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Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Septembre 2025 > Taxe sur le Mobile Money : l’ASEPAME propose une alternative fiscale (…)

Taxe sur le Mobile Money : l’ASEPAME propose une alternative fiscale chiffrée à 530 milliards FCFA

mardi 16 septembre 2025

Fiscalité

Face aux projets gouvernementaux de taxation du Mobile Money dans le cadre du Plan de Redressement Économique et Social “Jubbanti Koom”, l’Association Sénégalaise des Établissements de Paiement et des Émetteurs de Monnaie Électronique (ASEPAME) présente une contre-proposition audacieuse. Plutôt que de taxer les volumes de transactions, l’organisation professionnelle suggère d’imposer les revenus des opérateurs à hauteur de 2,5%, une approche qui pourrait générer plus de 530 milliards de FCFA sur trois ans.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la valeur des transactions Mobile Money au Sénégal a explosé, passant de 14 308 milliards de FCFA en 2022 à 48 073 milliards en 2024, soit une croissance de plus de 230% en deux ans. Cette expansion phénoménale s’accompagne d’une adoption quasi-universelle : environ 95% de la population adulte sénégalaise dispose aujourd’hui d’un compte Mobile Money. Pour les populations vulnérables, notamment les femmes et les travailleurs du secteur informel, ces services représentent souvent le seul accès réel au système économique. Plus de 95% des femmes sénégalaises possèdent un compte Mobile Money, contre moins de 20% pour les comptes bancaires traditionnels.

L’échec des expériences africaines

L’ASEPAME s’appuie sur les expériences malheureuses d’autres pays africains pour justifier sa position. En Tanzanie, l’introduction d’une taxe de 1% sur les volumes en juillet 2021 a provoqué une chute de 38% des transactions de personne à personne, contraignant le gouvernement à réduire la taxe face aux impacts négatifs. L’assiette fiscale du secteur a finalement diminué de plus de 20% en deux ans.L’Ouganda offre un exemple encore plus frappant. La taxe de 1% instaurée en juillet 2018 a entraîné une chute vertigineuse de 60% des volumes, obligeant les autorités à la ramener à 0,5% uniquement sur les retraits. Malgré cet ajustement, le volume global restait en baisse de 25% deux ans après son introduction.

Une alternative gagnante : 530 milliards contre 230 milliards

La proposition de l’ASEPAME repose sur une logique économique simple mais efficace. Au lieu de taxer les utilisateurs – ce qui réduit mécaniquement l’usage et contracte l’assiette fiscale – l’association suggère de prélever 2,5% sur les revenus des opérateurs entre 2026 et 2028. Les projections sont éloquentes.

Cette approche générerait directement 43 milliards de FCFA via le nouveau prélèvement sur trois ans. Mais surtout, en préservant la croissance du secteur, elle permettrait aux taxes existantes (TAF, TVA, impôts sur les sociétés, sur les salaires) de rapporter 489 milliards de FCFA supplémentaires. Le total de 530 milliards de FCFA dépasse largement l’objectif gouvernemental de 230 milliards.

À l’inverse, même dans un scénario optimiste, une taxe de 0,5% sur les volumes ne rapporterait que 392 milliards de FCFA (avec une baisse de 30% des volumes), soit 26% de moins. Dans un scénario plus réaliste avec une chute de 50% des volumes, les recettes tombent à 272 milliards de FCFA, à peine plus que la moitié de la proposition ASEPAME.

L’impact sur l’emploi constitue un autre argument de poids. Avec une taxation sur les revenus, le secteur soutiendrait plus de 90 000 emplois directs et indirects. Une taxe sur les volumes ferait chuter ce chiffre à 65 000 emplois dans le meilleur des cas (-28%), voire à seulement 41 000 emplois (-55%) dans un scénario réaliste.

Au-delà des aspects purement fiscaux, l’enjeu touche au cœur du modèle de développement sénégalais. Le Mobile Money constitue un puissant vecteur d’inclusion financière et de formalisation de l’économie. Chaque transaction numérique, grâce à sa traçabilité, contribue à élargir l’assiette fiscale existante sans créer de nouveaux impôts.

Cette dynamique vertueuse s’effondrerait avec une taxation des volumes, poussant les utilisateurs vers le retour au cash et l’économie informelle. Les populations les plus vulnérables, particulièrement sensibles aux variations de coûts, seraient les premières touchées.

Une reconnaissance internationale en jeu

Le secteur du Mobile Money a également permis au Sénégal de renforcer sa réputation internationale. Le pays a récemment été retiré de la liste grise du Financial Action Task Force (FATF), en partie grâce à la traçabilité offerte par les paiements numériques dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

L’appel de l’industrie

Forte de ses onze membres – d’Orange Finances Mobiles Sénégal à Wave Digital Finance, en passant par Mobile Cash SA et Djamo Sénégal – l’ASEPAME plaide pour une approche équilibrée. L’association, constituée conformément à la réglementation bancaire de l’UMOA, représente l’ensemble des institutions agréées dans les services de paiement et l’émission de monnaie électronique.

“Une politique fiscale appliquée aux services financiers numériques peut constituer une source de revenus durable lorsqu’elle est bien calibrée”, souligne l’organisation dans sa proposition. “À l’inverse, une mesure trop lourde ou mal ciblée contracte l’activité économique et limite la capacité de mobilisation des recettes.”

Vers un compromis historique ?

Alors que le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko cherche à redresser les finances publiques tout en préservant les acquis sociaux, la proposition de l’ASEPAME offre une voie médiane. Elle permettrait non seulement d’atteindre – et même de dépasser largement – les objectifs de recettes fiscales, mais aussi de consolider le rôle pionnier du Sénégal en matière d’inclusion financière digitale.

L’enjeu dépasse le cadre purement fiscal. Il s’agit de définir le modèle économique sénégalais pour les années à venir : privilégier une approche punitive qui contracte l’économie numérique, ou opter pour une stratégie inclusive qui fait du secteur digital un partenaire de la croissance et de la mobilisation des ressources internes.

La balle est désormais dans le camp des autorités, qui devront arbitrer entre une taxation immédiate mais destructrice et un partenariat durable avec un secteur stratégique de l’économie sénégalaise.

(Source : Social Net Link, 16 septembre 2025)

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