OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2014 > Septembre > L’emploi des jeunes au Sénégal : la solution via les TIC et les PPP

L’emploi des jeunes au Sénégal : la solution via les TIC et les PPP

vendredi 5 septembre 2014

Point de vue

Au Sénégal, 60 % de la population a moins de 20 ans et les jeunes en âge de travailler représentent plus de la moitié de la population active. Dans les prochaines années, l’Afrique en général, sera la zone géographique ayant la main d’œuvre la plus nombreuse devant la Chine et l’Inde. Un des grands défis à résoudre aujourd’hui au Sénégal est l’emploi de sa jeunesse, dans un pays où près d’un jeune sur quatre est au chômage. L’agence nationale de la statistique et de la démographie sénégalaise estime que, chaque année, près de 100 000 nouveaux demandeurs d’emplois entre 15 et 34 ans arrivent sur le marché du travail. Le taux de chômage global, estimé à 49 % selon l’Agence pour le niveau national, grimpe à 61 % pour les jeunes. Ces chiffres alarmants s’expliquent selon l’économiste Sidy Diop, vice-président de Microeconomix, à la fois par une sous exploitation du potentiel de certains secteurs (comme les TIC, développés ci-après) et par le fait que la main d’œuvre est peu qualifiée ou peu adaptée aux besoins du marché local. Selon ce spécialiste du financement de projets dans les pays en voie de développement, une initiative innovante récente dans le domaine de l’informatique sous forme de partenariat entre l’Ecole Polytechnique de Thiès au Sénégal et une entreprise privée locale est très encourageante pour faire face à ces défis.

Agence Ecofin : Que représentent les TIC pour les pays africains et pour le Sénégal, notamment en termes d’emplois ?

Sidy Diop : Pour la majorité des pays africains, les TIC représentent une place importance dans la richesse nationale. L’industrie des TIC représente en moyenne 5 % du PIB selon la banque mondiale en 2011 et près de 14 % par exemple pour l’Afrique du Sud.Le secteur des TIC est en outre un véritable gisement d’emplois. Au Rwanda, au Kenya, en Uganda et en Tanzanie, le nombre d’emplois [1] dans les télécoms était en 2006 respectivement de : 25 429 ; 90 538 ; 125 565 et 159 488.

S’agissant du Sénégal, il dispose a priori d’atouts non négligeables dans les TIC. On peut citer notamment les réseaux à haut débit performants, un secteur libéralisé avec des entreprises compétitives ou encore une régulation effective. Le Sénégal est ainsi classé 15ème parmi les pays africains dans le classement Network Readiness Index 2013, qui mesure la propension d’un pays à exploiter les opportunités offertes par les technologies de l’information, et les TIC représentent 10,4 % de son PIB (chiffres 2010 de la Banque mondiale) [2].

Toutefois, à l’heure actuelle, le Sénégal n’exploite pas suffisamment ses atouts pour faire face aux défis du marché de l’emploi. En 2006, le nombre d’emplois dans le secteur des télécoms sénégalais s’élevait à seulement 15 000, soit 0,39 % de la population active occupée (ce qui représente à peu près la moitié du pourcentage observé en Ouganda par exemple).

AE : Pourquoi ce paradoxe ?

Sidy Diop : Les racines du mal sont assez profondes. Tous secteurs confondus le taux de chômage des jeunes Sénégalais est élevé pour de multiples raisons : tissu industriel peu dense, population active majoritairement rurale et agricole, PME peu structurées, etc.

S’agissant spécifiquement des TIC, où contrairement aux secteurs fortement intensifs en capital, de nombreuses possibilités entrepreneuriales existent et sont à la portée des initiatives locales, une cause semble jouer un rôle particulièrement important : la combinaison d’une main-d’œuvre formée de manière inadéquate et un secteur privé moderne faible.

AE : Qu’entendez-vous par inadéquation de la main d’œuvre ?

Sidy Diop : Les programmes de formation dispensés aujourd’hui dans le système sénégalais ne prennent pas encore suffisamment en compte les besoins et problématiques du marché local.

Cela est en partie lié au fait que la formation théorique (notamment universitaire) est souvent calquée sur le modèle français, modèle qui bien entendu est aligné sur les besoins de la société françaises, un pays riche peut par exemple se permettre une plus grande proportion de diplômés ne participant pas directement à la création de richesse matérielle (langues, histoire, philosophie, etc.). Ainsi, le directeur général de McKinsey & Company expliquait récemment que le taux de chômage élevé des jeunes africains résulte du fait que « dans la plupart des pays du continent, l’accent est mis sur la formation théorique, ce qui a abouti à une forte inadéquation entre les compétences des diplômés et les besoins réels du marché de l’emploi ». Dans le secteur des TIC, cette situation ne favorise pas l’insertion des jeunes dans le milieu professionnel.

