Une fois n’est pas coutume, nous avons décidé de rendre hommage à une personne qui a marqué le développement d’Internet au Sénégal depuis plus d’une quinzaine d’années à savoir Ndèye Maïmouna Diop Diagne qui était il y a encore peu de temps encore Directrice des Technologies de l’information et de la communication (DTIC). Dans ce milieu où les femmes ne sont pas légion et où les hommes ne leur font guère de politesses, elle a en effet réussi à s’imposer dans ce milieu et à y forcer le respect. Actuellement inscrite pour l’obtention d’un doctorat en mathématiques et informatique, elle a d’abord travaillé comme directrice technique de la Société franco-africaine de l’Internet (SOFRALI) de 1995 à 1998 après être sortie major de sa promotion d’ingénieur en informatique de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Après cette première expérience professionnelle, elle intègre la Sonatel où elle exerce les fonctions d’ingénieur « Support données » de 1995 à 2000. Elle participe alors à l’installation du backbone national IP de la Sonatel en 1996 puis à son administration, à une époque où bien peu de Sénégalais disposaient d’une connexion à Internet ! Passionnée par le virtuel, elle ne fait pas pour autant partie de ces « geeks » pour lesquels le monde se limite à l’écran de leur ordinateur et dans le cadre d’un engagement citoyen, elle fait partie des membres fondateurs du chapitre sénégalais d’Internet society (ISOC-Sénégal) mais aussi d’OSIRIS. Elue vice-présidente d’ISOC-Sénégal, ses compétences, son expérience et son engagement à mettre les TIC à la portée de tous lui vaudront d’être nommée conseiller technique au ministère en charge des TIC de 2000 à 2002, puis à la disparition de ce ministère, d’être désignée comme coordonnatrice de la télémédecine au ministère de la Santé et de la Prévention de 2002 à 2004 avant de devenir DTIC en 2004. Dans le cadre de ces fonctions, elle sera en charge d’importants dossiers tels la mise en œuvre du protocole portant cadre politique et réglementaire de haut niveau relatif à l’Infrastructure TIC à haut débit du NEPAD ou encore la transition d’IPv4 vers IPv6 pour laquelle elle sera à l’origine aussi du Forum IPv6 Sénégal et de la Task Force IPv6 Sénégal. Elle représentera le gouvernement du Sénégal au sein de différents groupes d’experts qu’il s’agisse de la Digital Opportunity Task Force (DOT Force), de la Task Force des Nations unies pour les TIC ou encore du groupe de travail sur la gouvernance de l’Internet du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Membre du Multistakeholders Advisory Group (MAG) du Forum sur la gouvernance de l’Internet, Vice-présidente du Governmental Advisory Committee (GAC) de l’ICANN, elle a été élu membre du Conseil d’administration d’AfriNIC (2011-2014) et en est la Présidente pour la période 2011-2012. Après avoir été le point focal du Forum ouest africain pour la gouvernance de l’Internet, elle avait présidé tout récemment le Comité d’organisation du Forum national sur la gouvernance de l’internet. Après s’être occupée de projets de lutte contre la fracture numérique au Sénégal et en Afrique, notamment le passage à grande échelle des Centres multimédia communautaires (CMC), le réseau panafricain de service en ligne avec l’Union africaine et l’Inde ou encore la rédaction du document national de stratégie de développement des TIC, elle travaillait ces derniers temps à l’élaboration des termes de références d’une stratégie nationale de développement de l’économie numérique. Tout au long de ces années, elle a apporté une contribution des plus significatives au développement de la Société de l’information au Sénégal, en Afrique et dans le monde et à ce titre, elle mérite notre reconnaissance à tous pour s’être comportée en digne amazone des TIC pour que triomphe le slogan « Internet pour tous, Internet par tous ». Après ces années bien remplies au service de l’Etat, nous ne pouvons que lui souhaiter un brillant avenir, sachant que ses qualités, reconnues au Sénégal comme à l’extérieur de nos frontières, ne lui permettront sans doute pas de rester inactive très longtemps. Chapeau bas Ndèye Maïmouna !
Olivier Sagna
Secrétaire général