Tours télécoms en Afrique : face au fardeau du diesel, l’opportunité du solaire
mardi 9 septembre 2025
Au cœur de la révolution numérique africaine, les tours télécoms subissent de plus en plus les contraintes de l’alimentation au diesel. Entre hausse des coûts, coupures de réseau et impact environnemental, le basculement vers des solutions renouvelables devient une nécessité.
Avec plus de 500 000 tours de télécommunication, dont 70% encore alimentées au diesel, l’Afrique porte le poids d’une dépendance à l’énergie fossile qui mine sa compétitivité digitale. C’est ce qui ressort d’une analyse publiée en juillet 2025 par CrossBoundary Energy (CBE), et qui souligne que dans certaines zones reculées du continent, ce carburant représente entre 30 et 60% des coûts d’exploitation des tours.
À cela s’ajoutent des frais logistiques considérables, puisque le seul transport du carburant augmente la facture de 15 à 30%, selon les données attribuées par le document à GSMA intelligence. Les deux dernières années ont aggravé la situation selon CBE. Sur plusieurs marchés africains, le coût du diesel a bondi de 40 à 60%, conséquence des tensions géopolitiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales.
L’irrégularité des livraisons entraîne des coupures de réseau, pesant directement sur la qualité des services et les revenus des opérateurs. Ce modèle basé sur le diesel parait ainsi intenable à terme, alors que la demande énergétique des télécoms explose. La 5G exige une multiplication par quatre de la densité des tours et une consommation énergétique deux à trois fois supérieure à celle de la 4G. Les futurs data centers, indispensables pour soutenir la croissance numérique, réclament également des capacités électriques que les réseaux nationaux sont incapables de fournir en leur état actuel.
Face à cette équation, les solutions hybrides basées sur le solaire et le stockage apparaissent comme l’alternative la plus viable. Elles permettent une réduction de 20 à 40% des dépenses énergétiques tout en offrant une fiabilité accrue. Orange, un des pionniers en la matière sur le continent, a annoncé avoir réduit ses coûts d’exploitation de 30% et ses émissions de 65% en remplaçant le diesel par du solaire hybride.
Au-delà des économies, la bascule vers le renouvelable devient aussi un facteur de compétitivité déterminant. Selon CrossBoundary Energy, 60 à 80% des tours en Afrique subsaharienne subissent entre 8 et 12 heures de coupures quotidiennes liées aux réseaux. En Sierra Leone, la société Zoodlabs a pu lancer le premier réseau 5G du pays grâce à un partenariat avec CBE, qui a conçu un dispositif solaire-batterie dimensionné pour absorber les instabilités du réseau national.
Les gouvernements multiplient de leur côté les mandats de réduction carbone qui concernent aussi les infrastructures numériques, accroissant la pression pour sortir du tout-diesel. Les choix énergétiques dans les télécoms pour les années à venir affecteront non seulement les coûts des opérations, mais aussi la qualité des services numériques et par conséquent leur compétitivité.
Abdoullah Diop
(Source : Agence Ecofin, 9 septembre 2025)