OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2020 > Senelec vs Akilee : Une question de souveraineté énergétique, technologique (…)

Senelec vs Akilee : Une question de souveraineté énergétique, technologique et de sécurité des infrastructures critiques du Sénégal

dimanche 14 juin 2020

Point de vue

Au-delà des obligations légales et réglementaires (sur lesquelles nous ne nous attarderons pas outre mesure) du contrat liant Senelec et la startup Akilee, le Sénégal devra s’interroger, au moment de prendre une décision stratégique, sur les enjeux en termes de souveraineté énergétique, d’autonomie technologique et de risques en cybersécurité des infrastructures critiques.

Notre avis est que ça serait une grave erreur que de casser le contrat avec Akilee, ne serait-ce que pour confier sa mission initiale à Senelec (société publique) ; encore moins de la confier à une société étrangère (l’israélien PowerCom).

Notre expérience de plus de 10 ans chez Schneider Electric et plus récemment chez Général Electric (leaders mondiaux de la gestion d’énergie), dans la conception, le développement, le déploiement et la sécurisation de systèmes de gestion d’énergie de type EMS (Energy Management System) ou DMS (Distribution Management System), nos connaissances des vulnérabilités des infrastructures critiques telles que les réseaux de distribution électrique et les risques auxquels elles sont exposées, nous obligent à apporter notre contribution afin d’éclairer la lanterne des Sénégalais, en espérant éviter au Sénégal de rater le tournant de la digitalisation et la sécurisation de son réseau électrique.

Nous ne connaissons ni n’avons jamais rencontré les dirigeants de Akilee, et pourrions d’ailleurs nous considérer comme « victimes » du succès de Akilee ; nous avons rencontré en 2014 la direction technique et des projets de Senelec, la ministre de l’Energie (Maïmouna Ndoye Seck), son conseiller technique et actuel DG de Senelec (Pape Demba Bitèye), les responsables du PSE (Abdoul Aziz Tall, ministre et Ibrahima Wade, DG du BOS – Bureau Opérationnel de Suivi du PSE) pour leur présenter un projet de supervision et de contrôle et de monitoring du réseau de production, de transport et de distribution électrique. Ce système devait promouvoir l’intelligence électrique, l’efficacité énergétique et réduire les pertes techniques et non techniques de Senelec. Ces rencontres ont donné suite à une offre spontanée, technique et commerciale, restée sans suite…

Un contrat EMS standard…avec obligation de résultats

L’étude du contrat ne montre aucune clause qui pourrait être qualifiée de scandaleuse ; en réalité, ce contrat ne reprend que des clauses standards dans le domaine des EMS, notamment les clauses réciproques d’exclusivité et de non concurrence. Cela peut se comprendre aisément quand on sait que l’accès au Système d’Information Analytique (SIA) de Akilee permet de contrôler tout le réseau électrique sénégalais ; il doit donc être exclusivement réservé pour des raisons stratégiques et de sécurité à Senelec (qui en retour s’engage à ne travailler qu’avec le SIA de Akilee pour faire du smart grid).

L’obligation pour Senelec de fournir les serveurs et l’infrastructure physique de stockage s’explique par deux raisons simples :

1). Les données collectées et exploitées par l’application sont des données sensibles appartenant aux Sénégalais (Administration, industriels et particuliers), il est donc normal que l’Etat du Sénégal (ADIE plutôt que Senelec) soit responsable du stockage

2). Akilee ne disposant pas de datacenter, serait obligé de stocker les données collectées dans le Cloud (Google, Azure, etc.), et ces données échapperaient donc à la législation sénégalaise en matière de protection (les données étant soumises à la réglementation du pays où elles sont stockées).

Nous recommandons donc de stocker ces données dans des datacenters situés au Sénégal.

Le contrat décrit de manière assez précise le besoin et les objectifs, au travers notamment :

  • 1). Des exigences fonctionnelles
  • 2). Des exigences non fonctionnelles
  • 3). Une spécification fonctionnelle haut niveau du besoin

Au-delà de la fourniture de compteurs (à laquelle l’offre de Akilee semble réduite), un EMS se compose d’un package de services et d’applications permettant de surveiller, commander et protéger le réseau électrique. On peut citer l’application « SmartSEN », la recharge et la commande à distance de l’offre « Woyofal », le pilotage à distance de transformateurs, de disjoncteurs, de sectionneurs, de « réenclencheurs » et de relais de protection (détection, coupure, isolation, protection, facturation, etc.), entre autres applications modernes.

