Rebondissement dans le rachat de Tigo : Wari out, un consortium Free-Dalma-Yérim Sow rafle l’opérateur de téléphonie
lundi 31 juillet 2017
Rebondissement dans l’affaire de la cession de Tigo au groupe Wari. Un big business qui avait été annonçait le 7 février 2017 par le groupe Millicom, renseignant avoir conclu avec Wari un accord portant sur la vente de Tigo, deuxième opérateur de téléphonie mobile au Sénégal. La transaction portait sur 129 millions de dollars, soit environ 80 milliards de francs CFA. Selon nos capteurs, le deal de Wari a capoté, parce que Wari n’a pas su satisfaire aux conditions financières préalablement souscrites. Dans les heures qui suivent, les autorités devraient lever le voile sur les contours de ce flop et annoncer officiellement le rachat de Tigo par un consortium tripartite composé de Xavier Niel de l’opérateur FREE, de DALMA (une société spécialisée) et d’un autre tycoon sunugaalien Yérim Sow. A quelles conditions financières, ils ont repris l’affaire ? On en saura plus dans quelques heures.
En tout cas, sur le profil de nouveaux repreneurs, si Yérim Sow n’est plus à présenter au Sénégal, il faut juste rappeler que le fils d’Alioune Sow a déjà un pied dans la téléphonie en Côte d’Ivoire avec Loteny, au Cap Vert avec Tplus, en Guinée avec Intercel, dans la banque avec Bridge Bank, le Btp, l’hôtellerie…
Quant à Xavier Niel, il est le principal actionnaire de FREE et copropriétaire du journal Le Monde avant lequel il a investi dans beaucoup de magazines et de sites d’info. Son arrivée dans la téléphonie au Sénégal va davantage complexifier ses relations avec Orange. Il sera en concurrence avec la marque au Sénégal alors qu’ailleurs, il a eu à racheter des filiales de l’opérateur français, comme c’est le cas en Suisse avec Orange Suisse pour 2,3 milliards d’euros. C’est un investisseur quasi-compulsif qui met ses billes partout avec une certaine frénésie, surtout dans les start-up. D’ailleurs en 2013 rappelle JA, il avait participé à lancer avec le sénégalais Pap’Amadou Ngom, PDG de la société de services et de conseil en informatique « Des Systèmes et de Hommes », ainsi que le groupe télécoms français Orange, la plateforme Afrimarket pour permettre à la diaspora africaine résidente en Europe de payer directement pour des proches rester en Afrique des produits alimentaires, de santé, électroménager et construction. Médiapart disait de lui, le13 janvier 2013 que « les fans de Xavier Niel voient en lui le Robin des bois d’Internet, qui a su rendre de l’argent aux consommateurs. Ses détracteurs lui reprochent de siphonner les investissements publics. L’homme, en tout cas a prospéré sous la protection des autorités de régulation ». Alors sera-ce le cas au Sénégal ?
Chronique d’un long feuilleton à rebondissements
Depuis l’annonce le 7 février 2017 du rachat de Tigo par Wari, il y a eu beaucoup d’incertitudes qui pesaient sur l’affaire. Le 10 février 2017, en marge du séminaire de partage avec les journalistes dur les 15ans de l’Artp, le DG de l’Artp avait déclaré, selon le site « agenceeconn » : « Je ne me prononcerai pas sur cette question étant donné que je n’ai reçu aucune correspondance officielle de Tigo me parlant de son intention de de céder ses actifs à Wari ». Il ajoutait que « la condition sine qua non d’une cession de concession c’est l’approbation de l’Etat du Sénégal ». Toutefois, il faisait remarqué que si rachat il y a, le Code des télécommunications dispose de moyens permettant à l’Artp de valider cette opération si elle a l’accord des autorités.
Le 15 février, le site de Senemedia révélait que l’Etat du Sénégal a fait savoir qu’il a appris l’existence de cette transaction à travers la presse et que la transaction n’a aucune valeur juridique. L’on cite, selon la même source, le Code des télécommunications qui dispose en son article 23 que dans une telle opération, l’Etat du Sénégal doit non seulement être informé, mais il doit être associé aux négociations. L’article 27 du même Code dispose, par ailleurs, que les licences délivrées sont personnelles. Il est aussi noté que la convention qui lie Millicom à l’Etat du Sénégal stipule que la concession de la licence est strictement personnelle et ne peut être cédée sauf accord du concédant (l’Etat du Sénégal). Millicom ne peut donc pas vendre sa licence sans au préalable avoir l’accord des autorités sénégalaises, qui peuvent s’opposer à la vente.
Mais les choses semblaient aller dans le bon sens quand le 21 février, le premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne qui présidait la cérémonie d’ouverture de l’édition 2017 des « Assises de l’entreprise » initiée par le Conseil national du patronat (CNP) avait félicité Kabirou Mbodje présent dans la salle : « La récente acquisition d’un des opérateurs de téléphonie mobile par un groupe de monétique (sunugaalien), j’allais dire africain est à considérer dans cette perspective que nous saluons. Félicitations à toi (Kabirou Mbodje) ». Mieux encore, 08 mars 2017, e marge de la réunion de la commission « Administration et Finances » de l’Union Panafricaines de Postes (UPAP) à Dakar, le DG de l’Artp soulignait cette fois-ci que le dossier pour l’acquisition de Tigo par Wari était déjà en cours d’examen au niveau du régulateur des télécoms et que ce sera traité « le plus rapidement possible ». Pendant ce temps les travailleurs de la société de téléphonie étaient contre la cession de leur outil de travail et faisaient entendre leur voix. Seront-ils satisfaits de la nouvelle tournure des évènements ?
Harouna Dème
(Source : Vox Populi, 31 juillet 2017)