OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2024 > Mars 2024 > Présidentielle 2024 : retour sur la communication numérique durant la (…)

Présidentielle 2024 : retour sur la communication numérique durant la campagne électorale

mardi 26 mars 2024

Usages et comportements

Baisser de rideaux d’une présidentielle riche en rebondissement, et qui aura tenu en haleine tout un peuple et au-delà des frontières sénégalaises. Bassirou Diomaye Faye présidera aux destinées du Sénégal pour les cinq prochaines années. Une surprise de taille, sachant qu’il a été élargi de prison moins de deux semaines avant l’élection du 24 mars 2024.
Qui dit élection, dit communication sur les plateformes numériques. Bilan de la communication digitale d’une élection pas comme les autres.

Mais avant de poser un regard sur la communication numérique politique déclinée durant la campagne électorale, attardons-nous sur l’impact des réseaux sociaux en matière de communication politique.

Une communication politique plus centrée sur la spontanéité et la personnalisation

L’élection présidentielle américaine de 1960, opposant Richard Nixon à John F. Kennedy marque un tournant décisif pour la communication politique. Cette joute électorale est synonyme de nouveauté. En effet, elle sanctionne pour la première fois l’insertion de la télévision en période d’élection, symbolisé par le premier débat télévisé de l’histoire de la politique américaine. Le candidat démocrate en l’occurrence Kennedy, clairement plus à l’aise que le candidat républicain, prend vite ses marques, ouvrant ainsi l’ère de la « séduction cathodique ». D’ailleurs, ce débat sera décisif dans la victoire du camp démocrate. Ainsi, face à l’outil télévisuel, les hommes politiques commencent à ciseler leur image pour paraitre plus télégénique.

Début des années 2000, un nouveau tournant redessine les modalités de la communication politique avec l’émergence des nouveaux médias avec Facebook comme tête de gondole, suivi de X (anciennement Twitter), Instagram, etc. Toutefois. Ces plateformes numériques ont insufflé à la communication politique un aggiornamento, une démocratisation de la prise de parole. Désormais on passe de l’ère du « One to many » (l’homme politique s’adressant au public) à celle du « One to One » où n’importe quel citoyen peut prendre la parole grâce au digital. Dorénavant, la prise de parole publique n’est plus réservée à l’homme politique.

Les codes préconisés par la télévision ne se diluent pas avec ceux des réseaux sociaux. Pourquoi ? Pour l’homme politique, apparaitre dans le grand écran, appelle à une communication formelle, léchée, et surtout très encadrée par le biais de l’exercice du média training. A l’inverse. Un vent disruptif souffle du côté des réseaux sociaux. Sur ces plateformes, pas de place à l’artificiel, les vieilles ficelles de la « com’pol » sont honnies. Les internautes veulent du spontané, de l’émotion, de l’authenticité, de l’affectivité, de la personnalisation. Après la « séduction cathodique », voici venu le temps de la « séduction numérique ». La télé c’est la verticalité, les réseaux sociaux, l’horizontalité.

Parmi les références de la communication numérique politique, on peut citer Alexandria Occasio-Cortez (AOC), représentante au Congrès américain. Celle-ci a construit son pathos par l’entremise d’une communication digitale ultra efficace et Gabriel Attal, l’actuel Premier ministre français. Ils ont parfaitement intégré l’essence des réseaux sociaux, et s’en servent pour véhiculer leurs idées et se construire une image axée sur la proximité. Ils mettent en récit leurs parcours politiques, n’hésitent pas à parler de choses personnelles afin d’humaniser leur communication.

Après ce survol de l’impact des réseaux sociaux sur la communication politique, penchons-nous maintenant sur l’usage du numérique par les candidats au fauteuil présidentiel.

Anta Babacar Ngom, palme d’or de la communication digitale (mais peut encore mieux faire)

Pour sa première expérience électorale, Mme Ngom n’a pas démérité. Au contraire. Elle est la révélation de ce scrutin. Elle a passé haut la main le filtre des parrainages. Seule femme présente dans les « starting block », elle trahissait la très forte coloration masculine de la cohorte de candidats.

Son positionnement était le suivant : éradiquer la politique politicienne en réenchantant la volonté citoyenne. La rupture en somme. Renforcer son positionnement invitait à la cohérence tant au niveau politique, mais aussi communicationnel. Pour ce dernier aspect, nous lui tirons le chapeau. D’abord, sa communication numérique s’est illustrée par un respect scrupuleux de la charte graphique à travers les visuels, les vidéos. Elle a compris l’importance de la vidéo « face cam » dans la stratégie social média. Sauf erreur de ma part, elle est la seule candidate ayant recouru à ce type de vidéo.

