Cité dans le marché de 2,4 milliards, Me Moussa Bocar Thiam plaide l’innocence et dénonce « un acharnement politique »
mercredi 1er octobre 2025
Me Moussa Bocar Thiam est dans le viseur du Pôle judiciaire financier (PJF). Cité dans le marché de 2,4 milliards de F Cfa des travaux d’aménagement du Parc des technologies numériques de Diamniadio (PTN) devenu entre-temps « Senegal Connect Park », l’avocat qui séjourne actuellement à l’étranger a plaidé l’innocence et a dénoncé un acharnement politique. Cette affaire tentaculaire, aux ramifications financières complexes, a déjà coûté cher à l’ex-directeur général Bassirou Abdoul Bâ et à son responsable administratif et financier Ismaila Thimbo, actuellement en prison.
Selon « L’Observateur », le responsable politique de l’Alliance pour la République (Apr) fait l’objet de réquisitions multiples. Les magistrats ont adressé des demandes précises aux notaires et aux institutions bancaires, dans l’objectif de dresser un inventaire exhaustif de ses avoirs, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. L’enquête s’apparente à une fouille patrimoniale en règle, une radioscopie méticuleuse destinée à vérifier si derrière son passé d’ancien ministre ne se cache pas un enrichissement illicite savamment orchestré.
Sollicité par le quotidien d’information, afin de livrer sa version, ou à tout le moins, celle de son conseil, Me Moussa Bocar Thiam, depuis l’étranger, a choisi de prendre la plume lui-même. Dans un texte qu’il signe et qu’il a rédigé à la troisième personne, l’avocat se dresse contre les soupçons et adopte une posture de défi. « Il (Me Bocar Thiam) n’a absolument rien à se reprocher et il n’est ni auteur, ni complice, ni commanditaire, ni bénéficiaire d’un quelconque détournement de denier public. Comme disait l’autre, jusqu’à l’extinction du soleil, aucune preuve de vérification de ressources publiques ne saurait lui être imputable. Donc arrêtez de lancer des réquisitions à la Centif, aux notaires et aux banques pour chercher un enrichissement illicite. D’ailleurs, rien n’a été trouvé », a fustigé l’ex-ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numériqueé », lit-on sur son texte.
Mais loin de s’en tenir à une simple défense, Moussa Bocar Thiam pousse la réplique plus loin, dans un registre quasi ironique. Toujours à la troisième personne, « ceux qui rêvent de le voir comparaître devant la Haute Cour de Justice doivent d’abord asseoir une accusation crédible, sérieuse, apolitique, avec des indices graves et concordants ». Selon lui, « cet acharnement contre sa personne n’a que des soubassements politiques ».
Lors de son audition devant les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, dans le cadre d’une délégation judiciaire délivrée par le Collège des juges d’instruction du Pôle judiciaire financier, Bassirou Abdoul Bâ est apparu comme un homme soucieux de se protéger. Prudent dans ses déclarations, l’ancien directeur général du Parc des technologies numériques de Diamniadio a pris soin de renvoyer la responsabilité des faits présumés de mauvaise gestion vers son ministre de tutelle d’alors.
Selon le journal, Bassirou Abdoul Bâ aurait d’abord opposé un refus catégorique d’utiliser des fonds initialement destinés à un autre projet pour couvrir le marché controversé de 2,4 milliards FCfa, au centre de l’affaire. Un marché dont l’Ageroute, après vérification, aurait pourtant ramené l’évaluation réelle à un (1) milliard de francs Cfa seulement. Un écart qui éclaire d’un jour cru les zones d’ombre du dossier.
Toujours selon les propos attribués à l’ex-DG, ce ne serait qu’après l’insistance répétée de son ministre de tutelle, Me Moussa Bocar Thiam, et surtout après la remise d’une note écrite de décharge, qu’il aurait finalement accepté de signer et de délivrer les chèques au profit de l’entreprise dirigée par Amy Samaké. Cette dernière, elle aussi inquiétée par la justice, n’a échappé au mandat de dépôt qu’en proposant une offre de cautionnement jugée suffisante.
Les enquêteurs disposent désormais de pièces sensibles dont les documents de décharge mentionnés par Bassirou Abdoul Bâ figureraient bel et bien dans le dossier instruit par le parquet financier. Un élément lourd, qui, loin d’innocenter l’ancien ministre des Télécommunications, tend à justifier l’enquête patrimoniale visant ses biens et avoirs.
(Source : Pressafrik, 1er octobre 2025)