Akilee décompose sa rémunération en une part fixe et une part variable, adossée aux résultats obtenus dans l’élimination des pertes techniques et non techniques. Les agents de Senelec peuvent mettre parfois plus de 8 heures à détecter et isoler un défaut sur le réseau électrique ; la solution de Akilee permet via le télédiagnostic, de détecter, caractériser et localiser une panne en moins de 10s, ce qui constitue un gain de temps et d’efficacité non négligeable pour Senelec. Le coût total du projet ne nous semble pas exceptionnel si on inclut l’achat, l’installation des compteurs à travers tout le Sénégal, ainsi que le développement, le déploiement et l’exploitation du SIA.

Senelec étant une société de production, de transport et de distribution d’électricité, ses agents sont avant tout des électrotechniciens et/ou des électriciens (très compétents au demeurant) ; ils ne sont pas des informaticiens, ni des spécialistes des systèmes embarqués tels que les powermeters (ou compteurs intelligents). Ce n’est donc pas leur métier de développer un système informatique analytique permettant de faire de l’asset management. Si chacun fait son travail, les chevaux (vapeur) seront bien gardés.

Souveraineté énergétique, autonomie technologique et cybersécurité

La fourniture par Akilee des compteurs n’était pas forcément nécessaire ; Senelec (en charge de la distribution électrique) pourrait très bien s’occuper de l’achat et l’installation des compteurs et ceci à moindre coût (il est d’ailleurs prévu dans le contrat que ce soit des agents de Senelec, rémunérés par Akilee, en plus de leur rémunération par Senelec, qui assurent l’installation). A titre de comparaison, en France, EDF s’appuie sur ENEDIS pour distribuer et exploiter les compteurs Linky ; ENEDIS collecte les données de consommation et les transfère aux différents fournisseurs d’électricité (ENGIE, Direct Energie, GEG, etc.) pour facturation au réel. Les métiers sont donc bien séparés, et Akilee pourrait bien devenir le ENEDIS de Senelec.

A l’ère de la digitalisation et de l’explosion des systèmes connectés, il est stratégique pour un pays de maîtriser de bout en bout, la production, le transport et la distribution électrique. Il est encore plus important que les acteurs technologiques majeurs soient des nationaux. En effet, de l’avis de beaucoup d’experts en géopolitique et géostratégie, la troisième guerre mondiale sera digitale et l’une des armes les plus efficaces sera la capacité à prendre le contrôle d’infrastructures critiques telles que les réseaux électrique, hydraulique, Internet, les plateformes pétrolières et gazières, etc.

Le retard du monde industriel dans la conception et le déploiement de mesures de cyber défense, rend les systèmes industriels vulnérables aux hackers (white hat, grey hat ou black hat), provoquant ainsi un risque important de perte d’un voire des 3 principaux attributs de sécurité : Disponibilité, Confidentialité et Intégrité ; le réseau électrique est une cible de choix. En témoignent les attaques telles que STUXNET (2010 - centrifugeuses iraniennes), Shamoon (2012- Saudi Aramco et le réseau pétrolier saoudien), Black Energy (2016 – réseau électrique ukrainien), Dragon Fly (2017- intrusion de la Russie dans des SCADA aux USA), Blackout à New York (2019 – Manhattan). En 2018, le congrès américain a voté une loi autorisant une « activité militaire clandestine« dans le cyberespace pour »dissuader, protéger ou se défendre contre les attaques ou cyberactivités malveillantes contre les États-Unis." En 2019, les USA ont annoncé avoir installé des « malwares » dans le réseau électrique russe, et être capables d’en prendre le contrôle en cas de conflit.

Le maintien du contrat avec Akilee, et le renforcement de la startup pour en faire un champion des smart grid, de l’informatique industrielle embarquée, des systèmes de supervision, de contrôle et de monitoring (SCADA) des installations énergétiques, est un impératif si le Sénégal veut réussir la digitalisation de son industrie et le projet Sénégal Numérique 2025.

Quel message pour la diaspora sénégalaise qui souhaite rentrer au pays ?

