Ouganda : les acteurs du secteur télécoms se liguent contre le vandalisme
mardi 20 mai 2025
Le vandalisme des infrastructures télécoms est un problème récurrent dans de nombreux marchés africains. Il compromet non seulement les revenus des opérateurs, mais nuit également à la qualité et à la disponibilité des services.
En Ouganda, les acteurs du secteur télécoms ont lancé la semaine dernière une campagne nationale de lutte contre le vandalisme des infrastructures. Cette initiative s’inscrit dans une série d’actions visant à protéger les installations essentielles à la fourniture des services de communication.
Dénommée « Tokigeza » ( Ne le fais pas, en luganda), la campagne s’étendra sur trois mois. Elle est conduite par la Commission ougandaise des communications (UCC), en partenariat avec MTN Uganda, Airtel Uganda et ATC Uganda. Elle inclut des actions de sensibilisation à grande échelle via la radio, la télévision, les plateformes numériques, les écoles et les réunions communautaires (barazas). Des groupes clés comme les forces de l’ordre, les autorités locales, les propriétaires fonciers et les conducteurs de boda-boda seront également mobilisés pour signaler, prévenir et décourager les actes de vandalisme.
Parmi les mesures proposées figurent le durcissement des peines à l’encontre des auteurs via des amendements au Code pénal, une régulation stricte du secteur de la ferraille — principal débouché pour les matériaux volés — la création d’une taskforce nationale inter-agences contre le sabotage des infrastructures télécoms et l’intégration des dispositifs de sécurité des tours au système national de vidéosurveillance de la police.
Entre 2022 et 2024, les opérateurs ont recensé plus de 820 cas de vandalisme de câbles, 283 vols de carburant et 90 vols de batteries, selon des données officielles. Ces actes ont provoqué de longues interruptions de service, certaines durant plus de 134 heures, affectant des districts entiers comme Sheema, Kaliro ou Masaka.
Face à la recrudescence du phénomène, un forum national des parties prenantes avait été organisé en avril 2024 pour examiner des solutions durables. « Il est nécessaire que les secteurs public et privé collaborent pour protéger les infrastructures télécoms. La croissance continue du pays et l’intégration des TIC en dépendent », avait alors déclaré le secrétaire permanent du ministère des TIC et de l’Orientation nationale, Aminah Zawedde.
Dans le même sens, le président Yoweri Museveni s’est engagé en avril dernier à classer les tours télécoms parmi les Infrastructures nationales critiques (CNI). Cette décision devrait, selon l’UCC, permettre de renforcer le cadre législatif, les mécanismes de surveillance et les moyens de répression. Le régulateur télécoms souligne que le chef de l’État soutient également des réformes visant à considérer les actes de vandalisme comme du sabotage économique, passible de sanctions plus lourdes.
Il convient toutefois de rappeler que certaines mesures, notamment d’ordre légal, peuvent rester limitées tant que les décisions officielles n’ont pas été prises et qu’aucun calendrier n’a été communiqué à cet effet. Même si la classification se concrétise, elle ne suffira pas à résoudre tous les problèmes. Une décision similaire a été prise par le gouvernement nigérian en août 2024. Pourtant, les opérateurs télécoms ont continué à signaler des cas de vandalisme récurrents, notamment sur la fibre optique.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 20 mai 2025)