RDC : 1 milliard USD d’investissements pour devenir un hub digital d’ici 2030
lundi 29 septembre 2025
En Afrique, le numérique est perçu comme un catalyseur du développement socio-économique au cours des prochaines années. En RDC, la GSMA a chiffré le potentiel du numérique à 4,1 milliards $ d’ici 2030.
Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) prévoient d’investir un milliard USD d’ici 2030 afin de faire du pays un hub digital. Le programme d’investissement a été annoncé par Augustin Kibassa Maliba, ministre de l’Economie numérique, au forum « DRC Digital Nation 2030 » organisé le 26 septembre en marge de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, aux États-Unis.
Selon le ministre, les fonds seront principalement consacrés à renforcer la connectivité, considérée comme le « socle incontournable de la digitalisation ». Si aucun projet spécifique n’a encore été détaillé, cela peut faire référence à l’amélioration des services de télécommunications via des investissements dans les tours télécoms, la fibre optique et autres infrastructures.
Actuellement, selon les données officielles, le taux de pénétration de la téléphonie est de 63 % contre 34 % pour Internet. Dans un récent rapport, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime à seulement 17 % le taux de pénétration de l’Internet mobile en 2024.
« Avec cet investissement conséquent de l’État de 1 milliard de dollars américains sur fonds propres, étalé sur 5 ans pour le secteur du numérique, tel qu’annoncé par le Chef de l’État, des projets du PNN [Plan National du Numérique « Horizon 2025 », Ndlr] n’ayant pas pu être réalisés faute de financements directs de l’Etat vont pouvoir être exécutés », a déclaré Dominique Migisha, coordonnateur de l’Agence pour le développement du numérique, dans une publication sur X le samedi 27 septembre.
Un nouveau plan stratégique en quatre points
M. Kibassa Maliba a également présenté un nouveau Plan National de Développement du Numérique – Horizon 2030 destiné à coordonner l’action du gouvernement, articulé autour de quatre axes majeurs. Le premier est le développement des infrastructures numériques, incluant la connectivité et les solutions d’hébergement de données.
Le plan prévoit aussi la mise en place de l’e-gouvernement afin de doter la RDC de services publics modernes et digitalisés, conformes aux standards internationaux. Il inclut le renforcement de la gouvernance numérique, notamment à travers des solutions de cybersécurité, et met un accent particulier sur la formation aux compétences numériques, en ciblant les femmes et les jeunes.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie des autorités congolaises de « faire du numérique congolais un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social ». La GSMA estime par exemple que le numérique peut ajouter environ 4,1 milliards $ à l’économie de la RDC d’ici 2029.
Pour le moment, le pays d’Afrique centrale est classé 179e sur 193 en 2024, selon l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies. Le pays a enregistré un score de 0,2715 sur 1, en dessous de la moyenne en Afrique centrale (0,3354), en Afrique (0,4247) et dans le monde (0,6382).
Mais pas sans les acteurs privés
Le ministre a rappelé que l’ambition de faire de la RDC un hub digital ne pourra aboutir sans synergie entre le gouvernement, les institutions publiques et les acteurs privés. Lors du lancement d’un rapport de la GSMA sur le pays, il avait déjà insisté sur la nécessité d’une coopération solide avec les partenaires africains et internationaux, invitant investisseurs, entreprises technologiques et bailleurs à unir leurs forces avec le gouvernement via des partenariats public-privé, le financement de projets numériques inclusifs et le renforcement des capacités locales.
En marge du forum « DRC Digital Nation 2030 », M. Kibassa a ainsi rencontré l’entreprise américaine Unity Development Fund qui a exprimé son intention d’investir en RDC, notamment dans le numérique. Les projets évoqués portent sur le renforcement des infrastructures digitales, la promotion de l’innovation technologique ainsi que l’appui aux jeunes entrepreneurs du secteur.
Depuis le début de l’année, le gouvernement s’est aussi rapproché de plusieurs partenaires tels que Microlink, Starlink, Nokia, S2T Technopole Elghazela, Genew, Zhongshi Wosen et Trident ainsi que des opérateurs locaux (Africell, Vodacom, Orange, Helios Towers). En février, un protocole d’accord d’un milliard de dollars avait par exemple été signé avec la société indienne General Technologies pour des projets numériques.
En juin, le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a aussi conclu une série d’accords de financement pour un montant total de 1,9 milliard de dollars avec la Banque mondiale, dont 400 millions spécifiquement alloués au numérique. Un montant de 100 millions d’euros (soit environ 117 millions de dollars) est également attendu de l’Union européenne.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 29 septembre 2025)