Sénégal : vers la création d’une Haute Autorité de régulation de la communication et des médias
vendredi 2 mai 2025
Lors d’une conférence de presse, le directeur de la Communication, Habibou Dia, a présenté les grandes lignes de la phase additionnelle des réformes médiatiques engagées par les autorités. Au cœur de cette nouvelle étape figure la création d’une Haute Autorité de régulation de la communication et des médias, destinée à remplacer le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA).
Selon M. Dia, cette future instance, définie à l’article 2 du projet de loi, élargira son champ de compétence à tous les médias, y compris ceux en ligne, ainsi qu’à la publicité. Contrairement au CNRA, dont l’action se limitait à l’audiovisuel, cette nouvelle autorité adoptera une approche transversale.
Inspirée par des échanges avec des régulateurs francophones comme l’ARCOM (France), la Côte d’Ivoire ou le Maroc, la réforme s’appuiera sur un collège diversifié regroupant des experts juridiques, techniques et issus de la société civile. Le décret, en cours de finalisation, n’a pas vocation répressive, a tenu à rassurer Habibou Dia. Il vise à structurer un secteur qu’il considère comme essentiel pour la démocratie, en garantissant une information fiable, en protégeant les journalistes, et en promouvant une presse plus transparente.
Le projet vient compléter le Code de la presse de 2017, en ciblant plusieurs dysfonctionnements structurels, dont la précarité des journalistes, l’absence de régulation stricte et la montée de la désinformation. « La non-application de la convention collective laisse les journalistes sans contrat ni couverture sociale, favorisant la corruption de l’information », a déclaré le directeur de la Communication.
Parmi les mesures prévues, les aides publiques seront désormais conditionnées à la conformité des entreprises de presse : respect des cotisations sociales, existence juridique formelle, et obligations fiscales. Par ailleurs, un arrêté de cessation de diffusion est envisagé pour les supports illégaux, sans pour autant entraîner la fermeture des entreprises concernées.
Un audit récent montre que sur 617 médias recensés, 358 ne sont pas conformes aux normes, incluant notamment des fichiers PDF ou des chaînes YouTube sans contenu original. Moins de 30 % des bénéficiaires du Fonds d’appui au développement de la presse rempliraient les conditions légales.
(Source : Senenews, 2 mai 2025)