Sénégal : Quand la téléphonie devient une alternative crédible aux banques
jeudi 5 juillet 2012
Un mini billet après quelques mois d’absence pour vous faire part d’un constat sur la transformation de l’utilisation de la téléphonie mobile au Sénégal, après un projet mené dans ce secteur.
Dans mon précédent billet, j’évoquais la situation du Sénégal, locomotive en matière de développement des NTIC en Afrique de l’Ouest. Ceci est d’autant plus vrai pour la téléphonie mobile. En effet, avec près de 10 millions de lignes portables et un taux de pénétration de près de 82%, le Sénégal est plus que jamais pionnier dans la téléphonie mobile en Afrique de l’Ouest. Ce développement est tel qu’aujourd’hui, les trois opérateurs (Orange, Tigo, Expresso) clefs du marché affichent une bonne santé financière.
Face à ce « boom téléphonique », d’autres acteurs ont voulu prendre leur part du gâteau en proposant des services innovants à commencer par les banques et autres services publics mais aussi des acteurs du privé qui misent sur le gros potentiel du marché.
Des services de plus en plus innovants et proches des consommateurs
Les acteurs de la transformation ont su mettre en œuvre des services innovants etproches des consommateurs. Ces services, souvent financiers constituent une vraie alternative aux traditionnels services des banques comme l’épargne, le transfert d’argent, le paiement de factures, le paiement marchand…Ces « phone-services » ont l’avantage d’être moins couteux, plus accessibles et disponibles « partout » et « tout le temps ».
Petit tour d’horizon des principaux acteurs :
Yobantel : Lancé en 2010 par la SGBS, Yoban’Tel permet le paiement par téléphone mobile et le transfert d’argent. Ce service est ouvert à tous ceux qui ont un téléphone portable, quel que soit l’opérateur. Ces derniers doivent ouvrir un compte chez Yoban’tel, et y verser des fonds. Actuellement Yoban’Tel permet entre autres d’envoyer et de recevoir de l’argent, de payer une facture SDE ou encore un abonnement Canal+.
Orange Money : Ce service de l’opérateur téléphonique Orange est surtout destiné aux clients Orange ne disposant pas de compte bancaire et souhaitant réaliser quelques opérations financiières courantes. Il permet notamment de faire les opérations financières suivantes :
- le dépôt et le retrait d’argent,
- le transfert d’argent de particulier à particulier,
- le paiement de facture (téléphone, électricité, eau ...),
- l’achat de biens et services dans certains commerces,
- l’achat de crédit téléphonique Orange.
Seul bémol, ce service est uniquement destiné aux clients Orange. On comprend bien que le premier opérateur téléphonique au Sénégal souhaite s’appuyer sur ce service pour attirer encore plus de clients.
W@ri : Premier opérateur privé dans ce marché, le groupe CSI propose à travers sa branche W@ri un ensemble de services innovants allant du transfert d’argent au paiement (factures, salaires, pensions, cotisations..) en passant par la gestion de porte monnaie électronique et de l’E banking . Grace à ses 30 000 transactions moyennes par jour et ses 2.000 points de vente, W@ri est devenu une alternative solide aux établissements financiers classiques. Sa simplicité de déploiement et sa proximité avec les populations lui procurent un vrai avantage concurrentiel.
Seul bémol, le client doit se rendre au niveau des « agences » W@ri pour faire ses opérations, contrairement aux services d’Orange Money directement accessibles depuis son mobile.
Pour une démocratisation des services bancaires
L’ensemble de ces services ont l’avantage d’être accessibles aux populations grâce à une simplicité d’utilisation & des canaux de distribution (téléphonie & points de service) développés. L’autre avantage réside dans le faible coût de ces services, comparés aux coûts des services bancaires qui sont souvent très élevés.
On peut donc s’attendre à voir demain, la migration des services bancaires dans ce marché de la téléphonie (ce qui est déjà le cas avec certains établissements) ; ce qui permettrait sans doute une démocratisation des services bancaires et la baisse des coûts.
Reste à savoir si d’autres opérateurs viendront enrichir ce secteur et si les facturiers, commerçants et fournisseurs de services suivront la transformation.
(Source : Malick Dièye :
Blog d’actualité en management des systèmes d’information, 5 juillet 2012)