Sénégal : arrestation de l’administrateur d’un site pour adultes
samedi 19 juillet 2025
L’arrestation d’El Hadj Babacar Dioum, administrateur d’un site pour adultes, relance le débat sur la cybercriminalité et la sextorsion au Sénégal.
El Hadj Babacar Dioum, alias « Kocc Barma », 38 ans, a été arrêté par la police sénégalaise dans une résidence sécurisée d’un quartier de Dakar, rapportent les quotidiens Libération et L’Observateur. Le suspect a été interpellé en possession de centaines de sextapes de Sénégalaises stockées sur son ordinateur et de preuves numériques établissant son contrôle sur le site pornographique Babiporno.
Les enquêteurs ont saisi huit véhicules, une arme à feu et une somme importante d’argent liquide. L’exploitation des serveurs désormais sous contrôle de la police a mis en lumière des transactions financières anonymes et un réseau structuré. Selon les mêmes sources, plus de 5 000 plaintes ont été enregistrées depuis 2018, impliquant des victimes allant d’anciens ministres à des journalistes, avocats, célébrités et anonymes.
L’enquête a été déclenchée par la plainte d’une jeune femme qui voulait protéger sa sœur de 16 ans, victime de chantage sexuel. La police a également placé sous surveillance un restaurant de Bourguiba, tandis que la femme de Dioum et d’autres proches devraient être entendus. Les autorités ont fermé définitivement le site Babiporno après avoir pris la main sur ses serveurs.
Ce scandale intervient dans un contexte où la « sextorsion » prend de l’ampleur au Sénégal. Dans un reportage publié en novembre 2023, Radio France Internationale (RFI) donnait la parole à « Aissatou » (prénom modifié), victime de chantage après que des vidéos intimes, destinées à son mari, eurent été volées par un proche avant d’être revendues à des réseaux spécialisés. Ces derniers réclamaient des sommes allant jusqu’à 800 000 francs CFA sous menace de diffusion des contenus.
Plus largement, une étude récente de KnowBe4 AFRICA souligne que 58 % des Africains se disent aujourd’hui inquiets face à la cybercriminalité, contre 29 % en 2023, avec la fraude en ligne, l’extorsion numérique et les pertes financières comme principales préoccupations. L’étude relève aussi la montée de techniques comme les deepfakes et l’ingénierie sociale, ainsi qu’une tendance inquiétante à divulguer des données personnelles.
(Source : APAnews, 19 juillet 2025)