OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2010 > Octobre > Procès La Gazette/Thierno Ousmane SY : Plaidoirie

Procès La Gazette/Thierno Ousmane SY : Plaidoirie

dimanche 3 octobre 2010

Faits divers/Contentieux

Celles et ceux - très nombreux - qui avaient pris d’assaut, le 14 septembre dernier, le tribunal hors classe de Dakar n’avaient qu’une idée en tête : repartir avec la certitude que les journalistes entendus pour « diffamation » quitteront le préau avec le sentiment du devoir accompli et le sourire qui délivrent le justiciable de la peur du mauvais jugement. L’audience prit une toute autre tournure quand le premier avocat de la défense prononça son dernier mot. Cette tournure - favorable aux prévenus et implacable pour le plaignant (lire dans ce numéro les plaidoiries des deux parties) - se décline en une série de pics dont le dernier avocat de la défense porta la crête à un niveau tel que le doute n’avait plus où siéger dans l’esprit du public. Le ouf de soulagement avec lequel le plus grand nombre - manifestement du côté des prévenus - quitta la salle d’audience trop étroite pour le contenir ne suffit évidemment pas à déterminer la nature du verdict attendu le 16 novembre prochain. Mais il existe une plaidoirie - philosophique celle-là - sur laquelle s’appuie en dernier ressort toute décision de justice particulièrement stimulante pour une certaine idée de la liberté.

Si, en effet, l’on admet que les décisions de justice - toutes grandes dès lors qu’elles portent sur le droit à l’information du public sont aussi une concrétisation de la « théorie générale du droit » ou « philosophie du droit », l’existence de deux parties que tout oppose mène inexorablement au choc des idées sur le droit et le rôle de celui-ci dans une société politique. La philosophie allemande, elle, gratifia, à travers les hautes figures de Kant (1724-1804) et de Hegel (1770-1831), l’Europe et le reste du monde d’abstractions susceptibles d’éclairer toute sentence qui tient vraiment compte des grandes mutations intervenues depuis la parution, en 1821, des Lignes fondamentales de la philosophie du droit de Hegel, un quart de siècle après la publication des Premiers principes métaphysiques de la doctrine du droit de Kant.

Depuis lors, nous admettons presque tous que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Nous croyons même avoir clos tout débat sur le sujet en soutenant cela. La ritournelle qui en résulte correspond en réalité à la définition kantienne du droit qui ne serait rien d’autre que ce qui permet la coexistence de la liberté de chacun avec celle des autres. C’est qu’il y a chez Kant le souci de la morale qui ne permet d’agir que selon une « loi universelle ». La limite à la liberté de l’individu est illustrative de la philosophie (kantienne) du droit qui est une philosophie de la liberté limitée. L’avocat de la partie civile clamant que nous serions tous en danger si rien n’endiguait la liberté du journaliste ne dit naturellement rien sur les limites à la liberté de son client. Quand la partie civile s’intéressera à ces limites-là, elle se rendra parfaitement compte que la morale dont elle se prévaut est plutôt restrictive quoique frappée du sceau de l’universel.

Dans sa philosophie du droit, Hegel invoque trois moments. Eu égard à notre préoccupation, le premier moment hégélien de la philosophie du droit correspond au contrat au terme duquel l’Etat du Sénégal concéda une licence globale de téléphonie à SUDATEL. Dans ce cas précis, le contrat règle les rapports entre des personnes morales représentées par des personnes physiques adossées à un « droit abstrait ». A cet instant précis, la morale fait valoir la conscience contre le contrat en vertu du « droit supérieur de la subjectivité ». Hegel désigne par « moralité subjective », le second moment - opposé au premier de sa philosophie du droit. Hegel traite enfin d’un troisième moment dans sa théorie du droit. Il s’agit de la « moralité objective » qui reconnaît l’individu comme membre d’une société politique. Par société politique il faut comprendre ici l’Etat en tant que « réalité de l’Idée morale ». L’Etat s’impose alors à tous comme une puissance supérieure qui doit sa force au fait que les hommes se reconnaissent en lui. La politique n’est plus qu’une morale appliquée, mais la vraie morale elle-même. La philosophie hégélienne du droit rompt alors avec la philosophie kantienne de la liberté limitée de l’individu pour une philosophie de la liberté réalisée capable de produire un monde dans lequel l’investigation journalistique trouve toute sa place.

