Congo : les opérateurs télécoms ont deux mois pour finaliser l’identification des SIM
mercredi 22 octobre 2025
Le régulateur télécoms congolais a déjà mis en demeure les opérateurs à plusieurs reprises sur l’identification des abonnés. D’autres pays africains comme le Nigeria, le Bénin, le Ghana et le Sénégal ont récemment mené des campagnes qui ont conduit à la désactivation des cartes SIM non conformes.
L’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE) a accordé aux opérateurs de téléphonie mobile MTN et Airtel, selon les textes en vigueur, un délai supplémentaire de deux mois pour finaliser l’identification des cartes SIM. Cette décision fait suite à une étude menée par le régulateur, dont les résultats ont été présentés le mardi 21 octobre.
À l’échelle nationale, les données de l’ARPCE indiquent que seulement 9,13 % des cartes SIM identifiées en 2025 ont été correctement activées, contre 13,20 % en 2024. « Seules les localités de Kinkala et Djambala ont respecté à 100 % les exigences d’identification. Dans d’autres villes comme Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso, Pokola, Ngo, Tchamba-Nzassi, Madigou Kayes, Loudima, Bouansa, Loutété et Nkayi, toutes les cartes SIM sont vendues sans présentation de pièce d’identité et sont souvent préactivées », a déclaré Benjamin Mouandza, directeur des réseaux et services de communication électronique à l’ARPCE, selon l’Agence congolaise d’information (ACI).
Le régulateur estime que les opérateurs n’ont pas exigé les pièces justificatives lors de l’achat des cartes SIM, autorisant ainsi l’acquisition de cartes non identifiées. Les opérateurs, de leur côté, pointent du doigt la chaîne de distribution. Ils expliquent qu’ils ont des contrats formels avec des distributeurs, qui eux-mêmes s’appuient sur des revendeurs. Ce sont ces revendeurs qui commercialisent des cartes SIM préactivées ou non identifiées.
Les opérateurs se sont engagés à sanctionner tout revendeur ne respectant pas la réglementation en matière d’identification des abonnés. Ils restent eux-mêmes sous la menace de sanctions. En mars dernier, le régulateur les avait avertis que les prochaines sanctions iraient au-delà des simples mises en demeure si le nouvel audit révélait des irrégularités. Les textes en vigueur prévoient d’ailleurs une amende équivalente à 1 % de leur chiffre d’affaires déclaré lors du dernier exercice, un montant pouvant être doublé en cas de récidive.
L’absence de contrôle rigoureux des identités expose les réseaux à des risques accrus de fraude et de criminalité. Dans un rapport publié en juin dernier, Interpol expliquait que les cyberattaques continuent de s’intensifier en Afrique dans un contexte de transformation numérique rapide, marqué par une connectivité accrue et l’adoption généralisée de technologies comme la banque mobile et le commerce en ligne. L’organisation estime qu’entre 2019 et 2025, les incidents de cybersécurité sur le continent ont entraîné des pertes financières de plus de 3 milliards de dollars.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 22 octobre 2025)