Passage au numérique de l’audiovisuel en Afrique d’ici 2015 : Le Sénégal dans le peloton des pays les moins avancés
mercredi 25 mai 2011
Le passage au numérique de l’audiovisuel en Afrique est loin d’être atteint si l’on se fie à l’état des lieux présenté hier à Dakar lors d’une rencontre sur la dimension juridique et économique du processus de numérisation. Le Sénégal fait partie des pays les moins avancés dans ce domaine.
L’Afrique est globalement en retard dans le processus de numérisation du secteur de l’audiovisuel. La majeure partie des pays du continent ont des difficultés à démarrer la transition de l’analogie au numérique. S’exprimant hier lors de l’ouverture du séminaire de sensibilisation à ‘la dimension juridique et économique du passage au numérique du secteur de l’audiovisuel’, Emmanuel Adjovi, représentant de la francophonie soutient que ‘certains gouvernants croient que cela nécessite des moyens financiers importants au moment où ils ont d’autres priorités’. D’autres traînent les pieds par manque de décision politique, car non informés de la nécessité du changement et des conséquences encourus.
L’état des lieux de la transition du numérique en Afrique dressé par l’expert de l’Oif distingue trois catégories de pays. Ceux qui sont avancés dans le processus dominés par l’Ile Maurice, quelques pays anglophones comme le Ghana, l’Afrique du Sud et le Maghreb dont la Tunisie, le Maroc, l’Algérie. ‘L’Ile Maurice achève sa transition cette année, l’Algérie et la Tunisie fixent l’échéance en 2014’, indique Emmanuel Adjovi. Des pays comme le Sénégal, le Cameroun et le Niger sont moins avancés. Ils amorcent de façon timide le processus en mettant en place des Comités nationaux du numérique (Cnn). ‘Ils sont dans le bon chemin du moment où ils s’engagent dans le processus et qu’ils mettent en place des stratégies qui considèrent le changement comme devant accélérer la croissance économique’, souligne-t-il.
La situation du Sénégal est due au retard de démarrage du processus. ‘Nous avons commencé en 2010 au moment où d’autres ont débuté il y a quatre ans’, explique Malick Ndiaye, président du Comité national du numérique (Cnn). Mais le problème de notre pays est principalement dû à la complexité de son paysage audiovisuel comparé à d’autres pays. ‘Le paysage audiovisuel sénégalais est compliqué car chacun des radiodiffuseurs fait tout lui-même. Il édite, fait ses programmes, les transporte et les diffuse lui-même. Il a ses propres infrastructures qu’il gère lui-même, finance et maintient’, a soutenu Malick Ndiaye.
Après avoir diagnostiqué, le secteur et fait des propositions, le Cnn remettra son rapport à l’Etat en juin prochain. Le Sénégal lancera le passage du numérique en 2014 et compte l’achever en 2020, c’est-à-dire cinq ans après l’échéance fixée par l’accord de Genève, 2015. Passée cette date, les fréquences audiovisuelles analogiques ne seront plus protégées. Les télévisions brouillées n’auront plus la possibilité de faire recours devant l’Union internationale des télécommunications.
Pour Emmanuel Adjovi de l’Oif, la situation est inquiétante en Afrique. Le continent est encore à la traîne si l’on sait que l’Asie et l’Europe sont déjà dans les normes technologiques du numérique.
Fatou K. Sène
(Source : Wal Fadjri, 25 mai 2011)