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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2016 > Mars 2016 > Télécommunications au Maroc : l’Etat bloque l’innovation

Télécommunications au Maroc : l’Etat bloque l’innovation

mercredi 23 mars 2016

Régulation des télécoms

Le blocage par le gendarme des télécoms au Maroc (Agence Nationale de Régulation des Télécommunications, ANRT) des appels VoIP (voix sur IP) passés sur WhatsApp, Viber, Skype via la 3G, 4G et désormais l’ADSL et le Wifi, continue de susciter l’indignation des usagers marocains qui n’ont pas hésité à montrer leur mécontentement à travers des pétitions sur les réseaux sociaux et leurs désabonnements des pages des trois opérateurs.

L’ANRT argue du fait que l’établissement et l’exploitation de réseaux publics de télécommunications et la fourniture des services de téléphonie au public sont soumis au régime des licences, conformément à l’article 2 de la loi n°24-96 relative à la poste et aux télécommunications. Autrement dit, seuls les exploitants détenteurs de licences de télécommunications sont habilités à fournir les services de téléphonie au public, ce qui fait de Whatsapp, Viber ou encore Skype, des hors la loi. D’abord, le sont-ils vraiment ? Pas sûr !

En fait, l’ANRT confond la transmission de données sur internet avec le service de téléphonie classique. Précisons que la VoIP est un acronyme qui signifie la transmission de la voix, en tant que donnée découpée et restituée via Internet. Il ne s’agit nullement de téléphonie proprement dite. De même, l’ANRT confond fournisseur de services de communications de données via Internet, et exploitant de réseau public de télécommunications. Ce n’est pas la même chose, car contrairement aux opérateurs classiques, les applications ne font pas d’exploitation commerciale : ce sont de simples applications de transmission de voix sur IP, et qui plus est, sont gratuites. Cette confusion a conduit donc l’ANRT à prendre une décision contraire à l’esprit de la loi et de la Constitution de 2011. Ceci est d’autant plus vrai que la loi 6-99 sur les pratiques anti-concurrentielles interdit toute action limitant l’accès des consommateurs au marché, le libre exercice de la concurrence par les entreprises, ou encore le progrès technique. Si la décision de l’ANRT n’est pas aussi légale qu’elle le prétend, la question du pourquoi de ce blocage reste entière.

Si c’est pour des raisons sécuritaires, consistant à identifier et à suivre les flux de communication, il faut comprendre que ce genre de décisions va inciter les usagers à chercher des substituts, plateformes concurrentes peut-être plus difficiles à bloquer. Cela rendra encore la traçabilité des communications plus compliquée pour les services de sécurité.

Si c’est pour des raisons de contribution au paiement des impôts, car on a entendu que les opérateurs renflouent de manière substantielle le budget de l’Etat, dans ce cas il n’y a qu’à espérer que tous les Marocains deviennent des fumeurs inconditionnels puisque la Régie Tabac est le premier contributeur aux recettes fiscales de l’Etat. Plus sérieusement, n’oubliez pas que les impôts qui ne seront pas payés directement par les trois opérateurs, le seront indirectement via d’autres entreprises. Puisque avec l’économie de pouvoir d’achat réalisée grâce à la gratuité des appels, les consommateurs marocains pourront consommer d’autres biens et services, ce qui correspond à du chiffre d’affaires supplémentaire pour les entreprises marocaines, et in fine des recettes fiscales en plus. Autrement dit, rien n’est perdu pour l’Etat.

Si c’est pour protéger les opérateurs marocains contre la concurrence étrangère, rappelons que, d’une part, le capital des trois opérateurs n’est pas purement national et qu’il est la propriété d’actionnaires étrangers. D’autre part, si l’on veut verser dans le vrai patriotisme, il n’y a qu’à interdire par exemple les fenêtres, pour empêcher le soleil d’illuminer les maisons, ce qui obligera les Marocains à allumer les lampes jour et nuit, comme ça on boostera les recettes de notre office national de l’électricité.

Si c’est pour dire que Whatsapp, Viber et Skype n’ont pas vocation à faire concurrence aux trois opérateurs. Rappelons qu’une fois ces opérateurs vous vendent internet, ils n’ont plus de droit de propriété sur ce service, car l’échange par définition signifie cession de ces mêmes droits. Ils n’ont plus aucun droit de regard sur l’usage que vous allez en faire pour vos propres besoins. C’est comme si vous avez un boulanger qui vend à la fois de la farine et du pain, et quand vous lui achetez de la farine il se plaint que vous la transformiez en pain pour le concurrencer. Il n’avait qu’à ne pas vous vendre depuis le début.

Enfin, si c’est pour se prémunir contre l’innovation, le pari est perdu à l’avance. Car l’histoire nous enseigne que le système économique est comme un organisme vivant en perpétuelle évolution. C’est comme un jardin qui, pour s’épanouir, a besoin que les anciennes plantes disparaissent pour laisser place à de nouvelles plantes. Et si on s’obstine à maintenir artificiellement des plantes sur le déclin on empêchera les meilleures de pousser. Autrement dit, si on protège les biens et services obsolètes, on bloquera ceux qui sont plus innovants et plus utiles pour la société. Si l’on avait pas su renoncer au chariot on n’aurait pas pu avoir la voiture, si on n’avait pas su renoncer à la machine à écrire on n’aurait pas pu développer les ordinateurs, et ainsi de suite. L’évolution de la société, comme le dirait l’économiste autrichien joseph Schumpeter, est un processus de destruction créatrice. En termes plus simples, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs.

Ironie du sort : ces mêmes opérateurs téléphoniques contents de profiter des fruits d’une innovation comme le téléphone, qui a supplanté le télégramme et d’autres moyens de communication d’autrefois, ceux-là mêmes qui se plaignent aujourd’hui de l’innovation apportée par la technologie de la voix sur internet (VoIP). Alors s’ils veulent continuer à interdire la VoIP, alors qu’ils interdisent aussi le téléphone et qu’ils reviennent au télégramme, voire aux pigeons pour transmettre nos messages. En tous cas, qu’ils cessent de prendre les Marocains pour des « pigeons » !

Hicham El Moussaoui

(Source : Afrik, 23 mars 2016)

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