Cyberattaque supposée contre la DGID : un expert alerte sur la vulnérabilité des données de l’État
dimanche 5 octobre 2025
La récente cyberattaque supposée contre la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) continue de susciter de vives inquiétudes au Sénégal. Alors que des informations font état d’une rançon réclamée par les assaillants estimée à 6,5 milliards de francs CFA, l’ingénieur en cybersécurité Abdourahmane Sakho, CEO de Midadi Consulting, met en garde contre une menace « directe contre la sécurité économique et institutionnelle du pays ».
Selon lui, les données ciblées — baux, actes de cession, contrats, documents fiscaux ou encore informations personnelles — constituent des actifs critiques qui soutiennent le bon fonctionnement de l’administration et la confiance des citoyens dans l’État. « Leur compromission pourrait affecter les droits de propriété, la traçabilité financière et la gestion des obligations fiscales », alerte-t-il.
Une question de souveraineté numérique
Pour l’expert, la cybersécurité ne doit plus être perçue comme une question purement technique. Elle représente désormais un enjeu de souveraineté nationale. Il rappelle que les systèmes d’information publics sont « les colonnes vertébrales de la gouvernance », au même titre que les infrastructures énergétiques ou hydrauliques.
M. SAKHO souligne également que la protection des données sensibles est un impératif absolu à l’heure où la fiscalité constitue un levier central de la politique publique. Il appelle ainsi l’État à renforcer la stratégie nationale de cybersécurité, à travers des investissements ciblés, la formation du personnel et une meilleure communication auprès des citoyens.
Des hypothèses multiples autour de l’attaque
M. Sakho s’est également interrogé sur l’origine de cette attaque : « Est-elle le fait de groupes de cybercriminels organisés attirés par un gain financier, ou existe-t-il des complicités locales visant à effacer certaines preuves de malversations ? » L’ingénieur évoque également la possibilité d’une manipulation politique, dans un contexte marqué par une forte demande de transparence et de justice sociale.
Une responsabilité partagée
Abdourahmane SAKHO insiste sur le rôle de chaque acteur dans la prévention des risques. Selon lui, la cybersécurité ne dépend pas uniquement des systèmes informatiques, mais surtout des comportements humains.
Un simple mot de passe faible, un clic sur un lien frauduleux ou une clé USB non sécurisée peuvent suffire à compromettre des données sensibles.
Il appelle ainsi à une prise de conscience collective : « La cybersécurité est une responsabilité partagée. Elle concerne l’État, les entreprises et les citoyens. Nos données sont des biens communs, aussi précieux que nos ressources naturelles. »
Pour rappeler, la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) a informé ses usagers d’une indisponibilité temporaire de ses services en ligne. Selon le communiqué officiel, cette interruption est due à un problème technique identifié, pour lequel des mesures de sécurité préventives ont immédiatement été mises en place afin de protéger les infrastructures.
(Source : Senenews, 5 octobre 2025)