Il est clair que la plainte pour diffamation vise dans les cas présumés de corruption à limiter la liberté d’informer du journaliste mu par la manifestation de la vérité pour promouvoir la liberté - au sens hégélien du terme - de chacun. Le musellement du journaliste n’expose plus l’aigrefin à la raillerie populaire au seul prétexte qu’une image - une seule - est ternie. L’Etat ne tirerait alors plus sa force de la reconnaissance de sa puissance par les justiciables. Ceux dont l’action a affaissé l’Etat tenteront par tous les moyens à persuader les juges qu’aucune preuve n’a été fournie à l’audience du 14 septembre dernier. Mais les mêmes juges comprennent parfaitement que le monde a basculé dans l’impasse depuis que l’économie virtuelle a supplanté l’économie réelle, complexifiant du coup les affaires de corruption qui vont avec. Sur les ruines du libéralisme est née est une nouvelle idéologie : le virtualisme spéculatif. C’est le nouveau défi auquel feront face dès le 16 novembre prochain les prévenus relaxés.

Abdoul Aziz Diop

(Source : La Gazette, 3 octobre 2010)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2474/2791 Régulation des télécoms
  • 236/2791 Télécentres/Cybercentres
  • 1912/2791 Economie numérique
  • 992/2791 Politique nationale
  • 2790/2791 Fintech
  • 339/2791 Noms de domaine
  • 1017/2791 Produits et services
  • 870/2791 Faits divers/Contentieux
  • 485/2791 Nouveau site web
  • 2791/2791 Infrastructures
  • 981/2791 TIC pour l’éducation
  • 113/2791 Recherche
  • 185/2791 Projet
  • 1811/2791 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1002/2791 Sonatel/Orange
  • 925/2791 Licences de télécommunications
  • 180/2791 Sudatel/Expresso
  • 557/2791 Régulation des médias
  • 776/2791 Applications
  • 658/2791 Mouvements sociaux
  • 938/2791 Données personnelles
  • 84/2791 Big Data/Données ouvertes
  • 368/2791 Mouvement consumériste
  • 206/2791 Médias
  • 422/2791 Appels internationaux entrants
  • 1035/2791 Formation
  • 58/2791 Logiciel libre
  • 1063/2791 Politiques africaines
  • 848/2791 Fiscalité
  • 114/2791 Art et culture
  • 377/2791 Genre
  • 1031/2791 Point de vue
  • 587/2791 Commerce électronique
  • 884/2791 Manifestation
  • 210/2791 Presse en ligne
  • 86/2791 Piratage
  • 135/2791 Téléservices
  • 619/2791 Biométrie/Identité numérique
  • 196/2791 Environnement/Santé
  • 213/2791 Législation/Réglementation
  • 222/2791 Gouvernance
  • 986/2791 Portrait/Entretien
  • 95/2791 Radio
  • 452/2791 TIC pour la santé
  • 187/2791 Propriété intellectuelle
  • 31/2791 Langues/Localisation
  • 616/2791 Médias/Réseaux sociaux
  • 1221/2791 Téléphonie
  • 132/2791 Désengagement de l’Etat
  • 556/2791 Internet
  • 69/2791 Collectivités locales
  • 268/2791 Dédouanement électronique
  • 651/2791 Usages et comportements
  • 609/2791 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 347/2791 Audiovisuel
  • 1720/2791 Transformation digitale
  • 244/2791 Affaire Global Voice
  • 94/2791 Géomatique/Géolocalisation
  • 231/2791 Service universel
  • 424/2791 Sentel/Tigo
  • 116/2791 Vie politique
  • 900/2791 Distinction/Nomination
  • 20/2791 Handicapés
  • 420/2791 Enseignement à distance
  • 420/2791 Contenus numériques
  • 356/2791 Gestion de l’ARTP
  • 112/2791 Radios communautaires
  • 1144/2791 Qualité de service
  • 248/2791 Privatisation/Libéralisation
  • 81/2791 SMSI
  • 295/2791 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1527/2791 Innovation/Entreprenariat
  • 777/2791 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 28/2791 Internet des objets
  • 121/2791 Free Sénégal
  • 274/2791 Intelligence artificielle
  • 115/2791 Editorial
  • 14/2791 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous