UMOA : les établissements de monnaie électronique en croissance mais toujours déficitaires en 2024
mercredi 27 août 2025
Entre 2022 et 2024, le chiffre d’affaires des établissements de monnaie électronique de l’UMOA est passé de 172,9 à 291,3 milliards FCFA, porté par l’essor des transactions en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Mali. Malgré cette progression, le secteur enregistre une 3e année de pertes consécutives, avec un déficit net de 17,3 milliards FCFA en 2024 et un taux élevé de comptes inactifs.
Les établissements de monnaie électronique (EME) de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) connaissent une progression soutenue de leurs activités, marquée par la forte augmentation de leurs revenus au cours des 3 dernières années. Selon le rapport annuel 2024 de la Commission bancaire de l’UMOA, leur chiffre d’affaires a affiché une hausse continue en 3 ans.
En 2022, il s’élevait à 172,9 milliards FCFA. Cette progression s’est poursuivie, atteignant 248,839 milliards FCFA en 2023 et 291,279 milliards FCFA en 2024. Cette croissance est principalement due à l’augmentation du nombre de transactions, notamment en Côte d’Ivoire (36,2% du marché), au Bénin (21,7%) et au Mali (22,6%). Cette dynamique montre que les EME traitent de plus en plus d’opérations et génèrent davantage de revenus de leurs activités.

Résultat net : un déficit persistant, mais en amélioration
Malgré cette croissance, ces EME peinent encore à atteindre la rentabilité. Elles demeurent déficitaires pour la troisième année consécutive. En 2024, leur résultat net provisoire affiche une perte de 17,3 milliards FCFA, en amélioration par rapport aux 21,1 milliards de pertes en 2023 et aux 32,8 milliards de pertes en 2022. Le déficit est principalement concentré sur quatre établissements qui détiennent 34,7 % des encours de monnaie électronique.
Au 31 décembre 2024, l’UMOA comptait 14 EME agréés contre 17 un an plus tôt. Cette baisse résulte du retrait en 2024 des agréments de trois établissements basés en Côte d’Ivoire. Il s’agit de la Compagnie financière de paiements (CFP), la Small World Financial Services Africa (SWFSA) et Africa Digital Finance (ADF). La répartition géographique des EME reste inégale : la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin en comptent chacun trois, le Mali deux, et le Burkina Faso, le Niger et la Guinée-Bissau un chacun.
Parallèlement, l’encours global de monnaie électronique émise par les EME de l’UMOA a progressé de 25,6 %, atteignant 1411,7 milliards FCFA en 2024 contre 1124,1 milliards en 2023. Les EME de la Côte d’Ivoire (28,7 %), du Sénégal (26,6 %) et du Burkina Faso (22,3 %), du Mali (11,6%) et du Bénin (10,6%) concentrent la majorité de ces encours.
Cependant, le rapport souligne un défi majeur : sur près de 173 millions de comptes ouverts à fin 2024, 53,6 millions sont considérés comme actifs, soit 31%, en recul par rapport à 2023. Les comptes inactifs atteignent désormais 119,4 millions, traduisant une utilisation encore limitée des services par une grande partie des utilisateurs.

Chamberline Moko
(Source : Agence Ecofin, 27 août 2025)