RDC : le numérique peut ajouter environ 4,1 milliards $ à l’économie d’ici 2029
lundi 22 septembre 2025
De nombreux pays africains misent sur la transformation numérique comme pilier du développement socio-économique au cours des prochaines années. Au Ghana, par exemple, la GSMA estime le potentiel numérique à environ 3,4 milliards $ d’ici 2029.
La République démocratique du Congo (RDC) pourrait générer une valeur ajoutée de 11 800 milliards de francs congolais (environ 4,1 milliards $), près de 2,5 millions d’emplois et un surcroît de recettes fiscales d’environ 3000 milliards CDF d’ici 2029 grâce à l’accélération de la transformation numérique de son économie. C’est ce qu’indique l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) dans un rapport sur le pays publié le jeudi 18 septembre, lors du Digital Africa Summit à Kinshasa.
Intitulé « La transformation numérique de la RDC : opportunités, réformes politiques et rôle des télécommunications mobiles », le rapport attribue cette croissance à l’impact positif de la téléphonie mobile sur la productivité dans des secteurs comme l’agriculture, l’industrie et le commerce de détail, ainsi que dans les services publics tels que l’administration, l’éducation et les soins de santé.
« L’adoption des technologies numériques permet d’ouvrir de nouvelles voies de transformation numérique inclusive, que ce soit en augmentant la valeur ajoutée des ressources agricoles, en facilitant l’accès aux chaînes de valeur mondiales, en améliorant l’éducation et les soins de santé, en réduisant les coûts de transaction ou en favorisant l’efficacité, la transparence et la gouvernance des services gouvernementaux en faveur des citoyens et des entreprises », peut-on lire dans le document.
Industrie et agriculture en première ligne
La valeur ajoutée est portée par le secteur industriel avec 6500 milliards de francs congolais, soit 6,5 % du PIB du secteur. Il est également attendu 300 000 emplois et 1000 milliards de recettes fiscales. Cela se fera notamment grâce à l’adoption des technologies de l’industrie 4.0 telles que l’IoT, l’impression 3D, la réalité virtuelle, l’analyse et l’exploitation de données, l’IA et le Machine Learning, qui permettraient de réduire les temps d’arrêt des machines, de renforcer la sécurité, d’améliorer la productivité et d’optimiser le processus de fabrication.
L’agriculture, qui représente environ 17 % du PIB et emploie 55 % de la population active, devrait générer une valeur ajoutée de 2100 milliards de francs congolais, 1,7 million d’emplois supplémentaires et un surcroît de recettes fiscales estimé à 300 milliards CDF. Selon la GSMA, la digitalisation de l’agriculture offre un potentiel important d’amélioration de la productivité agricole, notamment grâce à un meilleur accès à l’information, un suivi plus efficace des cultures, un accès facilité aux marchés et une plus grande efficacité de la chaîne de valeur.
Dans le domaine des services, les applications numériques permettront d’améliorer la commercialisation de nouveaux produits, de développer les services de livraison, de réduire les coûts de transport et de logistique, d’améliorer l’efficacité et de renforcer les liens avec les marchés. Ainsi, la GSMA s’attend à une plus-value de 1900 milliards CDF, 500 000 emplois et un surcroît fiscal de 300 milliards CDF. La digitalisation de l’administration publique promet également un surcroît de recettes de 1300 milliards CDF.
Une volonté politique affirmée
La RDC s’inscrit déjà dans la dynamique de la transformation numérique avec des actions menées à travers son Programme d’Action et dans le Plan national du numérique « Horizon 2025 » (PNN), qui ambitionne de faire du numérique congolais un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le pays a créé un ministère consacré à l’économie numérique.
Le ministre Augustin Kibassa Maliba avait déclaré lors de la cérémonie de lancement du rapport que l’action du gouvernement repose sur cinq axes majeurs : la mise en place d’une identité numérique fiable pour l’inclusion des citoyens et la modernisation de l’administration ; le déploiement d’un portail numérique national (e-Gov) pour améliorer l’accès aux services publics ; le renforcement des infrastructures critiques (data centers, plateformes souveraines, connectivité) ; la promotion de la cybersécurité et de la protection des données pour garantir la confiance des usagers et investisseurs ; le soutien à l’innovation et aux start-ups locales, moteurs de création d’emplois pour la jeunesse.
Pour atteindre ces objectifs, le ministre a insisté sur la nécessité d’une coopération solide avec les partenaires africains et internationaux. Il a appelé les investisseurs, entreprises technologiques et bailleurs à s’associer au gouvernement à travers des partenariats public-privé dans les infrastructures, le financement de projets numériques inclusifs et le renforcement des capacités locales, afin de permettre à la jeunesse congolaise de devenir l’avant-garde de la révolution digitale.
Des infrastructures télécoms encore à renforcer
Il convient toutefois de rappeler que les services de télécommunications sont indispensables à la transformation numérique. « Grâce à son infrastructure de connectivité et aux services numériques qu’il propose, le secteur des télécommunications mobiles est à la base du processus de digitalisation », souligne la GSMA.
L’organisation indique que l’un des principaux défis de la RDC est de rendre l’accès à Internet plus abordable pour la majorité de la population, dont les revenus restent souvent faibles. Le pays comptait ainsi environ 18,1 millions d’utilisateurs d’Internet en 2024, soit 17 % de la population totale. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile, lui, est estimé à 65 %.
D’autres contraintes freinent également l’adoption des services numériques, notamment la couverture réseau limitée, une pression fiscale élevée avec près d’une cinquantaine de taxes et redevances, ainsi que la difficulté d’accès à une énergie abordable et fiable.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 22 septembre 2025)