Si l’idée des vidéos « face cam » est à saluer, elles sont aussi une faiblesse, au niveau de la forme. Rappelez-vous, plus haut, nous indiquions que les réseaux sociaux encourageaient une communication informelle, plus authentique. Les images des « face cam » de Mme Ngom étaient léchées, ultra soignées, il y’avait quelqu’un derrière la caméra. Si elle compte poursuivre l’avenir politique, je lui prodiguerai les conseils suivants : élaborer une communication numérique beaucoup plus intime, plus interactive. Ses « face cam », elle doit les faire seule en privilégiant les vidéos à la verticale, filmées à l’iPhone et sans filtre, en adoptant un ton plus informel, plus personnel. Ces vidéos doivent être naturelles, sachez-le, ce sont leurs imperfections et leur authenticité qui trouvent un écho au sein de la communauté en ligne. Ensuite, pourquoi pas faire un « Q and A » (Questions-Réponses) sur Instagram, Facebook pour revenir sur sa première expérience politique (les hauts et les bas). Maintenir le lien avec sa communauté passera par une communication type « Build in public ».

Boubacar Camara s’appuie sur l’influence pour amplifier son message

C’est un constat frappant. Les hommes et femmes politique sénégalais, ne font quasiment pas appel aux influenceurs pour donner plus d’écho à leurs messages. Dans une époque où la parole politique ne raisonne plus comme auparavant, où les gens submergeaient par les tracas du quotidien, deviennent de plus en plus indifférents à la chose publique, recourir aux influenceurs peut avoir des vertus positives.

Du fait d’une audience assez limitée en général sur les réseaux sociaux, les acteurs politiques doivent trouver des moyens pour élargir leur communauté. Parmi les solutions disponibles, nous avons les influenceurs. Ce qu’a parfaitement compris, le candidat Boubacar Camara. En effet, il était invité sur la chaine YouTube de l’influenceur « Macdi », qui culmine à plus de 800 000 abonnées. Profitant de cette audience considérable, il a décliné son programme, sa vision. Bien trouvé.

Le gouvernement français a régulièrement recours aux influenceurs pour faire passer des messages à une cible, hors de portée des canaux traditionnels de l’information. Durant la présidentielle de 2022, la quasi-totalité des candidats (Macron y compris) se sont faits « interviewés » par le « youtubeur » Hugo Travers plus connu sous le surnom « HugoDécrypte ». Sa chaine YouTube avoisine les 2,5 millions d’abonnés. Ce média est à destination des jeunes, et souhaite donner un caractère journalistique à l’actualité à travers de courtes vidéos (snack content).

Attention. La collaboration avec un influenceur relève d’une réflexion bien mûrie. Au risque de nuire à la crédibilité de l’acteur politique, il est recommandé de s’attarder sur les points suivants :

  • Quelle est sa ligne éditoriale, ses thématiques
  • Son audience (âge, sociologie, etc.)
  • Sur quelle plateforme évolue-t-il (Instagram, Twitch, YouTube, Facebook, etc.) ? Afin d’en appréhender les codes.

L’efficacité redoutable de « l’armée numérique » de PASTEF

En même temps qu’il investissait le champ politique, PASTEF opérait avec dextérité un maillage de la toile. Facebook, X (anciennement Twitter), Instagram, YouTube, partout où il est question de défendre la fibre « patriote », vous pouvez compter sur eux. La bataille numérique, ça fait belles lurettes qu’ils l’ont remporté. La toile, ils s’en servent aussi pour organiser des levées de fonds, pour faire montrer un hastag (trending) comme #FreeSenegal, pour diffuser les idées de leur leader et, organiser des opérations de terrain. En termes de militantisme 3.0, difficile de faire mieux. « Un candidat ne peut pas gagner en misant seulement sur le web, mais il ne peut pas être élu s’il ne gagne pas la bataille de l’internet. », selon Nicolas Baygert, Docteur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Sorbonne (CELSA).

Dans réseau social, il y a « social »

Une photographie de la quasi majorité des plateformes numériques des candidats démontre une chose. Leurs réseaux sociaux ressemblent plus à des journaux de bord voir à des agendas. Les contenus publiés n’incitent à aucune interaction. C’est simple. Ils y publient leur passage dans les médias, des images de leur caravane, meetings. Avec ce modèle de publication, leurs plateformes ne différent guère des médias traditionnels où l’information est à sens unique. Investir les réseaux sociaux relève d’une volonté d’interaction avec son audience, et non pas d’y être parce que c’est tendance.

Ces contenus sont unidirectionnels sont contraire à l’esprit des réseaux sociaux, qui prône une communication qui se veut bidirectionnelle, qui facilité l’interaction. Proposer des contenus interactifs comme les Live Instagram ou Facebook (Sonko le fait très bien), des séances questions-réponses, et votre audience vous en remerciera. Avec Internet, l’ère du citoyen passif est révolue, désormais il faudra compter sur un citoyen engagé, partie prenante de la vie publique, et n’hésitant pas à donner son avis derrière son clavier. Ce citoyen-consommateur est plus que jamais à la recherche de lien émotionnel.

