Paris, le parc des expositions de la Porte de Versailles devient chaque année le centre névralgique de l’innovation technologique avec VivaTech, le plus grand rendez-vous tech d’Europe. Cette année encore, le Sénégal répond présent, non pas avec une délégation symbolique, mais avec un contingent solide de 16 start-ups, regroupées sous le label Lionstech Invest. Regroupées sur le stand L30, ces entreprises incarneront, du 11 au 14 juin, les espoirs et les mutations d’un écosystème sénégalais résolument tourné vers la transformation numérique.
Dans une arène où l’intelligence artificielle, les biotechnologies et les transitions écologiques dominent les discussions, ces jeunes pousses ne viennent pas simplement observer. Elles viennent convaincre, réseauter, séduire les investisseurs, et surtout montrer que l’innovation africaine ne se limite plus à l’adaptation, mais qu’elle peut elle aussi inspirer.
Des réponses africaines à des défis mondiaux
La diversité des start-ups sélectionnées reflète l’étendue des enjeux que le Sénégal cherche à relever. Certaines misent sur l’urgence climatique et les défis liés à la mobilité durable : Mbay Mobility et Solar Box développent des solutions d’e-mobilité et d’énergie propre. D’autres s’attaquent à des questions de santé publique avec Eyone Medical, ou de sécurité alimentaire à travers NeoFarm, qui mise sur les insectes comme levier nutritionnel.
La chaîne logistique, cruciale pour les économies africaines, est également bien représentée. Paps et Logidoo s’efforcent de fluidifier les échanges dans un continent où le dernier kilomètre reste un défi. En parallèle, des projets comme Anilaye ou Limawa proposent des alternatives techniques à l’accès à l’eau potable et à la conservation par le froid, problématiques souvent négligées dans les grands forums technologiques.
Le volet éducatif n’est pas en reste. Quitus se donne pour mission de lutter contre le décrochage scolaire grâce à la technologie. Jàngat AI mise sur l’intelligence artificielle pour améliorer la productivité des entreprises et des administrations. Quant à Maison Detta, elle propose une vision audacieuse du luxe africain, mêlant design traditionnel et innovation textile.
Un écosystème en pleine affirmation
Derrière cette présence coordonnée, Lionstech Invest joue un rôle central. En accompagnant ces start-ups, l’initiative cherche à structurer un environnement favorable à l’innovation en Afrique francophone. Ce type de présence collective permet aux jeunes entreprises de franchir un cap : celui de la confrontation directe aux standards internationaux.
Participer à VivaTech, c’est aussi se frotter à l’exigence. Cela oblige les start-ups à peaufiner leurs pitchs, clarifier leurs business models, adapter leurs offres, et souvent à réajuster leurs ambitions. Mais c’est surtout l’occasion de briser des barrières invisibles : celles du doute, du complexe périphérique ou du manque de réseau.
L’enjeu, pour ces 16 entreprises, dépasse largement la durée du salon. Les contacts noués, les partenariats esquissés et la reconnaissance acquise sont autant de tremplins vers des marchés plus vastes. Mais c’est surtout un signal fort envoyé à la jeunesse sénégalaise : innover, entreprendre, et réussir depuis l’Afrique, c’est possible — et c’est en marche.
(Source : La Nouvelle tribune, 10 juin 2025)