Transactions d’argent mobile : L’Optic appelle à ne pas expérimenter la nouvelle taxe
lundi 15 septembre 2025
L’Organisation des professionnels des Tic du Sénégal (Optic) appelle le gouvernement à ne pas expérimenter la nouvelle taxe sur les transactions d’argent mobile. Cette mesure devrait être examinée aujourd’hui par les députés. Selon les professionnels de l’Optic, la mise en œuvre de cette taxe a échoué dans beaucoup de pays.
« Les taxations sur les transactions effectuées par les clients en appliquant un pourcentage du montant de ladite transaction sont généralement répercutées sur les tarifs et en définitive supportées par les clients. Elles ont conduit, dans les pays où elles ont été appliquées, à un renchérissement du coût de la vie et donc à une perte de pouvoir d’achat. Les taxations directement appliquées sur les revenus ou sur la marge des opérateurs de mobile money sont supportées par les opérateurs. Ce qui a très souvent poussé les opérateurs de mobile money à réduire leur investissement, à adopter une stratégie d’économie de charges, réduisant drastiquement les commissions des distributeurs, allant même jusqu’à supprimer des emplois », écrit cette organisation membre du Conseil national du patronat (Cnp) sénégalais.
Pis, soulignent-elle, « les mesures d’exonération prévues dans le projet de loi auront un impact négligeable et pourraient donc fortement entraîner un recul significatif de l’usage digital, impacter négativement l’inclusion financière des populations défavorisées, fragiliser la position des différents acteurs et entraver la bonne dynamique de ce marché, à un moment où les autorités misent sur la transformation numérique de la société pour booster l’économie. La taxation du cash pour limiter le recul de l’usage du digital ne pourra s’appliquer qu’aux marchands formels, et exclura encore une fois tous les marchands informels qui devraient être le réservoir du nécessaire élargissement de l’assiette fiscale ».
Par expérience, renseignent les collaborateurs de Antoine Ngom, président de l’Optic, « la taxation des transactions mobile money entraîne, au final, une baisse, plutôt qu’une hausse des recettes fiscales ». Dans ce contexte économique difficile, les acteurs du secteur privé du numérique restent « pleinement engagés à soutenir les objectifs à long terme du Sénégal et encouragent l’adoption de mesures fiscales élaborées dans un cadre collaboratif et concerté, afin de digitaliser les services de l’Etat en vue de capter les paiements, de tracer les contribuables et de renflouer les caisses de l’Etat ; garantir le meilleur modèle de taxation à adopter sur le mobile money, prendre en compte le projet d’interopérabilité de la Bceao qui vise à accélérer l’inclusion financière et qui implique la gratuité sur de nombreux services ».
Pour l’Optic, « le mobile money, en pleine expansion au Sénégal, participe activement à l’inclusion financière des populations qui, jusque-là, n’avaient pas accès aux services financiers, et contribue significativement à la croissance économique du pays. Il est donc primordial de préserver cette dynamique de croissance du mobile money en mettant en place un modèle optimal de taxation favorisant l’élargissement de l’assiette et garantissant des bénéfices durables pour l’ensemble des parties prenantes, en particulier les citoyens vulnérables ».
Dialigué Faye
(Source : Le Quotidien, 15 septembre 2025)