Transformation numérique : le Ghana mise sur l’intelligence artificielle
vendredi 11 avril 2025
Les autorités ghanéennes ont fait de l’intégration des TIC dans l’économie une priorité. Par exemple, l’exécutif cherche actuellement à numériser la gestion foncière, un processus qui devrait lui coûter 165 millions $.
Le gouvernement ghanéen est en train d’élaborer une stratégie nationale d’intelligence artificielle (IA). Révélée le jeudi 10 avril, cette initiative vise à accélérer la transformation numérique, considéré comme un pilier du développement socioéconomique du pays.
« Le ministère a fait de l’intelligence artificielle une priorité de dialogue afin d’en évaluer pleinement les opportunités, les implications en matière de sécurité et les besoins en ressources, et de mettre en place un cadre de gouvernance adéquat pour un développement et une adoption de l’IA éthiques, inclusifs et bénéfiques », a déclaré le ministère de la Communication, de la Technologie numérique et des Innovations.
Cette vision du gouvernement ghanéen bénéficie du soutien des Nations unies. Dans son « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires économiques et sociales (DAES) souligne que l’intelligence artificielle a le potentiel d’optimiser les opérations du secteur public. Grâce à l’automatisation des tâches administratives, l’IA peut non seulement accroître l’efficacité, mais aussi éliminer les retards et les redondances. Elle peut également détecter des défauts, classer des données et formuler des recommandations précises.
D’après le DAES, la majorité des pays font face à un besoin urgent d’améliorer l’efficacité tout en ayant des budgets limités, un défi pour lequel les algorithmes d’IA constituent une solution idéale. « De nombreux exemples montrent comment les gouvernements ont utilisé l’IA pour améliorer l’efficacité dans divers secteurs. Le gouvernement de Singapour, par exemple, a intégré l’IA dans son service Moments of Life pour rationaliser les services gouvernementaux, notamment l’enregistrement des naissances et les soins aux personnes âgées. Le gouvernement indien a intégré les technologies de l’IA dans le secteur agricole, améliorant ainsi la chaîne de valeur pour plus de sept mille producteurs de piments », a ajouté le DAES.
Malgré les opportunités offertes par l’IA, le DAES souligne plusieurs risques potentiels. Il s’agit notamment du biais des données, qui peut entraîner une mauvaise représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations éthiques, sécuritaires et sociales. C’est pour cela que le gouvernement ghanéen veut s’assurer que les systèmes d’IA développés au Ghana apprennent à partir de données locales, avec les spécificités culturelles et les priorités de développement du pays, plutôt que de s’appuyer uniquement sur des données étrangères.
Le DAES estime également que la fracture numérique persistante constitue un défi majeur pour la mise en œuvre des technologies de l’IA dans le secteur public, en particulier dans les pays à revenu moyen, à faible revenu et les pays les moins avancés. En 2024, le Ghana a obtenu un score de 0,6317 sur 1 à l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) du DAES. Si le pays arrive premier en Afrique de l’Ouest, il est en dessous de la moyenne mondiale. Il se classe d’ailleurs 108e sur 193 nations étudiées.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 11 avril 2025)