Spatial : le Sénégal veut capter une plus grande part d’un marché de 22,6 milliards USD
mardi 8 avril 2025
Le Sénégal fait partie du cercle fermé des pays africains possédant un satellite en orbite. Nommé GAINDESAT-1A, cet équipement a été lancé en août 2024.
Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, ambitionne de hisser le pays au rang de puissance spatiale et de faire des technologies spatiales un levier stratégique pour l’économie nationale. Avec un satellite en orbite, le Sénégal espère se positionner pour capter une part plus importante du marché spatial africain, évalué à 22,6 milliards de dollars en 2024 selon Space in Africa. Le marché mondial devrait excéder 737 milliards de dollars dans la prochaine décennie.
« En investissant dans le spatial, nous nous dotons d’outils pour mieux gérer nos ressources, accompagner la transition vers une agriculture intelligente, améliorer la prévision météorologique, développer l’innovation et renforcer notre sécurité nationale », a déclaré le chef de l’État.
Le président s’est exprimé le dimanche 6 avril lors de la cérémonie officielle de lancement de la deuxième édition de la tournée nationale « Space Bus », une caravane visant à promouvoir les sciences et l’astronomie dans les 14 régions du Sénégal. Cet événement est organisé par l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) en collaboration avec le Groupe interinstitutionnel de coordination et de concertation en géomatique (GICC).
Toutefois, pour se positionner sur ce marché en pleine expansion, le Sénégal doit miser sur la formation, l’innovation et le partenariat, selon le président. Il a notamment souligné l’importance d’encourager les initiatives visant à renforcer l’attractivité des sciences auprès des jeunes. Actuellement, seulement 7,5 % des candidats au baccalauréat au Sénégal sont inscrits en filière scientifique.
Il est également prévu la création d’un centre d’assemblage et de tests de microsatellites, un incubateur dédié aux startups, un observatoire équipé d’un grand télescope, ainsi qu’un musée de l’aéronautique et de l’espace. « Ces installations offriront aux jeunes l’opportunité de se former, de travailler et d’entreprendre localement dans le domaine de l’espace. Elles constitueront un pôle d’attractivité pour l’investissement public et privé, national et international », a déclaré Diomaye Faye. Par ailleurs, le pays prévoit de développer une constellation de satellites et de bâtir un écosystème spatial national d’ici 2028.
Le Sénégal devra également relever les défis du secteur spatial africain. Lors d’un webinaire organisé par Space in Africa en février, Zolana João, directeur du programme spatial angolais, a identifié plusieurs obstacles. Il a évoqué la réduction des budgets, avec une baisse de 20 % en 2024, et une diminution des soutiens internationaux. Il a également critiqué le manque de transparence et l’inefficacité de certains projets, comme les lancements de satellites purement symboliques, alors que des données similaires sont accessibles gratuitement. Enfin, il a souligné la sous-exploitation de l’intelligence artificielle et l’insuffisante prise en compte des besoins des utilisateurs, rendant les solutions peu adaptées au contexte africain.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 8 avril 2025)