Les acteurs politique (candidats y compris) ont ce réflexe : publier des visuels pour annoncer leur passage dans les médias. Désolé mais ceci n’est pas un message. A moins que le spectateur soit un militant chevronné ou un passionné de politique, ça m’étonnerait qu’il regarde la totalité de l’émission, peut-être juste jeter un coup d’œil. A la place de ces visuels, vous pourriez faire un tweet (pour les politiques doués à l’écrit) ou une courte vidéo (pour ceux à l’aise devant l’objectif) sur le message que vous allez délivrer, et ce de façon originale.

Pour finir

Dans l’ensemble, les réseaux sociaux des candidats s’inscrivaient dans le même registre. Des photos parfaitement soignées par-là, des vidéos de caravane par-ci. En somme. Rien d’assez originale, à part les éclaircies de Mme Ngom. Leurs contenus étaient purement informationnels, et non conversationnels.

Maintenant que la présidentielle fait partie du passé, il est fort probable que la majorité d’entre eux, déserte le terrain numérique. Si certains d’entre eux croient toujours en leur avenir politique, je leur recommande d’être régulier et d’essayer de maintenir le lien avec leur communauté.

Avec la postmodernité, fini les discours doctrinaux de parti. Aujourd’hui, ce sont les discours personnels qui trouvent une caisse de résonnance. Les réseaux sociaux ont démystifié la politique. L’acteur politique est devenu une marque, d’où le néologisme « citoyen consommateur ». Pour gagner des voix, il doit construire un récit (storytelling), se « brander » (branding). La personnification, l’émotion, l’affectivité ont pris le pas sur le message.

Amadou Dia

(Source : Social Net Link, 26 mars 2024)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 6518/7249 Régulation des télécoms
  • 521/7249 Télécentres/Cybercentres
  • 4886/7249 Economie numérique
  • 2910/7249 Politique nationale
  • 7203/7249 Fintech
  • 774/7249 Noms de domaine
  • 2562/7249 Produits et services
  • 2187/7249 Faits divers/Contentieux
  • 1167/7249 Nouveau site web
  • 7249/7249 Infrastructures
  • 2545/7249 TIC pour l’éducation
  • 283/7249 Recherche
  • 368/7249 Projet
  • 5025/7249 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 2662/7249 Sonatel/Orange
  • 2478/7249 Licences de télécommunications
  • 447/7249 Sudatel/Expresso
  • 1426/7249 Régulation des médias
  • 1936/7249 Applications
  • 1538/7249 Mouvements sociaux
  • 2408/7249 Données personnelles
  • 255/7249 Big Data/Données ouvertes
  • 929/7249 Mouvement consumériste
  • 548/7249 Médias
  • 984/7249 Appels internationaux entrants
  • 2391/7249 Formation
  • 157/7249 Logiciel libre
  • 3192/7249 Politiques africaines
  • 1423/7249 Fiscalité
  • 255/7249 Art et culture
  • 919/7249 Genre
  • 2413/7249 Point de vue
  • 1530/7249 Commerce électronique
  • 2384/7249 Manifestation
  • 479/7249 Presse en ligne
  • 189/7249 Piratage
  • 310/7249 Téléservices
  • 1338/7249 Biométrie/Identité numérique
  • 460/7249 Environnement/Santé
  • 541/7249 Législation/Réglementation
  • 511/7249 Gouvernance
  • 2923/7249 Portrait/Entretien
  • 219/7249 Radio
  • 1186/7249 TIC pour la santé
  • 412/7249 Propriété intellectuelle
  • 88/7249 Langues/Localisation
  • 1704/7249 Médias/Réseaux sociaux
  • 2994/7249 Téléphonie
  • 288/7249 Désengagement de l’Etat
  • 1647/7249 Internet
  • 171/7249 Collectivités locales
  • 675/7249 Dédouanement électronique
  • 1735/7249 Usages et comportements
  • 1555/7249 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 835/7249 Audiovisuel
  • 4579/7249 Transformation digitale
  • 584/7249 Affaire Global Voice
  • 228/7249 Géomatique/Géolocalisation
  • 497/7249 Service universel
  • 992/7249 Sentel/Tigo
  • 270/7249 Vie politique
  • 2624/7249 Distinction/Nomination
  • 51/7249 Handicapés
  • 1031/7249 Enseignement à distance
  • 1023/7249 Contenus numériques
  • 897/7249 Gestion de l’ARTP
  • 275/7249 Radios communautaires
  • 2661/7249 Qualité de service
  • 640/7249 Privatisation/Libéralisation
  • 198/7249 SMSI
  • 759/7249 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 4131/7249 Innovation/Entreprenariat
  • 2001/7249 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 71/7249 Internet des objets
  • 255/7249 Free Sénégal
  • 987/7249 Intelligence artificielle
  • 353/7249 Editorial
  • 33/7249 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous