OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Septembre 2025 > Sénégal : la taxation du Mobile Money, un pari risqué pour l’État et pour (…)

Sénégal : la taxation du Mobile Money, un pari risqué pour l’État et pour l’inclusion financière

jeudi 11 septembre 2025

Fiscalité

Le gouvernement sénégalais a adopté, le 30 juillet, un Plan de redressement économique et social (2025-2028) dans un contexte marqué par une situation budgétaire préoccupante. Selon la Cour des comptes, le pays doit composer avec un déficit de 12,3 % et une dette publique représentant 99,67 % du PIB, hérités de la décennie Macky Sall (2012-2024).

Face à ces déséquilibres, les nouvelles autorités, au pouvoir depuis avril 2024, multiplient les réformes fiscales et budgétaires afin de restaurer les finances publiques.

C’est dans ce cadre qu’elles envisagent d’instaurer une nouvelle taxe sur les transactions d’argent mobile, censée générer environ 220 milliards de FCFA en trois ans. Concrètement, la réforme prévoit l’application d’un taux de 0,5 % sur chaque transfert et de 1,5 % sur les paiements marchands, ce qui signifie que chaque usager sera directement touché, tandis que les commerçants supporteront un prélèvement additionnel de 2 %.

Or, cette mesure intervient dans un pays où le Mobile Money joue un rôle crucial. Plus de 90 % des adultes de plus de 15 ans possèdent un portefeuille électronique, contre un taux de bancarisation limité à 26 %. En 2025, les transactions via ces plateformes ont atteint 15 300 milliards de FCFA, illustrant leur importance systémique dans les paiements, l’épargne et les transferts familiaux. Dans ce contexte, taxer ce secteur revient à affecter directement les ménages, les petits commerçants, les étudiants et les femmes qui en sont les principaux utilisateurs.

L’inclusion financière en question

Les conséquences potentielles d’une telle réforme suscitent déjà des inquiétudes. En effet, une augmentation des frais de transaction pourrait se traduire par une hausse du coût de la vie et un retour massif aux paiements en espèces, ce qui limiterait paradoxalement les recettes fiscales attendues. Par ailleurs, les fintechs et les opérateurs de télécommunication, qui portent l’innovation financière au Sénégal, pourraient ralentir leurs investissements. Enfin, souligne un acteur de la place, « une fiscalité perçue comme injuste risquerait d’éroder la confiance des usagers, au moment même où l’inclusion financière constitue un levier essentiel de modernisation économique ».

L’expérience des pays voisins illustre d’ailleurs ces risques. Au Cameroun, par exemple, l’introduction d’une taxe de 0,2 % en 2022 a provoqué une forte grogne et un recul temporaire des volumes échangés. En Ouganda, la décision d’imposer en 2018 l’ensemble des opérations d’argent mobile – dépôts, transferts et retraits – a entraîné un effondrement brutal des transactions, contraignant le gouvernement à revoir sa copie sous la pression de la rue. Si les volumes se sont par la suite redressés, la mesure continue d’être critiquée pour ses effets négatifs sur les petits usagers. À l’inverse, au Kenya et en Tanzanie, des taxes limitées aux frais de service ont été plus faciles à absorber, même si elles touchent de manière disproportionnée les populations à faibles revenus.

Un choix politique délicat

L’enjeu pour le Sénégal dépasse donc la simple question des recettes. Il s’agit de trouver un équilibre entre la nécessité d’élargir la base fiscale et celle de préserver une dynamique d’inclusion financière qui a profondément transformé la société. Car le Mobile Money ne se réduit pas à un service technique : il est devenu un fait social total, structurant les solidarités, fluidifiant les échanges commerciaux et compensant les limites du système bancaire classique.

En définitive, la taxe sur l’argent mobile illustre bien le dilemme des États africains : comment accroître leurs revenus budgétaires sans freiner l’élan de la transformation digitale. Pour le Sénégal, la réussite de cette réforme dépendra moins du taux choisi que de la capacité des autorités à construire une fiscalité progressive, concertée et socialement acceptée, capable de concilier impératifs de redressement budgétaire et préservation d’un acquis majeur de l’inclusion financière.

Albert Savana

(Source : Financial Afrik, 11 septembre 2025)

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4412/4994 Régulation des télécoms
  • 359/4994 Télécentres/Cybercentres
  • 3363/4994 Economie numérique
  • 1722/4994 Politique nationale
  • 4927/4994 Fintech
  • 553/4994 Noms de domaine
  • 1741/4994 Produits et services
  • 1506/4994 Faits divers/Contentieux
  • 762/4994 Nouveau site web
  • 4994/4994 Infrastructures
  • 1729/4994 TIC pour l’éducation
  • 184/4994 Recherche
  • 246/4994 Projet
  • 3234/4994 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1794/4994 Sonatel/Orange
  • 1610/4994 Licences de télécommunications
  • 268/4994 Sudatel/Expresso
  • 953/4994 Régulation des médias
  • 1239/4994 Applications
  • 1034/4994 Mouvements sociaux
  • 1576/4994 Données personnelles
  • 165/4994 Big Data/Données ouvertes
  • 596/4994 Mouvement consumériste
  • 368/4994 Médias
  • 654/4994 Appels internationaux entrants
  • 1752/4994 Formation
  • 106/4994 Logiciel libre
  • 1943/4994 Politiques africaines
  • 1000/4994 Fiscalité
  • 177/4994 Art et culture
  • 582/4994 Genre
  • 1616/4994 Point de vue
  • 1028/4994 Commerce électronique
  • 1523/4994 Manifestation
  • 322/4994 Presse en ligne
  • 126/4994 Piratage
  • 204/4994 Téléservices
  • 890/4994 Biométrie/Identité numérique
  • 313/4994 Environnement/Santé
  • 333/4994 Législation/Réglementation
  • 349/4994 Gouvernance
  • 1748/4994 Portrait/Entretien
  • 148/4994 Radio
  • 704/4994 TIC pour la santé
  • 268/4994 Propriété intellectuelle
  • 58/4994 Langues/Localisation
  • 1076/4994 Médias/Réseaux sociaux
  • 2064/4994 Téléphonie
  • 198/4994 Désengagement de l’Etat
  • 1028/4994 Internet
  • 122/4994 Collectivités locales
  • 441/4994 Dédouanement électronique
  • 1079/4994 Usages et comportements
  • 1046/4994 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 565/4994 Audiovisuel
  • 3029/4994 Transformation digitale
  • 393/4994 Affaire Global Voice
  • 156/4994 Géomatique/Géolocalisation
  • 382/4994 Service universel
  • 687/4994 Sentel/Tigo
  • 178/4994 Vie politique
  • 1552/4994 Distinction/Nomination
  • 36/4994 Handicapés
  • 696/4994 Enseignement à distance
  • 729/4994 Contenus numériques
  • 599/4994 Gestion de l’ARTP
  • 180/4994 Radios communautaires
  • 1866/4994 Qualité de service
  • 436/4994 Privatisation/Libéralisation
  • 132/4994 SMSI
  • 457/4994 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2685/4994 Innovation/Entreprenariat
  • 1362/4994 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 46/4994 Internet des objets
  • 177/4994 Free Sénégal
  • 379/4994 Intelligence artificielle
  • 198/4994 Editorial
  • 22/4994 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous