Piratage de Canal+ Horizons : Condamnations en série de câblo-diffuseurs
lundi 24 décembre 2012
Depuis 2008, la chaîne cryptée française a dépêché des membres de sa cellule anti-piratage dans les faubourgs de la capitale sénégalaise et dans les principales villes du Sénégal. A l’occasion de ses vingt ans de présence au Sénégal en 2011, la lutte s’est intensifiée pour aboutir aujourd’hui à de multiples condamnations des pirates. Etat des lieux d’un système qui s’était pérennisé au fil des ans.
Le piratage organisé de Canal + Horizons a pris son essor au début des années 2000. Institutionnalisé, le piratage a connu par la suite une baisse de son coût pour les foyers désireux de se brancher au câblage frauduleux, le blogueur Ousmane Diop raconte : « Ceux qui ont été les premiers à s’aventurer dans ce domaine avaient acheté des décodeurs de Canal+ sur lesquels ils arrivaient à brancher plusieurs maisons qui payaient 5.000 francs à la fin du mois. » Avec la multiplication d’installateurs clandestins, le prix a baissé autour de 2.000 francs : « A Guédiawaye, on compte beaucoup de personnes dont l’activité principale consiste à relier des fils de maison en maison à longueur de journée », écrit Diop. « Les habitants du quartier ont, pour la majorité, des revenus très modestes qui ne leur permettent pas de pouvoir se payer le luxe d’un abonnement à Canal+Horizons. C’est la raison pour laquelle ils préfèrent s’abonner clandestinement sur le réseau de quelqu’un qui pourra aussi être tolérant, si à la fin du mois ils n’ont pas encore l’argent pour payer. »
Un abonnement trop cher rapporté au salaire moyen
Le Sénégal compte environ 36.000 abonnés à Canal+, un chiffre bien moins élevé qu’au Gabon ou en Côte d’Ivoire. En dehors des considérations économiques et démographiques, la comptabilité est faussée par ce piratage qui a fait florès au pays de la téranga. Dans un marché de la télévision payante estimé à 24,5 milliards de francs Cfa, le manque à gagner dû au piratage est conséquent pour un opérateur comme Canal+ Horizons.
Afin de dissuader les resquilleurs et surtout les organisateurs de ce piratage qui bien souvent en vivent, la justice sénégalaise a tranché et sanctionné ceux qui sont tombés dans son escarcelle. Au titre des condamnations, elle s’est prononcée le 12 septembre dernier à l’encontre de Abdoul Aziz Ndiaye, Mohamed Ndiaye et Ndimack Diop qui ont été attraits devant le Tribunal régional de Thiès pour le délit de diffusion d’images à des fins lucratives sans autorisation et condamnés à 3 mois de prison avec sursis ainsi qu’à 500 mille francs à titre de dommages et intérêts. Le 22 juin 2012, c’était le Tribunal des flagrants délits de Thiès qui statuait sur le sort de Ibrahima Seck, Meïssa Diop, Modou Seck, Sidy Coulibaly et Mamadou Ndiaye poursuivis pour diffusion clandestine des images de Canal+ Afrique par câble et les condamnait à payer, chacun, à Canal+ la somme de 500 mille francs. Ce même Tribunal récidivait, le 4 juillet suivant, en condamnant Abdoul Ndiaye à 6 mois d’emprisonnement avec sursis et à verser 500 mille francs à l’opérateur pour exploitation frauduleuse de réseau de télécommunication.
La simple utilisation également punie
Le grief d’utilisation frauduleuse d’un réseau de télécommunication est retenu par ce Tribunal des flagrants délits pour les sieurs Léon Etchri et Aliou Sow, qui ont écopé le 27 juin 2012 de 3 mois de prison avec sursis et à payer solidairement à Canal+ la somme de 600 mille francs.
Le Tribunal de Kolda s’est montré plus sévère pour ce qui concerne Bernard Boubane et Serigne Modou Lô, en les condamnant pour le délit d’utilisation à 6 mois de prison avec sursis et 1 million de francs d’amende le 21 décembre 2011. Enfin, le délit de piratage d’images de Canal+ a été aussi réprimé par une condamnation à 3 mois de prison avec sursis des sieurs Aldiouma Diallo, Abdoul Lahat Guèye, Ibra Sall, Baba Thiam, Ibou Touré, Pape Djité et Abdou Kâ, prononcée le 28 septembre 2012 à Thiès. Ils doivent verser chacun à Canal+ 500 mille francs ; leur matériel saisi est aussi confisqué. Des sanctions contraignantes certes, mais le péril pour le pays est à la mesure de celles-ci. Ces branchements anarchiques provoquent des électrocutions fréquentes et donc la mise en danger des populatin David
(Source : Le Quotidien, 24 décembre 2012)