Succès vision 2050 : des experts recommandent l’IA comme levier stratégique
vendredi 6 juin 2025
Le mardi 3 juin 2025, la trentième édition du Talk & Taste s’est déroulée au Phare des Mamelles à Dakar, plaçant au cœur de ses échanges une problématique d’actualité : « L’intelligence artificielle, accélérateur du Plan Sénégal Vision 2050 ».
Créée en 2018 par Maguette Mbow, cette plateforme mensuelle s’est affirmée au fil des années comme un espace de référence pour le dialogue stratégique entre décideurs publics, experts et entrepreneurs, réunis chaque premier mardi du mois autour des grands enjeux de développement national.
Dans son discours inaugural, le fondateur a réaffirmé la vocation première de l’initiative : donner corps aux politiques publiques à travers des propositions concrètes et adaptées au contexte local. Selon lui, l’intelligence artificielle représente désormais un atout majeur pour transformer en profondeur les structures socio-économiques du Sénégal, à condition d’enraciner son déploiement dans les réalités du territoire.
Un panel de haut niveau pour décrypter les enjeux de l’IA
Cette édition spéciale a réuni quatorze intervenants de renom, issus des domaines du numérique, de la finance, de l’innovation et du secteur privé. Parmi eux figurent notamment Isidore Diouf (Sénégal Numérique), Boubacar Roger Thiam (Ministère de la Communication et du Numérique), El Hadji Malick Gueye (Wave Digital Finance) et Achille Sarr (APL Data Center Afrique).
Les débats ont permis d’identifier les conditions essentielles à un déploiement efficace de l’intelligence artificielle : des infrastructures performantes, une souveraineté des données consolidée, une capacité énergétique accrue et une gouvernance intersectorielle harmonisée. Isidore Diouf a particulièrement insisté sur l’impératif de mutualisation des ressources au niveau régional ainsi que sur le partage interinstitutionnel des données, indispensable à la formation de modèles algorithmiques fiables.
Inclusion financière et transformation numérique : un potentiel à exploiter
Intervenant sur la dimension inclusive de l’IA, El Hadji Malick Gueye a mis en lumière ses apports dans la bancarisation des populations peu alphabétisées, tout en appelant à une vigilance accrue sur la protection de la vie privée. Pour sa part, Boubacar Roger Thiam a défendu une stratégie numérique volontariste visant à faire progresser la part du numérique dans le PIB national de 5 % à 15 %, grâce à un écosystème dynamique soutenu par des instruments comme la Startup Act.
Les centres de données : pierre angulaire de la souveraineté numérique
Achille Sarr a attiré l’attention sur un paradoxe préoccupant : moins de 2 % des données africaines sont actuellement hébergées sur le continent, compromettant la souveraineté numérique. Il a rappelé que les centres de données ne doivent pas être perçus comme de simples infrastructures techniques, mais comme des actifs stratégiques, au cœur du développement de l’intelligence artificielle.
Un appel fort à l’engagement collectif
En clôture de la session, Maguette Mbow a souligné la nécessité de transformer les échanges en actions concrètes. Il a annoncé la prochaine publication d’un recueil de propositions issues des panels, destiné à alimenter les politiques publiques. Il a également lancé un appel solennel au secteur privé, l’invitant à jouer pleinement son rôle dans l’accélération des agendas nationaux, notamment le New Deal 2030 et la Vision Sénégal 2050.
« L’intelligence artificielle est une chance. Mais pour qu’elle devienne un moteur de transformation, elle doit s’appuyer sur une vision claire, pragmatique et inclusive », a-t-il conclu.
Jean-Pierre Malou
(Source : Sud Quotidien, 6 juin 2025)