Bénin : l’arrivée de Canal Box pourrait rebattre les cartes sur le marché de l’internet
mardi 11 mars 2025
La concurrence n’est pas une chose nouvelle sur le marché béninois de l’internet, mais la potentielle arrivée d’un autre acteur présage d’une concurrence agressive, qui profitera aux consommateurs, mais aussi à la progression des services digitaux dans le pays.
Canal Box, l’offre du groupe Vivendi, connue pour ses prix agressifs sur d’autres marchés africains est annoncée au Bénin. Malgré l’absence de déclaration officielle sur le sujet jusqu’à présent, une source proche du secteur, ayant requis l’anonymat en raison de la sensibilité commerciale, assure toutefois de la véracité de l’information. C’est une nouvelle bataille concurrentielle qui se profile à l’horizon sur le marché de l’internet.
Dans les huit pays africains où Canal Box est déjà distribué, Vivendi propose une offre alliant qualité et prix, lui permettant de rapidement gagner des parts significatives de marché face aux concurrents. Selon des informations disponibles sur les sites internet du produit, les clients peuvent obtenir jusqu’à 200 mégabits par seconde (Mbps) de débit internet en téléchargement, pour une somme oscillant entre 17 000 (environ 28 $) et 54 000 FCFA (environ 89 $) par mois, selon le pays.
Selon la grille des tarifs de l’internet fixe la plus récente (septembre 2024) publiée par le régulateur béninois du secteur des télécommunications (ARCEP), il faut débourser jusqu’à 100 000 FCFA par mois auprès de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN) et 160 000 FCFA chez le fournisseur de service Internet (FSI) Isocel pour le forfait d’une capacité de 150 Mbps. En connexion dédiée, la facture est de 3,3 millions FCFA le mois auprès de la SBIN, et 2,49 millions FCFA chez Isocel. Pour se différencier, Isocel mise d’ailleurs sur son service après-vente performant et une présence historique sur le marché de Cotonou (capitale économique du pays).
Pour les filiales des groupes multinationaux MTN et Moov Africa (Maroc Télécom), les offres d’internet mobile vont jusqu’à 2000 gigabits de capacité pour le segment illimité, mais il faut payer jusqu’à 125 000 FCFA pour 30 jours. Quant à Starlink du milliardaire Elon Musk, l’offre reste confrontée à un coût initial élevé (430 000 FCFA) pour acquérir l’équipement et une incertitude sur la rapidité d’intervention en cas de panne.
L’arrivée de Canal Box viendra accentuer une pression concurrentielle qui se faisait déjà ressentir sur le marché. Au troisième trimestre 2024, MTN Bénin affichait déjà les effets de cette situation avec une baisse du chiffre d’affaires dans son segment « services », incluant l’internet, à environ 58 milliards FCFA (environ 98 millions $) contre près de 67 milliards FCFA durant la même période en 2023. Le dynamisme du marché béninois de l’internet que Canal Box devrait accentuer annonce de belles perspectives dans le pays.
Selon un rapport publié fin janvier 2025 par la GSMA, la mise en application des réformes actuellement en cours sur le développement de l’Internet et la numérisation de l’économie dans des secteurs comme l’Agriculture, l’industrie, le transport, le commerce et l’administration centrale, permettraient au pays d’ajouter jusqu’à 514 milliards FCFA de valeur ajoutée supplémentaires, 202 000 emplois créés, et 157 milliards FCFA de taxes collectées. Si elle se confirme, l’arrivée de l’offre Canal Box de Vivendi Africa, en permettant une démocratisation des prix, poussera les fournisseurs d’accès internet, à explorer au-delà de la simple connexion et à proposer des solutions plus larges et plus dynamiques.
Reste maintenant à voir les modalités précises de l’arrivée de Canal Box au Bénin. Un point clé sera de savoir si Vivendi s’appuiera sur les infrastructures de la SBIN pour sa connectivité ou si l’entreprise française déploiera sa propre infrastructure en utilisant uniquement les installations de support existantes, comme les poteaux et passages de câbles. Ces détails contribueront à une meilleure évaluation de l’impact économique réel du nouvel acteur dans l’économie béninoise.
Idriss Linge
(Source : Agence Ecofin, 11 mars 2025)