AE : Et quel rôle devrait jouer le secteur privé dans cette la lutte contre le chômage ?

Sidy Diop : Je commencerai par citer le Bureau International du Travail (BIT) qui considère que « le secteur privé ne fait guère preuve du dynamisme nécessaire, pour pouvoir résorber la vaste main-d’œuvre qui arrive chaque année sur le marché du travail ». Ce constat du BIT montre qu’en Afrique le problème se situe aussi au niveau de l’offre d’emplois. A l’exception du secteur des télécoms où des efforts significatifs ont été faits pour développer les compétences au niveau local, les créations nettes d’emplois ont été relativement faibles dans le reste des TIC.

Ainsi, les autres sous-secteurs des TIC, notamment celui des services informatiques n’occupent pas encore une place importante dans le tissu économique sénégalais ou africain. Selon un rapport publié par l’ARTP, la contribution des TIC au PIB (estimée à 10 %) est portée essentiellement par les sous-secteurs de la distribution d’équipements et des télécoms.

Au Sénégal, l’environnement économique et réglementaire en vigueur n’est pas encore favorable à l’essor d’une véritable industrie informatique. Du coté des insuffisances, on note l’absence de convention collective adaptée, l’absence d’automatisation des procédures de passation de marchés publics et un système fiscal peu incitatif. Les entreprises informatiques ont ainsi encore du mal à jouer un rôle significatif dans la question de l’emploi national.

L’essor de l’industrie informatique (hors hardware) est aussi fragilisé par le comportement des acheteurs qui, comme dans les années 80 en Europe, considèrent l’informatique comme un facteur de coût et peu comme un levier de performance et de compétitivité. Par exemple au niveau des marchés publics sur un total de 3,9 milliards octroyés en 2009 dans le secteur des TIC, seuls 4 % ont été consacrés à des prestations intellectuelles.

Enfin l’émergence d’une industrie informatique est entravée par la structure de coûts élevés au niveau des entreprises locales, lié notamment au :

– cout élevé des équipements (importés et taxés)
– au coût et au problème d’accès à l’internet à haut débit
– au problème de fourniture d’électricité qui oblige les entreprises à s’équiper en groupes électrogènes et onduleurs.

AE : Quel rôle peuvent jouer les partenariats public privé dans l’emploi des jeunes dans le secteur des TIC ?

Sidy Diop : A l’heure actuelle, les Partenariats Public Privé (PPP) sont très à la mode en Afrique. Ces dispositifs sont principalement utilisés dans le domaine des infrastructures où de nombreux exemples de projets existent comme celui de l’autoroute à péage au Sénégal.

Dans les autres secteurs, les initiatives sont beaucoup plus timides alors qu’elles peuvent déboucher sur de véritables réussites en termes de formation et d’emploi, comme l’illustre l’exemple du partenariat entre l’Ecole Polytechnique de Thiès au Sénégal et la société Idyal Consulting. Ce partenariat très innovant s’appuie aussi sur l’Etat du Sénégal (à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) mérite d’être étudié de près, encouragé et répliqué dans d’autres pays.

La société Idyal Consulting, spécialisée dans l’ingénierie, l’audit, le conseil et la formation dans les métiers de l’IT, s’est très vite confrontée à un manque de main d’œuvre de qualité capable de répondre aux exigences du groupe pour développer ses activités au Sénégal. Ainsi en décembre 2012, sur une centaine d’entretiens passés sur le marché local, le groupe a décidé de n’embaucher aucun candidat.

C’est suite à cet échec que l’entreprise s’est investie dans un programme de formation et de promotion de l’emploi des jeunes à travers un partenariat avec l’Ecole Polytechnique de Thiès (EPT).

Concrètement, un protocole d’accord couvrant une période de cinq ans et s’appliquant à trois promotions de 15 étudiants de l’EPT permet à des étudiants admis au concours de génie informatique et télécommunication de bénéficier d’une formation adaptée aux besoins du marché.

Les étudiants passent la moitié du temps de leur formation en stage dans l’entreprise. Ils sont formés aux méthodes et outils de la société et celle-ci leur fait passer des certifications dans les technologies de pointe (Microsoft, Oracle, Cisco, SAP, Linux, etc.) ainsi que dans les méthodes de gestion de projet. Les étudiants sont rémunérés tout au long de leur cursus. Ils sont tous recrutés en contrat à durée indéterminée par l’entreprise à la fin de leurs études. Une clause les oblige à travailler au sein du groupe pour une durée d’au moins 5 ans suivant leur embauche. Ce modèle innovant a très vite été encouragé par les autorités publiques sénégalaises, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a dans ce sens présidé la cérémonie de signature de la convention entre l’EPT et le Groupe Ydial.

