Télécoms : le Sénégal compte sur le partage d’infrastructures pour réduire les tarifs
jeudi 3 juillet 2025
La cherté des services est considérée comme l’un des principaux obstacles qui freinent l’adoption d’Internet. Actuellement, près de 40 % de la population sénégalaise n’a pas accès à Internet selon la GSMA.
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) du Sénégal a lancé la semaine dernière deux projets pilotes pour le partage des infrastructures télécoms entre les opérateurs. Les autorités estiment qu’à terme, cette initiative permettra de réduire les tarifs.
Le directeur général de l’ARTP, Dahirou Thiam, est revenu sur ces initiatives mardi 1er juillet, lors de la présentation des résultats de la campagne nationale de mesure de la couverture et de la qualité des services télécoms. Le premier projet concerne le partage des équipements actifs, notamment les antennes relais et les composants des stations de base. Le second porte sur le dégroupage et la mutualisation de la fibre optique, avec pour objectif d’accélérer la couverture du territoire, en particulier dans les zones moins rentables économiquement.
M.Thiam souligne que si les opérateurs mutualisent leurs infrastructures, leurs niveaux d’investissement (CAPEX) baisseront, ce qui entraînera une diminution des charges d’exploitation. Cette dynamique devrait logiquement conduire à une baisse significative des tarifs des services de communication électronique, ce à quoi l’ARTP entend veiller. L’Union internationale des télécommunications et l’Association mondiale des opérateurs (GSMA) confirment que le partage d’infrastructures peut conduire à une réduction des tarifs.
Cette initiative intervient dans un contexte où les consommateurs sénégalais se plaignent souvent de la cherté des services télécoms dans le pays, en particulier l’Internet. Par exemple, le 10 mai 2024, un Front contre la cherté des coûts de connexion (F4C) à Internet a vu le jour. Le gouvernement avait également annoncé une réduction des tarifs, de concert avec les opérateurs télécoms.
Par exemple, l’UIT a révélé en 2024 que les dépenses liées à l’Internet mobile représentaient 5,5 % du revenu national brut (RNB) par habitant, contre 17,8 % pour l’Internet fixe. L’organisation onusienne considère qu’un service est abordable lorsque son coût ne dépasse pas 2 % du RNB par habitant. De son côté, le « Mobile Connectivity Index » de la GSMA a attribué au Sénégal un score de 34,6 sur 100 en matière de coût de l’Internet mobile.
Il convient toutefois de rappeler que les effets réels de cette initiative ne pourront être pleinement mesurés qu’une fois sa mise en œuvre effective. Le déploiement concret sur le terrain sera déterminant pour évaluer son impact sur les coûts, la qualité de service et l’accessibilité pour les usagers. L’ARTP espère une mise en œuvre effective avant fin 2025.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 3 juillet 2025)