Sécurité du mobile money au Ghana : vers un contrôle biométrique des cartes SIM
mardi 9 septembre 2025
La fraude liée au mobile money connaît une croissance inquiétante au Ghana, exposant les vulnérabilités du système financier numérique. Face à cette situation, le gouvernement cherche à déployer des solutions sécurisées, combinant identification des personnes et registre centralisé des équipements.
Le ministre ghanéen de la Communication, des Technologies numériques et des Innovations, Samuel Nartey George, a annoncé vendredi 5 septembre à Accra l’introduction prochaine d’un nouveau cadre légal d’enregistrement des cartes SIM. L’annonce a été faite lors d’une rencontre entre le ministère, les opérateurs télécoms et des leaders religieux. L’objectif est de renforcer la lutte contre la fraude croissante liée à la monnaie mobile.
Ce dispositif, qui doit être soumis au Parlement en octobre sous forme d’instrument législatif, vise à lier chaque carte SIM à la base biométrique de l’Autorité nationale d’identification (NIA). Il repose sur la vérification biométrique, l’intégration d’un registre centralisé des équipements (CEIR) et la synchronisation des données avec la NIA, afin de rendre plus difficile la fraude. Le ministère entend par ailleurs renforcer la protection des données personnelles, en particulier au niveau des agents d’argent mobile, souvent identifiés comme le maillon faible du système.
Le Ghana figure parmi les pays africains où le mobile money connaît une forte adoption. Selon un rapport du GSMA, le taux de pénétration du mobile money au Ghana a atteint 200 % fin 2023, avec 66 millions de comptes inscrits pour une population de 33 millions, et plus de 55 % de la population qui y a recours pour les paiements et transferts. Mais cette expansion s’accompagne d’une multiplication des arnaques.
Selon le Rapport sur la stabilité financière 2023 de la Banque du Ghana, 13 451 cas de fraude ont été signalés dans l’ensemble du secteur financier. Parmi ceux-ci, la fraude au mobile money représentait 20 %, soit près de 2 700 cas impliquant des portefeuilles électroniques tels que MTN MoMo, Vodafone Cash et AirtelTigo Money.
En mettant en place un cadre légal plus strict et une intégration systématique avec les bases biométriques, les autorités espèrent réduire significativement les vulnérabilités du système et limiter l’usurpation d’identité. L’initiative devrait permettre de renforcer la confiance des citoyens dans les services financiers numériques, d’améliorer la traçabilité des transactions et, à terme, de consolider l’écosystème numérique du pays face à la cybercriminalité croissante.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 9 septembre 2025)