AE : Que représente cet investissement pour l’entreprise ?

Sidy Diop : Bien entendu pour l’entreprise, cela représente un coût non négligeable. Il est estimé par les dirigeants à environ 1 million d’euros, dont 2/3 pour la rémunération des étudiants, la mise en place de l’infrastructure technique, la rémunération du personnel encadrant, et 1/3 pour la préparation aux certifications techniques des étudiants. Une telle initiative a toutefois permis à l’entreprise d’être parmi les plus compétitive au niveau du secteur au Sénégal comme l’atteste la croissance très forte de son chiffre d’affaires.

AE : Quelles leçons pourrait-on tirer de cette expérience ?

Sidy Diop : Aujourd’hui au Sénégal, de grands groupes internationaux de l’informatique ont exprimé un vif intérêt pour ce modèle et sont récemment entrés en discussion avec l’Ecole Polytechnique de Thiès. Dans le domaine de l’éducation, les partenariats entre le privé et le public encore peu exploités sont très prometteurs pour le Sénégal et pour l’Afrique en générale. Ils permettent de pallier le caractère théorique et général de l’enseignement secondaire. La formation professionnelle étant souvent très coûteuse, elle doit savoir intégrer des acteurs privés, qui acceptent de prendre des risques et qui disposent de capacités techniques et financières significatives. Afin d’accompagner ces initiatives il serait aussi utile que l’Etat, dans les secteurs concernés, mette en place une politique incitative au niveau fiscal, par exemple au niveau des investissements).

Sidy Diop, vice-président de Microeconomix

(Source : Agence Ecofin, 5 septembre 2014)


[1] Source : Taxation and the growth of mobile in East Africa, GSM Association

[2] Source : World Databank

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2055/2244 Régulation des télécoms
  • 173/2244 Télécentres/Cybercentres
  • 1558/2244 Economie numérique
  • 811/2244 Politique nationale
  • 2244/2244 Fintech
  • 253/2244 Noms de domaine
  • 815/2244 Produits et services
  • 700/2244 Faits divers/Contentieux
  • 366/2244 Nouveau site web
  • 2158/2244 Infrastructures
  • 815/2244 TIC pour l’éducation
  • 90/2244 Recherche
  • 121/2244 Projet
  • 1399/2244 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 873/2244 Sonatel/Orange
  • 802/2244 Licences de télécommunications
  • 133/2244 Sudatel/Expresso
  • 462/2244 Régulation des médias
  • 600/2244 Applications
  • 494/2244 Mouvements sociaux
  • 762/2244 Données personnelles
  • 60/2244 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2244 Mouvement consumériste
  • 179/2244 Médias
  • 321/2244 Appels internationaux entrants
  • 693/2244 Formation
  • 45/2244 Logiciel libre
  • 840/2244 Politiques africaines
  • 408/2244 Fiscalité
  • 83/2244 Art et culture
  • 284/2244 Genre
  • 788/2244 Point de vue
  • 479/2244 Commerce électronique
  • 699/2244 Manifestation
  • 157/2244 Presse en ligne
  • 62/2244 Piratage
  • 102/2244 Téléservices
  • 435/2244 Biométrie/Identité numérique
  • 151/2244 Environnement/Santé
  • 156/2244 Législation/Réglementation
  • 167/2244 Gouvernance
  • 837/2244 Portrait/Entretien
  • 72/2244 Radio
  • 345/2244 TIC pour la santé
  • 133/2244 Propriété intellectuelle
  • 29/2244 Langues/Localisation
  • 502/2244 Médias/Réseaux sociaux
  • 921/2244 Téléphonie
  • 95/2244 Désengagement de l’Etat
  • 490/2244 Internet
  • 57/2244 Collectivités locales
  • 188/2244 Dédouanement électronique
  • 498/2244 Usages et comportements
  • 512/2244 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2244 Audiovisuel
  • 1354/2244 Transformation digitale
  • 191/2244 Affaire Global Voice
  • 75/2244 Géomatique/Géolocalisation
  • 146/2244 Service universel
  • 331/2244 Sentel/Tigo
  • 87/2244 Vie politique
  • 726/2244 Distinction/Nomination
  • 17/2244 Handicapés
  • 336/2244 Enseignement à distance
  • 319/2244 Contenus numériques
  • 292/2244 Gestion de l’ARTP
  • 89/2244 Radios communautaires
  • 807/2244 Qualité de service
  • 212/2244 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2244 SMSI
  • 225/2244 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1276/2244 Innovation/Entreprenariat
  • 654/2244 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2244 Internet des objets
  • 85/2244 Free Sénégal
  • 164/2244 Intelligence artificielle
  • 97/2244 Editorial
  • 9/2244 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous