Guinée : retour de la redevance sur les appels intra-réseaux suspendue en 2022
jeudi 20 mars 2025
Appliquée aux opérateurs de téléphonie, la redevance sur les appels intra-réseaux a été introduite en Guinée en mars 2021. Elle a été suspendue environ un an plus tard, notamment pour faciliter l’évolution du trafic.
Le gouvernement guinéen a révélé avoir réintroduit la redevance on-net (intra-réseau), appliquée aux appels au sein du même réseau, qui avait été suspendue en 2022. Le prélèvement passe toutefois de 20 francs guinéens (0,0023 dollars) à 15 francs guinéens par minute.
Entrée en vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier, cette mesure a été annoncée par le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique. « L’arrêté ne prévoit aucune augmentation des prix des appels téléphoniques. Les tarifs actuels restent inchangés pour les utilisateurs, malgré l’introduction d’une nouvelle redevance destinée aux opérateurs », a déclaré le département ministériel dans un communiqué publié sur sa page Facebook le mercredi 19 mars.
La réintroduction de la redevance sur les appels au sein du même réseau s’inscrit dans le cadre de la volonté des autorités guinéennes d’augmenter la contribution du secteur télécoms aux recettes de l’État pour les projets de développement. Par exemple, pour le budget 2025, le gouvernement guinéen table sur des dépenses totales de 41 897 milliards de francs guinéens, en hausse de 12,1 % par rapport à 2024.
Outre la redevance on-net, le gouvernement guinéen a décidé de faire passer la redevance de gestion des autorisations à 0,50 % du chiffre d’affaires des fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Pour les opérateurs de téléphonie et d’infrastructures, la redevance de gestion des licences passe de 0,25 % à 0,75 % du chiffre d’affaires.
Ce revirement vers le secteur des télécommunications intervient dans un contexte de transformation numérique marqué par une accélération de l’adoption et de l’utilisation des services télécoms. Une situation similaire peut également s’observer au Mali voisin, où le gouvernement a décidé en février dernier de porter la taxe sur la fourniture de services télécoms à 7 %, contre 5 % précédemment.
En janvier 2022, Mamy Diaby, ancien directeur de l’Autorité de régulation de postes et télécommunications (ARPT), avait révélé que la suppression de la redevance on-net ferait perdre au moins 240 milliards de francs guinéens à l’État par an. L’exécutif soutenait alors que « cette redevance crée un frein à l’évolution du trafic par la simple raison qu’elle empêche les opérateurs de procéder à des activités d’animation des marchés à travers l’octroi de bonus, qui en soi est une forme de baisse de tarif pour les consommateurs ».
Si cette mesure du gouvernement guinéen pourrait accroître ses recettes, elle risque en revanche d’affecter les revenus des opérateurs télécoms. Cette baisse pourrait limiter leur capacité d’investissement dans l’amélioration de la qualité des services et l’extension de la couverture réseau à travers le pays.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 20 mars 2025)