Comment le Togo est devenu en 4 ans une place forte de la cybersécurité en Afrique
dimanche 23 mars 2025
Depuis quelques années, le Togo accélère sa transformation numérique, notamment via des projets de modernisation de l’administration et des services publics. Le pays s’est aussi et surtout renforcé sur le segment de la cybersécurité.
Entre 2020 et 2024, le Togo a réalisé des avancées notables en matière de cybersécurité, se positionnant parmi les leaders sur ce segment en Afrique de l’Ouest. Selon l’édition 2024 du Global Cybersecurity Index (GCI) de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le pays a atteint un score de 88,8 points sur 100, se classant dans le « Tier 2 – Advancing », la 2e catégorie de performance la plus élevée au monde.
Cette progression est remarquable comparée à la précédente notation où le Togo avait obtenu 33,19. Avec ce score, le pays se place en effet sur le podium ouest-africain, devancé seulement par le Bénin (91,54) et le Ghana (99,27). Sur le plan continental, il fait partie du Top 10, devant des pays comme le Sénégal et le Nigeria.
Pour l’UIT, les pays du Tier 2 – Advancing sont « ceux faisant preuve d’un engagement fort en matière de cybersécurité dans le cadre d’actions coordonnées et menées par les pouvoirs publics, qui englobent l’évaluation, l’établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées dans un maximum de 4 piliers ou d’un nombre substantiel d’indicateurs ».
Cette révolution a été amorcée au Togo dès 2018 avec l’adoption de la loi n°2018-026 sur la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité, établissant les bases juridiques pour la protection du cyberespace togolais. Avec la crise de la Covid-19, le pays a accéléré sa transformation numérique, et dès 2020 il s’est donné les moyens d’une stratégie nationale de transformation numérique, baptisée « Togo Digital 2025 ».
Les objectifs du document de stratégie sont entre autres d’instaurer un cadre juridique favorable au développement du numérique, notamment les lois sur les communications et transactions électroniques, la société de l’information, la cybersécurité et la protection des données.
Depuis son lancement officiel, diverses entités ont donc été mises en place comme l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (ARCEP), l’Agence nationale de la cybersécurité (ANCy), le Centre national de réponse aux incidents de cybersécurité (CERT.tg) ou encore l’Instance de protection des données à caractère personnel (IPDCP). En mai 2024, Lomé s’est également doté d’une stratégie nationale de cybersécurité 2024-2028 pour renforcer son engagement sur ce segment.
Malgré ces avancées, le pays fait encore face à des défis dont un besoin de compétences locales en cybersécurité. Une problématique problème d’ordre continental. Selon le rapport « 2024 Cybersecurity Workforce Report : Bridging the Workforce Shortage and Skills Gap » du Boston Consulting Group, rédigé en collaboration avec le Global Cybersecurity Forum, l’Afrique ne compte que 297 667 experts en cybersécurité, bien en deçà de ses besoins. Près de 68 800 postes restent vacants, faute de main-d’œuvre qualifiée.
Face à ces défis, les autorités togolaises ont signé en 2019 une joint-venture avec le polonais Asseco Data Systems S.A pour créer Cyber Defense Africa (CDA). L’objectif est entre autres d’assurer la formation de professionnels en cybersécurité, la recherche et le développement de solutions adaptées aux défis spécifiques du continent, ainsi que l’établissement de partenariats pour coordonner les efforts de défense numérique à travers l’Afrique.
Adoni Conrad Quenum
(Source : Agence Ecofin, 22 mars 2025)