Zimbabwe : une taxe de 15 % sur les services numériques étrangers dès 2026
lundi 1er décembre 2025
La demande et l’usage des services numériques continuent d’augmenter en Afrique depuis la Covid-19. Comme la plupart des fournisseurs de ces services sont installés à l’étranger, les États cherchent de plus en plus à taxer ces activités pour récupérer une partie des revenus générés dans leurs pays.
Le gouvernement zimbabwéen a introduit une taxe de 15 % sur les services numériques applicable à tous les paiements effectués vers des plateformes en ligne étrangères à partir du 1er janvier 2026. La mesure a été dévoilée la semaine dernière par le ministre des Finances, Mthuli Ncube, lors de la présentation du budget national 2026, selon la presse locale.
Cette taxe concerne des services tels que Netflix, Spotify, Amazon Prime, les applications de transport, les abonnements à des contenus numériques ou encore l’accès à l’Internet par satellite, notamment via Starlink. Dans le nouveau dispositif, les banques et les opérateurs de paiement mobile devront prélever la taxe de 15 % au moment de la transaction, avant que le paiement ne soit transféré à l’étranger.
« La numérisation des économies a accru la consommation de services en ligne, dont la majorité est fournie par des entreprises étrangères qui n’ont aucune présence physique au Zimbabwe. Ces transactions échappent à notre système fiscal, entraînant des pertes de recettes et une concurrence déloyale pour les entreprises nationales », a indiqué M. Ncube, cité par The Zimbabwean. Il a ajouté que les plateformes numériques étrangères bénéficient d’un avantage concurrentiel déloyal par rapport aux prestataires locaux, qui sont pleinement imposés dans le pays.
Le ministre a précisé que des mesures similaires sont désormais courantes dans de nombreux pays adaptant leurs systèmes fiscaux à l’économie numérique, citant notamment le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie ou encore la Sierra Leone.
Cette décision intervient dans un contexte d’adoption croissante des services télécoms comme l’Internet qui augmente la demande pour les services numériques. Par exemple, le nombre d’abonnements à Internet au Zimbabwe est passé de 5,6 millions au deuxième semestre 2015 à environ 12,5 millions à la même période en 2025.
Le gouvernement s’attend à ce que la nouvelle taxe augmente les recettes publiques. Toutefois, la presse locale fait état d’un vif mécontentement parmi la population. Certains internautes ont exprimé leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux, soulignant que des plateformes comme Starlink ou InDrive facturent déjà la TVA, ce qui pourrait entraîner une forme de double imposition. D’autres estiment que la mesure incitera les usagers à recourir à des cartes bancaires étrangères pour contourner la taxe.
Par ailleurs, l’initiative soulève plusieurs interrogations, notamment une possible augmentation des tarifs appliqués au Zimbabwe par les fournisseurs de services numériques basés à l’étranger en réaction à la nouvelle taxe. Une telle manœuvre peut affecter directement l’adoption et l’usage de ces services par les Zimbabwéens, et, par ricochet, les revenus que l’État entend tirer de cette mesure.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 1er décembre 2025)
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