Afrique du Sud : Starlink renforce ses efforts pour contourner l’actionnariat local
jeudi 9 octobre 2025
Alors pressentie comme l’un des premiers pays africains où Starlink lancera ses services, l’Afrique du Sud reste toujours en attente. La société est déjà présente dans une vingtaine de pays sur le continent, notamment au Nigeria, au Kenya, au Rwanda et au Bénin.
Starlink poursuit ses efforts pour entrer sur le marché sud-africain sans avoir à céder 30 % de son capital à des personnes historiquement défavorisées, comme l’exige le régulateur des télécommunications. Comptant sur les programmes d’équivalence d’investissement proposés par le ministère des Communications, la société a récemment annoncé son intention de créer une entreprise conforme au dispositif Broad-Based Black Economic Empowerment (B-BBEE), en complément des engagements déjà pris localement.
L’initiative a été révélée par Ryan Goodnight, directeur principal de l’accès au marché de Starlink, le mardi 7 octobre, lors de l’assemblée générale annuelle de l’Association des fournisseurs d’accès à Internet d’Afrique du Sud (ISPA), selon la presse locale. Il a ajouté que l’entité sera créée une fois que le régulateur aura modifié le cadre d’attribution des licences télécoms.
« Nous créons notre propre entité dans le pays et nous cherchons à obtenir nos propres licences pour devenir un fournisseur d’accès Internet local. Cela signifie que nous payons les impôts locaux, que nous nous acquittons des mêmes frais réglementaires que tous les autres fournisseurs d’accès Internet… et que nous sommes également soumis à toutes les lois locales », a-t-il déclaré selon ITWeb.
Les autres initiatives incluent un engagement de 500 millions de rands (29,15 millions de dollars) déjà destiné à fournir gratuitement un accès Internet haut débit à 5 000 écoles, soit environ 2,4 millions d’élèves. L’entreprise prévoit également près de 2 milliards de rands d’investissements pour construire des infrastructures locales, collaborer avec des fournisseurs d’accès Internet sud-africains pour installer et entretenir les équipements scolaires, et adopter un modèle d’accès ouvert.
Selon M. Goodnight, « Starlink s’intéresse à la fourniture d’un Internet haut débit à l’Afrique du Sud depuis le déploiement de sa constellation et le lancement de ses services ». La nation arc-en-ciel, pays d’origine d’Elon Musk, propriétaire de Starlink, comptait environ 64 millions d’habitants en 2024. D’après les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le taux de pénétration d’Internet dans le pays atteignait 75,7 % en 2023. Par ailleurs, l’adoption de l’Internet fixe progresse rapidement, passant d’environ 1,5 million d’abonnés en 2020 à 2,7 millions en 2024, selon l’ICASA. Une demande que Starlink pourrait capter, en misant notamment sur l’ubiquité de son réseau, un atout face aux fournisseurs d’accès par fibre optique actuellement en vogue dans le pays.
Il convient toutefois de rappeler que l’entrée de Starlink dans le pays dépendra de l’approbation du projet de directive sur les programmes d’équivalence d’investissement proposé en mai. Ce projet est d’autant plus sensible qu’il a été critiqué par certains acteurs du secteur et par des membres de la classe politique, qui le considèrent comme un contournement des règles en vigueur. L’ISPA avait quant à elle insisté pour que Starlink soit soumis aux mêmes exigences que ses membres. Malgré ces réserves, la proposition a obtenu le soutien du président Cyril Ramaphosa. De plus, des experts du secteur ont déclaré que même si elle était validée, sa mise en œuvre pourrait prendre jusqu’à deux ans.
À titre de rappel, Starlink est déjà présent dans 150 pays à travers le monde, dont une vingtaine en Afrique depuis son entrée sur le marché en janvier 2023. Elle est notamment active au Nigeria, au Rwanda et au Kenya. L’Afrique du Sud demeure cependant la grande absente sur la carte de l’entreprise en Afrique, en particulier dans la région australe, où Starlink est déjà implantée au Lesotho, en eSwatini, au Mozambique, à Madagascar, au Botswana, au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe. L’entreprise prévoit de lancer ses services en Namibie et en Angola cette année. Pour la nation arc-en-ciel, « la date de lancement du service est inconnue à ce jour ».
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 9 octobre 2025)