Qualité de service télécoms : le Tchad se tourne vers le Sénégal
vendredi 25 avril 2025
Au Tchad, les opérateurs télécoms sont confrontés aux plaintes récurrentes des abonnés concernant la dégradation de la qualité des services au cours des derniers mois. Le gouvernement exerce une pression pour corriger cela.
Le Tchad veut apprendre du Sénégal comment améliorer la qualité des services télécoms fournis aux consommateurs. À cet effet, une délégation du régulateur télécoms tchadien a été envoyée en mission auprès du régulateur télécoms sénégalais du 13 au 20 avril.
Au cours de cette mission révélée le mercredi 23 avril, les visiteurs ont participé à des séances de travail portant notamment sur les méthodes et outils utilisés par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes du Sénégal (ARTP) pour mesurer la qualité de service, les indicateurs-clé de performance, les procédures de sanction, les méthodologies d’évaluation de la qualité d’expérience, l’homologation des équipements, la régulation des infrastructures, le cadrage de l’interconnexion et les mécanismes de surveillance des prix pratiqués par les opérateurs.
Les travaux ont également porté sur le fonctionnement de l’ARTP en tant qu’autorité administrative indépendante. En effet, le gouvernement tchadien a décidé d’autonomiser l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes du Tchad (ARCEP) pour qu’elle soit plus efficace.
Cette mission intervient dans un contexte de détérioration continue de la qualité des services télécoms au Tchad, où le gouvernement et les consommateurs exercent une pression constante sur les opérateurs pour un changement. L’ARCEP a également été pointée du doigt. Après une panne de plus de 24 heures survenue en octobre 2024, le Premier ministre, Allah-Maye Halina, avait instruit le ministre des Communications de revoir les services chargés de la régulation. « Les populations ont trop souffert de la négligence, voire des relations incestueuses entre les téléphonies mobiles et des cadres véreux de notre administration par le passé », avait-il déclaré.
En décembre 2024, Haliki Choua a été nommé directeur général de l’ARCEP, succédant à Hassan Daoussa Hassaballah. Dès sa prise de fonction, il a affiché sa volonté de renforcer la qualité des services fournis par les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès à Internet. Il a enchaîné les rencontres avec les acteurs du secteur afin de recueillir leurs plans d’action en matière d’amélioration de la qualité de service, ainsi que les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Si cette mission au Sénégal témoigne d’une volonté d’amélioration, il est primordial de prendre en compte les spécificités nationales. Les outils et méthodes employés par l’ARTP nécessitent une adaptation aux réalités structurelles, institutionnelles et techniques du marché tchadien. Plutôt que de privilégier une régulation strictement punitive, la GSMA préconise des modèles plus coopératifs, tels que la co-régulation ou une approche centrée sur le consommateur.
La co-régulation repose sur un partenariat entre le régulateur et les opérateurs pour fixer des standards de qualité basés sur des évaluations transparentes, tandis que les opérateurs publient leurs engagements pour se démarquer. La régulation axée sur le consommateur, quant à elle, fournit aux usagers des outils de comparaison afin de stimuler la concurrence et encourager les fournisseurs à améliorer leurs services.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 25 avril 2025)