Soudan du Sud : Salva Kiir ordonne la numérisation de toutes les institutions publiques
vendredi 19 décembre 2025
La transformation numérique gagne du terrain en Afrique où les TIC sont perçues comme un levier essentiel pour stimuler la croissance économique. Selon Endeavor, la taille de l’économie digitale sur le continent devrait atteindre 712 milliards USD contre 115 milliards USD en 2022.
Salva Kiir, le président de la République du Soudan du Sud, a récemment pris un décret accordant au Conseil des services électroniques les pleins pouvoirs pour numériser l’ensemble des institutions gouvernementales. Annoncée mercredi 17 décembre, l’initiative vise à accélérer la transformation numérique du pays pour en tirer pleinement parti.
L’annonce a été faite par le sous‑secrétaire aux Télécommunications, l’ingénieur Thomas Gatkuoth Nyak, qui préside le Conseil, à l’issue d’une évaluation des réalisations. Selon lui, toutes les institutions publiques qui résistent encore à la numérisation faute de compréhension devront être prêtes d’ici janvier 2025 à adopter ce changement. Il a ajouté que depuis l’introduction des services électroniques, l’économie nationale s’est améliorée d’environ 40 %.
Le ministère des TIC et des services postaux a introduit dès 2019 un système d’e‑gouvernement, en externalisant certains processus métier auprès d’une entité privée dans le cadre d’un contrat formel. Un « Cadre national de l’e‑gouvernement » élaboré par le prestataire oriente la mise en œuvre de plusieurs initiatives d’e‑gouvernement.
Le ministère estime d’ailleurs que la transformation numérique ouvre la voie à plusieurs bénéfices, notamment la stimulation de l’innovation, l’amélioration de la productivité, l’accès aux marchés mondiaux, la création d’emplois, la promotion de l’entrepreneuriat, le développement des infrastructures, la prise de décision fondée sur les données et une croissance inclusive.
Pour le moment, le Soudan du Sud se classe à l’avant‑dernière place au classement de l’Indice de développement de l’e‑gouvernement des Nations unies (EGDI), qui porte sur 193 pays. Le pays d’Afrique de l’Est a enregistré un score de 0,1191 sur 1, bien en deçà des moyennes africaine et mondiale.
Dans une étude diagnostique publiée en 2023, la Banque mondiale a déclaré que l’économie numérique du Soudan du Sud reste encore naissante malgré son potentiel. Son développement est freiné par l’accès à Internet, qui demeure coûteux et limité, ainsi que par l’absence d’un cadre réglementaire clair et prévisible dans le secteur des TIC, ce qui décourage les investissements privés. L’environnement macroéconomique fragile, les contraintes fiscales et l’insécurité généralisée contribuent également à limiter ces investissements. Par ailleurs, la demande reste faible en raison d’un marché restreint et d’une faible intégration régionale, tandis que le manque d’infrastructures TIC, qu’il s’agisse de plateformes électroniques, de logiciels ou de matériel, empêche une numérisation complète.
L’institution de Bretton Woods ajoute que l’accroissement de la numérisation des services publics comporte des risques importants. Les systèmes numériques impliquent souvent la collecte et le partage d’informations personnelles, comme pour l’enregistrement civil ou les cartes d’identité numériques, ce qui peut poser des problèmes de protection de la vie privée en l’absence de mesures adéquates. Par ailleurs, l’extension de la numérisation expose davantage les services et systèmes gouvernementaux aux cyberattaques, notamment les virus, logiciels malveillants et piratages, pouvant compromettre la sécurité des données personnelles et entraîner des vols d’identité ou des pertes financières.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 19 décembre 2025)
OSIRIS