Sonatel : La nomination de Brelotte Ba à la tête de l’entreprise suscite des remous et pourrait connaître des suites judiciaires
vendredi 1er août 2025
La passation de pouvoir qui s’est déroulée jeudi 31 juillet au Groupe Sonatel prend une tournure judiciaire. Nommé officiellement il y a une semaine en remplacement de Sékou Dramé, Brelotte Ba ne fait pas l’unanimité. Son choix est désormais publiquement contesté et l’affaire pourrait bientôt atterrir devant le Tribunal de Commerce de Dakar si ce n’est déjà fait.
Achirou Ndiaye, représentant du personnel au Conseil d’administration de l’opérateur historique, dénonce une nomination “précipitée, opaque et irrégulière”. Présent à la réunion du Conseil du 24 juillet à Paris, il affirme, dans une interview accordée au quotidien sénégalais L’Observateur ce matin, que cette décision a été prise « sans appel à candidatures, ni présentation d’un projet stratégique », en violation flagrante du règlement intérieur.
« C’est un passage en force. Nous avons décidé de saisir la justice pour non-respect des procédures internes. Ce qui s’est passé est un échec manifeste de gouvernance », déclare Monsieur Ndiaye dans l’entretien paru chez nos confrères.
Le départ de Sékou Dramé, selon lui, n’était ni justifié par des résultats médiocres, ni dicté par une vision stratégique claire. « Malgré nos différends, il a obtenu les meilleures performances depuis 15 ans. Une croissance historique en 2023, des innovations fortes… Rien ne justifiait son remplacement », confie-t-il.
L’État, pourtant sollicité, n’a pas réagi à la hauteur des attentes. Reçus trois jours avant la réunion par le Premier ministre Ousmane Sonko, les représentants du personnel avaient été rassurés sur l’engagement de l’État à préserver les intérêts de l’entreprise, à l’en croire. Mais lors du Conseil, « les représentants de l’État sont restés silencieux », déplore Achirou Ndiaye, ajoutant que « le Palais lui-même a fait savoir qu’il n’avait pas été associé au choix du nouveau DG ».
Sur le profil de Brelotte Ba, qu’il qualifie de « pur produit de l’école Orange », le représentant du personnel alerte : « Le risque, c’est que Sonatel perde en souveraineté stratégique et devienne une simple courroie de transmission de la maison-mère. »
Aujourd’hui, la confiance est à reconstruire en interne. Le personnel, dit-il, est choqué par cette manière de faire et appelle à une gouvernance plus transparente, plus respectueuse des équilibres sociaux et plus alignée avec les enjeux nationaux. « L’État doit cesser d’être spectateur », conclut-il, convaincu que les autorités sénégalaises se doivent de « défendre les champions nationaux, protéger les travailleurs, et restaurer une gouvernance digne d’un fleuron comme Sonatel », conclut Achirou Ndiaye, en appelant à une vigilance collective.
(Source Le Techobservateur, 1er août 2025)