Tchad : le Parlement renforce le cadre juridique des communications électroniques
mercredi 24 décembre 2025
Longtemps freiné par un faible accès à Internet et des infrastructures limitées, le Tchad accuse encore un retard dans sa transition numérique. Les autorités multiplient toutefois les réformes pour moderniser le cadre légal et sécuriser les réseaux.
Le Tchad renforce son cadre juridique afin de mieux encadrer l’évolution du secteur des communications électroniques. Le Sénat a adopté, le mardi 23 décembre, une loi destinée à adapter la réglementation nationale aux transformations technologiques et à l’essor des usages numériques, dans un contexte de montée progressive des services digitaux.
Examiné en séance plénière, le texte ratifie l’ordonnance n°011/PR/2025 modifiant l’article 18 de la loi de 2014 relative aux communications électroniques. Cette révision vise à tenir compte des mutations rapides du secteur, de la diversification des services numériques et des enjeux croissants liés aux réseaux, aux données et à la cybersécurité. La loi a été largement approuvée, recueillant 65 voix favorables sur 67 sénateurs inscrits.
Cette évolution législative intervient alors que le numérique occupe une place de plus en plus visible dans l’économie tchadienne. Selon les données de l’Office national des médias audiovisuels, environ 30 % de la population, soit près de 5,6 millions de personnes, disposait d’un accès à Internet en 2024. Le pays comptait par ailleurs plus de 14 millions d’abonnements mobiles, correspondant à un taux de pénétration proche de 80 %. Malgré cette progression du mobile, l’accès à Internet demeure limité, en particulier hors des grands centres urbains.
Dans ce contexte, la mise à jour du cadre réglementaire apparaît comme un levier pour structurer un écosystème numérique encore en construction. Le secteur des télécommunications, qui a généré près de 237 milliards FCFA (426,5 millions de dollars) en 2024, constitue déjà un pilier économique, mais son potentiel reste freiné par les contraintes d’infrastructures, de couverture et de régulation.
Au‑delà de l’aspect juridique, les autorités affichent une ambition plus large : renforcer la sécurité des infrastructures numériques, stimuler l’innovation et améliorer l’attractivité du secteur pour les investisseurs privés. La clarification des règles est également perçue comme un préalable à la modernisation des services publics et à l’accélération de la digitalisation de l’administration.
Reste toutefois l’enjeu de l’application effective du texte. L’impact de cette réforme dépendra de la capacité des autorités à faire respecter les dispositions adoptées, à renforcer les moyens du régulateur et à accompagner les opérateurs dans la transition. Si elle est suivie d’effets concrets, cette loi pourrait contribuer à poser les bases d’un écosystème numérique plus structuré et plus inclusif au Tchad.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 24 décembre 2025)
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