Transformation numérique : Le privé national veut plus de parts de marché
mercredi 7 juin 2017
Dans le cadre du cycle de « Conférence des mardis du numérique », la Chambre de Commerce de Dakar a abrité, hier, une matinée de discussion sur la transformation numérique. Cette rencontre a été une occasion pour les acteurs de discuter autour du rôle et de la place de l’Etat dans la construction et la transformation numérique.
La volonté du Sénégal de réussir la construction et la transformation numérique nécessite l’appui de l’Etat. En effet, dans cette politique de transformation, a expliqué le directeur de Cabinet du ministre de la Promotion des investissements, des partenariats et du développement des téléservices de l’Etat, le rôle des pouvoirs publics n’est pas encore bien pris en charge.
El Hadji Ndiogou Diouf qui s’exprimait dans le cadre du cycle de « Conférence des mardis du numérique », pense qu’il faut investir dans ce secteur et mettre une réglementation, des services de qualité et un espace favorable. M. Diouf a profité de son intervention pour rappeler la politique du gouvernement, à travers de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie), pour aller vers un maillage complet en réseau Internet du terroir. Selon lui, le Sénégal est passé de 500 km de réseau de fibre optique en 2012 à 4.500 km en 2017.
A ce rythme, a-t-il poursuivi, grâce à la mutualisation, « notre » pays arrivera au maillage de tout le territoire national. « Il faut adapter le temps de l’administration au temps du numérique, travailler à la mise en place d’un cadre juridique, promouvoir un secteur privé national compétitif », a dit El Hadji Ndiogou Diouf.
Pour Abdoulaye Sakho, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la mise en place d’un nouveau cadre juridique permettra de prendre en compte l’aspect multidimensionnel du secteur et l’arrivée des nouveaux acteurs. « Le numérique n’est pas un secteur d’activité, c’est la forme d’expression d’économie contemporaine », a-t-il précisé. L’expert invite à une démarche originale pour la réglementation du numérique. Cela, par exemple, par le biais du droit d’expérimentation pour les modèles d’affaires du numérique et l’encadrement juridique des nouveaux affaires. « L’économie numérique est devenue une réalité.
Malheureusement, les modèles d’affaires des entreprises et les cadres juridiques, qui s’y appliquent, n’évoluent pas au même rythme. Il existe un décalage dans le temps entre la croissance des premières entreprises numériques dans une filière et la mise à niveau des nouvelles normes », a indiqué Pr Sakho. Il a insisté sur nécessité de la mise en place de nouvelles conditions d’exercice de la régulation, la création, au plan institutionnel, d’un ministère transversal en charge de l’économie numérique ainsi qu’une structure de concertation avec tous les acteurs.
Aux yeux de Ibrahima Diagne de « Gaindé 2000 », l’Etat devrait donner des projets nationaux d’envergure aux acteurs du privé pour leur permettre d’être capables de « compétir » sur le plan international. « Pour devenir une économie numérique, il faut un secteur privé fort. Au Sénégal tous les grands projets sont confiés à des entreprises étrangères. Ce qui provoque un manque d’expérience. », a-t-il regretté.
Ibrahima Ba
(Source : Le Soleil, 7 juin 2017)