OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2013 > Tidjane Deme : « Nos gouvernants sont des prédateurs »

Tidjane Deme : « Nos gouvernants sont des prédateurs »

jeudi 21 novembre 2013

Point de vue

Depuis le Sénégal, Tidjane Deme, polytechnicien, accompagne le développement du web sur le continent en tant que responsable Google pour l’Afrique de l’Ouest. Une montée en puissance qu’il estime contrariée par le manque de perspicacité des pouvoirs publics.

À 40 ans, Tidjane Deme en paraît toujours 20 de moins. Sans doute cet apparent surplus de jeunesse tient-il à l’enthousiasme et à l’énergie que ce polytechnicien met au service du développement d’internet en Afrique. Depuis quatre ans, il dirige le bureau francophone du géant Google à Dakar. Son équipe - une dizaine de collaborateurs pour l’instant - travailleTidjane-Deme infoCliquez sur l’image. à la fois à la promotion des contenus locaux et à l’amélioration des conditions d’accès au web, via des projets pilotes comme l’utilisation des spectres de fréquence laissés vacants par les télévisions. Pour Jeune Afrique, Tidjane Deme fait le bilan des actions menées par Google et souligne les obstacles qui ralentissent encore l’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC), particulièrement en Afrique francophone.

Jeune afrique : Google a ouvert un bureau à Dakar en 2009. Quatre ans après, l’usage d’internet s’est-il répandu en Afrique francophone ?

Tidjane Deme : Oui. En 2009, il n’y avait de réseau 3G ni au Sénégal, ni au Cameroun, ni en Côte d’Ivoire, contrairement au Kenya ou au Ghana. Aujourd’hui, tous ces pays ont lancé l’internet mobile. Selon les dernières statistiques du régulateur sénégalais, les utilisateurs qui accèdent au web grâce à leur téléphone sont désormais plus nombreux que ceux qui se connectent grâce aux lignes fixes.

La création de contenus africains a-t-elle été déterminante ?

Il y a quatre ans, nous cherchions à stimuler la demande. Aujourd’hui, la situation s’est complètement inversée : la demande existe. Le travail de sensibilisation à l’importance des contenus locaux a porté ses fruits. Quand ceux-ci existent, les internautes sont très demandeurs. En 2011, nous avons commencé à promouvoir la production de vidéos africaines sur YouTube. En un an, les contenus locaux ont augmenté de 40 % sur le continent, et les vues de 50 %. Dans les pays où nous avons concentré notre activité, les chiffres sont encore plus parlants. Entre 2011 et 2012, le nombre de vidéos mises en ligne à partir du Sénégal a crû de 80 %, et le nombre de vues de 115 %.

Qu’apporte YouTube aux créateurs africains ?

Cette plateforme vidéo offre un premier circuit de distribution aux petits acteurs qui n’ont accès ni à la télévision ni aux subventions permettant de participer à des festivals. Au Sénégal, un journal télévisé rappé s’est lancé sur internet avant d’être diffusé par la chaîne 2STV parce qu’il était devenu très populaire. Au Nigeria, YouTube n’avait au départ qu’un partenaire, IrokoTV, basé en Europe. Maintenant, ils sont une quinzaine, implantés localement et qui ont déjà épuisé les archives de Nollywood. Ils travaillent dorénavant avec des producteurs sur leurs futurs films. Ensemble, ces sociétés génèrent des revenus qui sont reversés dans le marché du contenu africain. Illustration concrète du potentiel de création d’emplois et de richesse du secteur : un acteur comme IbakaTV, au Nigeria, qui n’existait pas il y a un an, emploie aujourd’hui vingt personnes.

La montée en puissance d’internet permet-elle à Google de gagner de l’argent depuis Dakar ?

Ce n’est pas encore notre priorité. On pourrait accueillir quelques commerciaux à Dakar, mais cela risquerait de nous distraire de notre mission principale qui est de développer internet. Ce n’est pas compatible avec une vision à long terme. Dans quelques pays comme le Kenya, le Nigeria ou l’Afrique du Sud, il y a clairement un marché. Des équipes s’en occupent.

Quel est le chiffre d’affaires de Google en Afrique ?

Les données financières concernant la zone ne sont pas communiquées.

Le prix des smartphones est-il encore un obstacle au développement d’internet en Afrique francophone ?

Quand Google a mis le système d’exploitation Android à disposition des fabricants, cela a diminué le coût de développement d’un smartphone. Le dernier Alcatel lancé à Dakar par Sonatel coûte 30 000 F CFA [46 euros]. Les véritables obstacles à la généralisation de l’accès à internet restent la disponibilité de la bande passante et son prix. Ce sont des questions de politique publique. L’Afrique francophone a pâti d’une mauvaise régulation. Au Sénégal, les fournisseurs d’accès internet [en dehors des opérateurs télécoms] sont morts. Ils sont passés de douze à deux entre 2002 et 2012, principalement parce qu’ils n’ont pas accès au marché de la bande passante en gros et qu’il n’existe pas de licence spécifique permettant d’exploiter une boucle locale. La situation est plus ou moins la même en Côte d’Ivoire.