Akilee emploie une centaine de jeunes sénégalais compétents, et inspire tous les jours d’autres candidats au retour. L’Etat du Sénégal devrait le renforcer pour en faire un géant, et la pierre angulaire de la révolution industrielle et technologique du pays, dans le domaine de la digitalisation et la sécurisation des infrastructures critiques. Le champ des services de gestion d’énergie est vaste et vide, et des nationaux doivent être encouragés à l’investir, pour développer d’autres applications, créer des emplois, et permettre au Sénégal de se défendre efficacement dans le monde des cyberattaques dans lequel nous vivons en 2020.

Si les pionniers du retour et de l’entrepreneuriat dans les technologies de pointe sont écartés après tant de sacrifices, au profit d’entreprises étrangères, quel message le Sénégal lancera-t-il alors à ses enfants installés loin du pays, et qui ne rêvent que d’un retour pour contribuer au développement du pays ?

Idy Demba Thiam,
Responsable de la Cybersécurité chez General Electric, Paris, France Ex Schneider Electric (10 ans) en conception de systèmes de gestion intelligente d’énergie (Smart grid) – Télémesure, télérelève, télédiagnostic et télémaintenance.
Ingénieur INSA Toulouse / Grenoble INP/ENSIMAG
Spécialisé dans la conception et la cybersécurité des systèmes électroniques embarqués.

(Source : Leral, 14 juin 2020)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2053/2216 Régulation des télécoms
  • 173/2216 Télécentres/Cybercentres
  • 1538/2216 Economie numérique
  • 791/2216 Politique nationale
  • 2216/2216 Fintech
  • 251/2216 Noms de domaine
  • 812/2216 Produits et services
  • 692/2216 Faits divers/Contentieux
  • 359/2216 Nouveau site web
  • 2155/2216 Infrastructures
  • 795/2216 TIC pour l’éducation
  • 90/2216 Recherche
  • 121/2216 Projet
  • 1367/2216 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 857/2216 Sonatel/Orange
  • 772/2216 Licences de télécommunications
  • 132/2216 Sudatel/Expresso
  • 462/2216 Régulation des médias
  • 599/2216 Applications
  • 494/2216 Mouvements sociaux
  • 769/2216 Données personnelles
  • 60/2216 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2216 Mouvement consumériste
  • 179/2216 Médias
  • 321/2216 Appels internationaux entrants
  • 697/2216 Formation
  • 45/2216 Logiciel libre
  • 836/2216 Politiques africaines
  • 406/2216 Fiscalité
  • 83/2216 Art et culture
  • 284/2216 Genre
  • 763/2216 Point de vue
  • 478/2216 Commerce électronique
  • 695/2216 Manifestation
  • 156/2216 Presse en ligne
  • 62/2216 Piratage
  • 102/2216 Téléservices
  • 415/2216 Biométrie/Identité numérique
  • 149/2216 Environnement/Santé
  • 155/2216 Législation/Réglementation
  • 167/2216 Gouvernance
  • 816/2216 Portrait/Entretien
  • 72/2216 Radio
  • 337/2216 TIC pour la santé
  • 139/2216 Propriété intellectuelle
  • 29/2216 Langues/Localisation
  • 507/2216 Médias/Réseaux sociaux
  • 915/2216 Téléphonie
  • 95/2216 Désengagement de l’Etat
  • 484/2216 Internet
  • 57/2216 Collectivités locales
  • 188/2216 Dédouanement électronique
  • 495/2216 Usages et comportements
  • 515/2216 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 276/2216 Audiovisuel
  • 1343/2216 Transformation digitale
  • 191/2216 Affaire Global Voice
  • 75/2216 Géomatique/Géolocalisation
  • 146/2216 Service universel
  • 330/2216 Sentel/Tigo
  • 87/2216 Vie politique
  • 727/2216 Distinction/Nomination
  • 17/2216 Handicapés
  • 336/2216 Enseignement à distance
  • 318/2216 Contenus numériques
  • 292/2216 Gestion de l’ARTP
  • 89/2216 Radios communautaires
  • 798/2216 Qualité de service
  • 212/2216 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2216 SMSI
  • 223/2216 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1268/2216 Innovation/Entreprenariat
  • 651/2216 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2216 Internet des objets
  • 85/2216 Free Sénégal
  • 171/2216 Intelligence artificielle
  • 98/2216 Editorial
  • 8/2216 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous