Le Ghana renforce sa cybersécurité face aux menaces grandissantes
mardi 21 octobre 2025
En Afrique, l’accélération de la transformation numérique s’accompagne d’une augmentation des risques cybercriminels. Selon Interpol, les incidents de cybersécurité sur le continent auraient entraîné des pertes financières estimées à plus de 3 milliards $ entre 2019 et 2025.
Le Ghana a perdu 19 millions de cedis (1,8 million USD) en raison de la cybercriminalité au cours des neuf premiers mois de l’année 2025, soit une hausse de 17 % par rapport à la même période de 2024, selon les données de l’Autorité de la cybersécurité (CSA). Le pays a également enregistré 2 008 incidents au cours du seul premier semestre 2025, soit une augmentation de 52 % par rapport à l’ensemble de l’année 2024.
Ces chiffres ont été révélés par George Eduah Bessi, responsable de l’application de la loi et de la liaison au sein de la CSA, lors d’un webinaire de sensibilisation à la cybersécurité organisé la semaine dernière, selon la presse locale. Il a précisé que la fraude en ligne demeure la forme la plus répandue de cybercriminalité, soit 36 % des cas signalés. Elle inclut notamment les escroqueries liées à l’argent mobile, les faux placements financiers et les attaques par hameçonnage. Le cyberharcèlement, qui touche de manière disproportionnée les femmes et les jeunes, représente pour sa part 25 % de l’ensemble des incidents recensés.
M.Bessi a souligné que l’Autorité intensifie ses efforts en matière d’éducation du public et d’application de la réglementation afin d’enrayer cette tendance à la hausse, exhortant les particuliers et les entreprises à adopter des pratiques de cybersécurité plus rigoureuses. Au-delà de ces efforts, les autorités ghanéennes multiplient les initiatives de prévention. À l’instar de nombreux pays africains, le Ghana met actuellement en œuvre le Mois national de sensibilisation à la cybersécurité 2025, placé sous le thème : « Construire un espace numérique sûr, informé et responsable ».
Le 1er octobre, lors du lancement de cette initiative, le président John Dramani Mahama a rappelé la création du Comité national conjoint de cybersécurité (JCC), chargé de collaborer avec les agences de sécurité internationales pour protéger le cyberespace ghanéen. « Les menaces cybernétiques ne connaissent pas de frontières, et il est crucial que nous mettions en place des mesures pour les prévenir », a déclaré le chef de l’État, tout en soulignant la nécessité d’une éducation du public, d’une collaboration renforcée et d’une vigilance accrue face à la montée de la cybercriminalité.
La création du Fonds de cybersécurité, prévue par la loi sur la cybersécurité de 2020, figure également parmi les priorités des autorités. Selon le ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, Samuel Nartey George, ce fonds permettra d’assurer un financement durable pour soutenir les initiatives nationales en matière de cybersécurité, protéger les infrastructures critiques d’information et renforcer les capacités dans tous les secteurs.
Pour rappel, le Ghana est classé par l’Union internationale des télécommunications (UIT) parmi les exemples à suivre en matière de cybersécurité. Le pays a obtenu le score maximal (20) dans quatre des piliers de l’Indice global de cybersécurité : mesures légales, techniques, organisationnelles et de coopération. L’UIT souligne toutefois que le pays doit encore progresser dans le domaine du développement des capacités, où il a obtenu un score de 19,27/20.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 20´octobre 2025)