Sensibiliser et punir pour tenter de mettre fin aux dérives sur les réseaux sociaux
mercredi 31 mai 2017
Depuis un certain temps, il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que les sites d’information « People » spécialisés dans le « Buzz » ne publient des histoires de mœurs dont l’épicentre se trouve être sur les réseaux sociaux. Ainsi, à la fin de l’année 2016, la diffusion de photos et de vidéos exposant la nudité de la danseuse Mbathio Ndiaye avait défrayé la chronique. Ces données, ayant un caractère éminemment personnel, avaient été diffusées sans son consentement via WhatsApp et s’étaient par la suite répandues sur Internet grâce à la viralité des réseaux sociaux. A peine les effets de cette affaire étaient-ils retombés que le scandale de Djibril Ndiogou Diop, plus connu sous le nom de Tyco Tattoo, prenait le relais. Ce dernier n’avait en effet rien trouvé de mieux que de diffuser sur Snapchat les tatouages qu’il avait réalisés sur les parties intimes de ses clientes. Plus tard, un autre scandale prit le relais avec la diffusion sur WhatsApp d’une vidéo d’un homme présenté, à tort ou à raison, comme le célèbre lutteur Balla Gaye n° 2 en train de se faire faire une fellation. Plus récemment, un étudiant a été condamné pour avoir créé deux comptes Facebook avec des profils féminins qu’il utilisait pour appâter des femmes à la recherche du gain facile avec lesquelles il avait entretenu des relations sexuelles après leur avoir fait miroiter la possibilité d’obtenir de l’argent. Enfin, tout dernièrement, pour se venger de sa petite amie qui l’avait abandonné, un homme a créé un profil Whatsapp dénommé « Thiagatou gui » ainsi qu’un compte Facebook utilisant une de ses photos pour la discréditer en la faisant passer pour une femme de mœurs légères. A ces différentes affaires qui ont défrayé la chronique, il faut rajouter les affaires de moindre ampleur mais toutes aussi fréquentes consistant en la diffusion de photos ou de vidéos réalisées dans l’intimité et qui circulent sans consentement de téléphone portable en téléphone portable sous l’emprise du voyeurisme ou à des fins de discrédit voire de vengeance. La toute récente affaire du photomontage associant l’image du Président de la république à une photo nue, qui a conduit à l’inculpation et à l’incarcération de plusieurs personnes, constitue le dernier épisode de ces graves dérives. Ces actes, qui n’ont rien à voir avec la liberté d’expression ou le droit à l’information, relèvent de la diffamation car portant atteinte à l’honneur ou à la considération de tierces personnes. Dès lors, il urge d’organiser des campagnes de sensibilisation afin de mettre en garde les citoyens contre les pratiques consistant à se faire faire photographier ou filmer dans n’importe quelle posture en ignorant que ces images peuvent être détournées de leur objet originel ou être piratées par une personne animée de mauvaises intentions avec les conséquences graves, voire dramatiques, qui peuvent s’en suivre. Il faut notamment éclairer les utilisateurs des réseaux sociaux sur le caractère non privé des groupes de discussion proposés par les différentes applications qu’ils utilisent au quotidien. Il faut surtout les mettre en garde contre le concept totalement galvaudé d’ « ami » utilisé par Facebook qui met sur un même pied d’égalité les parents biologiques, les amis au vrai sens du terme, les simples connaissances et les personnes que l’on a rencontrées une fois dans sa vie voire avec lesquelles on ne possède aucun lien si ce n’est celui d’avoir des connaissances communes ! Quand Facebook vous permet d’avoir au moins 5000 « amis » et qu’un groupe WhatsApp peut compter jusqu’à 256 personnes, la raison, pour ne pas dire tout simplement le bon sens, commande de considérer ces espaces comme des communautés et par conséquent toutes les informations qui y sont diffusées revêtent un caractère public. Par mesure de précaution, les utilisateurs des réseaux sociaux doivent donc plutôt considérer ces derniers comme une extension de l’espace public dans le monde virtuel qu’une prolongation de leur sphère privée faute de quoi ils ne devront pas être surpris d’avoir à faire face à des situations désagréables voire à répondre de leurs actes ou de leurs propos devant la justice. Si ces dérives qui constituent des délits, doivent être sanctionnées, elles ne devraient pas pour autant conduire leurs auteurs directement en prison et pourraient se limiter à des amendes dont le montant serait dissuasif, si tant est que les réseaux sociaux qui se réinventent au tempo de l’Internet, avec des figures aussi imprévisibles qu’incontrôlables peuvent se soumettre à un contrôle autre que les règles que se donne la communauté des internautes. Mais, là c’est une autre question qui est posée et à résoudre.
Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales