Tchad : 15ᵉ audit de la qualité de service télécoms, les usagers appellent à des mesures fortes
jeudi 11 septembre 2025
Au début de l’année 2025, le Tchad comptait 14,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 2,74 millions d’abonnés à Internet, selon DataReportal. Ce parc est principalement contrôlé par deux opérateurs : Airtel et Moov Africa.
L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) a lancé son 15ᵉ audit national de la qualité des services télécoms fournis par ces deux opérateurs. Cette opération vise à évaluer leurs performances et à vérifier le respect de leurs engagements contractuels. Sur le terrain, de nombreux usagers expriment leur exaspération et réclament des mesures fortes, estimant que les audits précédents n’ont pas apporté d’améliorations tangibles.
Selon le régulateur, l’audit, conduit avec l’appui d’un cabinet technique indépendant, se poursuivra jusqu’en octobre 2025. Il couvrira l’ensemble des 23 chefs-lieux de province ainsi que plusieurs localités situées le long des principaux axes routiers. Ses objectifs sont de contrôler le respect des cahiers de charges, de mesurer la mise en œuvre des recommandations antérieures et d’évaluer l’évolution effective de la qualité de service offerte aux usagers.
Cet audit intervient dans un contexte de dégradation marquée des services mobiles : appels qui échouent, connexion lente, coupures fréquentes. Suite à une panne survenue en octobre 2024, le Premier ministre Allah-Maye Halina avait déclaré : « Les populations ont trop souffert de la négligence, voire des relations incestueuses entre les téléphonies mobiles et des cadres véreux de notre administration par le passé ».
Les consommateurs, notamment sur les réseaux sociaux, proposent plusieurs actions concrètes : imposition de taxes dissuasives en cas de non-respect des engagements, fixation de délais courts pour la remise en conformité, et, en cas de manquements persistants, retrait des licences au profit d’un opérateur national capable de couvrir rapidement l’ensemble du territoire. Certains appellent également à l’ouverture du marché à de nouveaux acteurs pour stimuler la concurrence et améliorer la qualité de service, tout en soutenant les initiatives locales visant à développer des opérateurs numériques nationaux.
L’ARCEP n’a pas encore précisé les mesures qu’elle entend prendre à l’issue de cet audit. La loi sur la régulation des communications électroniques prévoit toutefois un cadre strict pour sanctionner les opérateurs défaillants. Selon l’article 37, tout opérateur qui ne respecte pas ses obligations peut être mis en demeure de se conformer à la réglementation dans un délai de trente jours. À défaut, le régulateur peut infliger une amende pouvant atteindre 5 % du chiffre d’affaires annuel, ce taux pouvant être doublé en cas de récidive. L’article 38 prévoit, en dernier recours et après avis du Conseil de régulation, des sanctions plus sévères comme la suspension de la licence pour un mois, la réduction de sa durée ou son retrait définitif.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 11 septembre 2025)