C’est-à-dire ?

Nos gouvernants se comportent par rapport au secteur des TIC - qui se limite souvent, dans leur entendement, aux opérateurs télécoms - comme des prédateurs cherchant à en tirer le maximum d’argent en se focalisant sur quelques gros acteurs. Leur objectif devrait être, au contraire, de favoriser l’émergence d’un écosystème plus large, qui crée plus d’innovations, plus d’emplois, plus de PIB et, finalement, plus d’acteurs à taxer.

La qualité des infrastructures est-elle un frein à l’accès à internet ?

La réalité, c’est qu’on n’en sait rien. Parce que souvent les régulateurs ne partagent pas leurs informations. Au Sénégal, les investisseurs potentiels ne peuvent même pas savoir où sont les besoins, quelles sont les infra­structures existantes et quels sont les critères à satisfaire pour obtenir une licence d’opérateur d’infrastructure. Mobiliser les financements nécessaires à la généralisation d’internet ne pourra se faire que dans un marché plus ouvert. Quand je vois un État installer de la fibre optique, je me demande si le privé n’aurait pas pu investir à sa place. Là encore, la Côte d’Ivoire et le Cameroun connaissent quasiment les mêmes difficultés que le Sénégal.

Les opérateurs contribuent-ils à démocratiser l’accès au web ?

Oui, ils ont enfin décidé de se lancer sur le terrain de l’internet mobile. Ils multiplient les offres et se font réellement concurrence. Ce dynamisme est très nouveau. Cela veut dire que ce secteur est enfin un axe stratégique de croissance pour eux, qu’ils vont y consacrer des investissements et que, in fine, les prix vont baisser. Mais il reste beaucoup de travail à accomplir pour connecter le plus grand nombre. Nous avons fait une étude il y a quelques mois sur les PME africaines : 80 % des propriétaires disent être convaincus de l’intérêt d’internet pour le développement de leurs affaires, mais 75 % d’entre eux n’y ont pas accès...

Julien Clémençot

(Source : Jeune Afrique, 20 novembre 2013)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2060/2215 Régulation des télécoms
  • 173/2215 Télécentres/Cybercentres
  • 1537/2215 Economie numérique
  • 791/2215 Politique nationale
  • 2215/2215 Fintech
  • 252/2215 Noms de domaine
  • 812/2215 Produits et services
  • 692/2215 Faits divers/Contentieux
  • 359/2215 Nouveau site web
  • 2160/2215 Infrastructures
  • 798/2215 TIC pour l’éducation
  • 90/2215 Recherche
  • 121/2215 Projet
  • 1365/2215 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 858/2215 Sonatel/Orange
  • 773/2215 Licences de télécommunications
  • 132/2215 Sudatel/Expresso
  • 464/2215 Régulation des médias
  • 599/2215 Applications
  • 494/2215 Mouvements sociaux
  • 772/2215 Données personnelles
  • 61/2215 Big Data/Données ouvertes
  • 296/2215 Mouvement consumériste
  • 179/2215 Médias
  • 321/2215 Appels internationaux entrants
  • 694/2215 Formation
  • 48/2215 Logiciel libre
  • 836/2215 Politiques africaines
  • 406/2215 Fiscalité
  • 84/2215 Art et culture
  • 284/2215 Genre
  • 776/2215 Point de vue
  • 479/2215 Commerce électronique
  • 696/2215 Manifestation
  • 156/2215 Presse en ligne
  • 62/2215 Piratage
  • 102/2215 Téléservices
  • 415/2215 Biométrie/Identité numérique
  • 150/2215 Environnement/Santé
  • 156/2215 Législation/Réglementation
  • 167/2215 Gouvernance
  • 833/2215 Portrait/Entretien
  • 72/2215 Radio
  • 337/2215 TIC pour la santé
  • 138/2215 Propriété intellectuelle
  • 29/2215 Langues/Localisation
  • 509/2215 Médias/Réseaux sociaux
  • 916/2215 Téléphonie
  • 95/2215 Désengagement de l’Etat
  • 485/2215 Internet
  • 57/2215 Collectivités locales
  • 189/2215 Dédouanement électronique
  • 496/2215 Usages et comportements
  • 514/2215 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2215 Audiovisuel
  • 1346/2215 Transformation digitale
  • 191/2215 Affaire Global Voice
  • 76/2215 Géomatique/Géolocalisation
  • 147/2215 Service universel
  • 331/2215 Sentel/Tigo
  • 88/2215 Vie politique
  • 726/2215 Distinction/Nomination
  • 17/2215 Handicapés
  • 336/2215 Enseignement à distance
  • 318/2215 Contenus numériques
  • 292/2215 Gestion de l’ARTP
  • 89/2215 Radios communautaires
  • 798/2215 Qualité de service
  • 212/2215 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2215 SMSI
  • 223/2215 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1271/2215 Innovation/Entreprenariat
  • 651/2215 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2215 Internet des objets
  • 85/2215 Free Sénégal
  • 175/2215 Intelligence artificielle
  • 97/2215 Editorial
  • 8/2215 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous