SONATEL : les syndicalistes tirent sur Orange et demandent de meilleurs conditions de travail
lundi 21 juillet 2025
L’Intersyndicale des travailleurs de SONATEL (SYTS-SNTPT) attire l’attention des autorités sur la démarche de leur partenaire stratégique Orange de freiner le progrès social des employés et de compromettre le développement du groupe SONATEL. Selon le syndicat, le « labour cost » serait désormais dans la ligne de mire d’Orange, qui chercherait à réduire drastiquement la masse salariale. Cette stratégie, qualifiée de « plan pernicieux », s’appuierait sur des dispositifs internes comme « Yone Bou Bess » ou « Sama Yone », perçus comme un sacrifice des salariés au profit d’une politique de rentabilité à tout prix.
Dans leur communiqué, les syndicats pointent également du doigt le fait qu’Orange ferait porter à SONATEL et à ses filiales régionales comme Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Leone le fardeau du déficit du groupe, alors que les conditions de travail des employés se détérioreraient. Plus grave encore, l’Intersyndicale accuse Orange de constituer un frein à l’expansion de SONATEL sur les marchés anglophones africains, en privilégiant des opérations limitées aux pays frontaliers. Une position jugée contraire aux ambitions panafricaines de SONATEL et qui entraverait sa croissance externe.
L’Intersyndicale vise nommément deux anciens dirigeants de SONATEl, Alioune NDIAYE et Cheikh Tidiane MBAYE, accusés de soutenir activement la stratégie d’Orange au détriment des travailleurs. Les syndicats citent comme exemple la multiplication des demandes de prêts d’urgence auprès de la DRH, qu’ils interprètent comme le signe d’une précarisation croissante du personnel. Les critiques se durcissent contre Orange Bank, mise en cause pour proposer aux employés des prêts à des conditions jugées abusives (500 000 FCFA avec un taux de 5,99 % HT), en alternative aux prêts d’urgence classiques. Selon l’Intersyndicale, cette stratégie financière serait directement liée aux ambitions d’Orange dans le domaine de la Fintech via Orange Middle East and Africa (OMEA).
Face à cette situation qualifiée de « dérive dangereuse », l’Intersyndicale appelle à une mobilisation générale de tous les travailleurs, y compris l’encadrement, et exhorte l’État du Sénégal à reprendre la main sur la gouvernance de SONATEL. Elle réclame une autonomisation du management et un rééquilibrage des rapports avec Orange, dans un esprit de souveraineté économique.
Par ailleurs, l’Intersyndicale annonce la préparation imminente d’un plan d’actions de lutte, sans en dévoiler pour l’instant les modalités concrètes.
Khadydja Ndiaye
(Source : Wal Fadjr, 21 juillet 2025)