboard » permettra une gestion plus efficace des terres et une attractivité renforcée pour les investissements fonciers.
Le Rwanda a officiellement lancé, le lundi 10 mars, le « Rwanda Land Dashboard » (RLD), un tableau de bord foncier automatisé destiné à analyser et visualiser en temps réel les données liées aux transactions, à l’utilisation et à la valeur des terres. Développé par l’Autorité foncière nationale (NLA) en partenariat avec la Fondation GanzAfrica, cet outil ambitionne de renforcer la transparence et la gouvernance foncière en offrant au public des statistiques actualisées quotidiennement.
Ce tableau de bord permet un suivi détaillé de l’évolution de l’utilisation des terres, facilitant ainsi la prise de décision pour les citoyens et les acteurs du secteur foncier. Il est également conçu pour améliorer le suivi des services fonciers et identifier les zones nécessitant des ajustements ou des interventions.
La ministre de l’Environnement, Valentine Uwamariya, voit en cette initiative un levier essentiel pour concilier développement économique et conservation de l’environnement.
« Les institutions financières et les investisseurs bénéficieront de données d’évaluation foncière crédibles et actualisées, réduisant ainsi les risques liés aux prêts hypothécaires, aux investissements immobiliers et au développement immobilier », a-t-elle déclaré, citée par The New Times. Et d’ajouter : « les promoteurs du secteur privé auront une vision claire de la disponibilité des terres, des structures de propriété foncière et des tendances du marché, ce qui facilitera la planification et l’exécution des projets tout en garantissant le respect des réglementations nationales ».
La gestion des terres est un défi au Rwanda où la densité de la population et la rareté des terres agricoles compliquent la répartition et l’exploitation foncière. Cela entraîne notamment la fragmentation des terres, la dégradation des sols et les conflits de propriété.
Comme dans de nombreux pays africains, les litiges fonciers sont fréquents. Un rapport de l’Office de l’Ombudsman, une institution rwandaise spécialisée dans la prévention et la lutte contre l’injustice et la corruption, révèle que les conflits fonciers représentaient 27,7 % des plaintes déposées entre 2021 et 2022, en tête des préoccupations soulevées dans le cadre du programme national de prévention et de lutte contre les injustices.
Face à ces défis, le gouvernement a mis en place plusieurs réformes, notamment la régularisation des titres de propriété et la numérisation des services fonciers. En mai 2024, il a annoncé le déploiement du « Land Administration Tracking Information System » (LATIS), un nouveau système permettant aux citoyens de suivre en temps réel l’évolution de leurs demandes de services fonciers.
La digitalisation du secteur devrait en outre favoriser le développement immobilier. Kigali et d’autres grandes villes rwandaises font face à un déficit croissant de logements, alimenté par une urbanisation rapide et une forte croissance démographique. D’ici 2050, la population rwandaise devrait atteindre 22,1 millions d’habitants, nécessitant environ 5,5 millions de logements, soit un besoin annuel de 150 000 unités.
Charlène N’dimon
(Source : Agence Ecofin, 11 mars 2025)