Traque numérique : Voici comment Kocc Barma est tombé après 7 ans de terreur
vendredi 25 juillet 2025
Pendant près de sept ans, le Sénégal a vécu sous la menace d’un cyberprédateur insaisissable, connu sous le pseudonyme de Kocc Barma. Derrière ce nom devenu tristement célèbre se cachait un homme qui a brisé des centaines de vies à travers la diffusion de contenus intimes, le chantage, la diffamation, et des campagnes de cyberharcèlement ciblé. Son arrestation récente marque une victoire majeure contre la cybercriminalité, tout en révélant les carences d’un système longtemps passif face à ce fléau.
Depuis 2018, Kocc Barma a exploité les zones d’ombre du web pour mener ses attaques : vidéos volées, conversations privées exposées, identités dévoilées. La plupart de ses victimes étaient des femmes, ciblées pour être humiliées publiquement, parfois à des fins de vengeance ou d’extorsion.
Malgré les alertes lancées par des internautes et des associations, les institutions sont restées silencieuses pendant plusieurs années, laissant les victimes seules face à l’opprobre et à la honte. Pour beaucoup, cette inaction a renforcé le sentiment d’impunité autour du cybercriminel.
Pour échapper aux radars, Kocc Barma a mis en place un véritable arsenal technologique : VPN, navigateurs sécurisés comme Tor, serveurs proxy, effacement systématique de ses traces numériques, voire recours à des services spécialisés dans la suppression de données personnelles. Il avait fait du dark web et de l’anonymat ses alliés.
Mais comme le rappelle Gérald Dacosta, expert en cybersécurité : « On peut se rendre presque invisible sur Internet, mais jamais totalement. »
C’est cette minuscule faille numérique que la Division sénégalaise de la cybersécurité a su exploiter. Grâce à une enquête rigoureuse, les enquêteurs ont mobilisé deux outils majeurs comme :
– L’OSINT (Open Source Intelligence) : collecte d’informations en sources ouvertes, comme les pseudonymes, images, données géolocalisées ou habitudes de publication.
– La Forensic numérique : récupération de données, même supprimées, à partir de téléphones, disques durs, ou métadonnées.
Les recoupements d’indices, les analyses croisées, et la traçabilité technique ont permis, après des années d’investigations, d’identifier puis de localiser Kocc.
Son interpellation marque un tournant dans la lutte contre les violences numériques au Sénégal. Elle est aussi un message fort envoyé aux autres prédateurs tapis derrière leurs écrans : l’impunité n’est jamais éternelle.
Mais cette affaire met aussi en lumière l’urgence de renforcer le cadre légal, l’éducation numérique, et la prise en charge des victimes de cyberharcèlement. Car derrière chaque vidéo divulguée ou chaque nom exposé, il y a une vie brisée, une dignité atteinte, parfois un avenir compromis.
Avec cette arrestation, les autorités sénégalaises ont montré qu’elles pouvaient reprendre le contrôle du cyberespace. Reste à espérer que ce coup d’éclat ne soit pas un cas isolé, mais le point de départ d’une riposte durable, plus rapide, et plus ferme face aux dérives numériques.
(Source : Senenews, 25 juillet 2025)