Wave, grand perdant du projet interopérabilité de la BCEAO ou victime de son propre succès ?
lundi 4 août 2025
Depuis son arrivée, Wave Mobile Money a redéfini le paysage du mobile money en Afrique de l’Ouest. Tarifs à 1%, UX ultra simple, QR codes, … Résultat : une adoption massive, des parts de marché captées à la vitesse de l’éclair, et un modèle basé sur la maîtrise de bout en bout de l’expérience utilisateur.
Mais aujourd’hui, 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝗴𝗹𝗲 𝗱𝘂 𝗷𝗲𝘂 𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲. Et ce n’est pas le marché qui l’impose. C’est le régulateur, à partir du 30 Septembre.
𝗟’𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗼𝗽𝗲𝗿𝗮𝗯𝗶𝗹𝗶𝘁é 𝗶𝗺𝗽𝗼𝘀é𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗮 𝗕𝗖𝗘𝗔𝗢 𝗿𝗲𝗱𝗶𝘀𝘁𝗿𝗶𝗯𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗮𝗿𝘁𝗲𝘀. Ce projet vise à connecter tous les acteurs de l’écosystème monétique : banques, fintechs, opérateurs de mobile money… Un transfert de Wave Sénégal vers Moov Money Bénin, ou de Orange Money Sénégal vers Mixx By Yas Togo, est dorénavant possible, de manière fluide, conforme et surtout instantanée.
Sur le papier ? Une avancée majeure pour l’inclusion financière. Dans les faits ? Une menace pour Wave Mobile Money.
𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 ?
𝟭. 𝗙𝗶𝗻 𝗱𝘂 𝗺𝗼𝗱è𝗹𝗲 𝗳𝗲𝗿𝗺é = 𝗳𝗶𝗻 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝘃𝗮𝗻𝘁𝗮𝗴𝗲 𝗿é𝘀𝗲𝗮𝘂
Wave a bâti sa force sur un réseau propriétaire, une interface fermée qui assurait contrôle et efficacité.
Avec l’interopérabilité imposée, ce mur tombe. Le client pourra aller et venir entre plateformes, à zéro FCFA le transfert d’un compte à un autre.
𝟮. 𝗨𝗻 𝗲𝗳𝗳𝗲𝘁 𝗱’𝗮𝘂𝗯𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲𝘁𝗮𝗿𝗱𝗮𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀
Qui a éduqué le marché ? Wave. Qui a montré que l’on pouvait faire du mobile money autrement ? Wave. Et qui va aujourd’hui permettre à tout l’écosystème d’en profiter sans avoir pris les risques initiaux ? Encore Wave.
C’est le syndrome du pionnier qui défriche pendant que d’autres cueillent. « Golo di baye, baboune di doundé »
𝟯. 𝗨𝗻𝗲 𝗱𝗶𝗳𝗳𝗲𝗿𝗲𝗻𝗰𝗶𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝘁𝗲𝗰𝗵𝗻𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗻𝘀𝗳𝗼𝗿𝗺é𝗲 𝗲𝗻 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗼𝗱𝗶𝘁é
L’interopérabilité rend certaines fonctions “sexy” totalement banales. Envoyer de l’argent d’un portefeuille à un autre ? Plus une innovation. Juste une norme.
𝟰. 𝗟𝗲 𝗱𝗼𝘂𝗯𝗹𝗲 𝗲𝗳𝗳𝗼𝗿𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗶𝗻𝗻𝗼𝘃𝗮𝘁𝗲𝘂𝗿𝘀
Comble de l’ironie : ce sont souvent les acteurs les plus agiles et les plus avancés qui doivent s’adapter en premier aux nouvelles normes. Ils investissent dans l’intégration réglementaire, pendant que les suiveurs bénéficient d’un terrain assaini… et d’un marché éduqué à moindre coût.
𝗗𝗼𝗻𝗰... 𝗪𝗮𝘃𝗲, 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱 𝗽𝗲𝗿𝗱𝗮𝗻𝘁 ?
Vous imaginez bien qu’un plan de contingence a été défini depuis longtemps. Mais clairement le terrain devient moins favorable.
Ceux qui avaient construit une forteresse voient les murs s’ouvrir à tous. Ceux qui ont joué individuel avant l’heure pourraient se retrouver nivelés par une régulation qui redistribue sans toujours reconnaître.
Mika Diol
(Source : LinkrdIn, 4 août 2025)