Ouganda : le numérique pourrait ajouter 4 milliards $ à l’économie d’ici 2030
mardi 4 novembre 2025
Dans un contexte où la connectivité progresse rapidement sur le continent, la GSMA met en lumière le rôle central des politiques publiques dans la réussite de la transformation numérique en Ouganda. Selon l’institution, une meilleure gouvernance digitale peut stimuler la croissance inclusive.
L’Ouganda pourrait générer 14,6 milliards de shillings ougandais (environ 4 milliards USD) de valeur économique supplémentaire, créer 1,79 million d’emplois et connecter 4 millions de citoyens de plus à Internet d’ici 2030. C’est ce que révèle l’organisation mondiale des opérateurs de téléphonie mobile dans un nouveau rapport dévoilé le lundi 3 novembre, lors du GSMA Digital Africa Summit Uganda à Kampala.
Intitulé « Driving Digital Transformation of the Economy in Uganda – Opportunities, Policy Reforms and the Role of Mobile », le rapport souligne l’impact transformateur du secteur mobile sur la croissance économique et l’inclusion numérique, en ligne avec les ambitions du National Development Plan IV (NDP IV) et de la Digital Uganda Vision 2040.
Un moteur de croissance pour les secteurs productifs
Selon la Feuille de route pour la transformation numérique de l’Ouganda, le secteur mobile, qui contribue déjà à 9 % du PIB national et emploie 2,3 millions de personnes, est présenté comme une pierre angulaire de la transformation numérique du pays. Il alimente la productivité dans des secteurs clés comme l’agriculture, le commerce, la fabrication et les services, tout en renforçant l’accès à l’éducation, à la santé et aux services financiers numériques.
La GSMA estime que la numérisation accrue pourrait stimuler la productivité agricole et industrielle, accroître les exportations et renforcer la résilience des petites entreprises. L’organisation identifie notamment la connectivité mobile comme l’épine dorsale numérique qui permettra à l’Ouganda d’accélérer sa croissance inclusive et de réduire la fracture numérique.
Un potentiel encore sous-exploité
Malgré une couverture 4G atteignant 96 % de la population et 11,46 millions d’internautes mobiles uniques (soit 22 % de la population totale et 48 % des adultes), trois Ougandais sur quatre vivant sous couverture mobile n’utilisent pas Internet.
Cette faible adoption est liée à plusieurs obstacles dont le coût élevé des smartphones d’entrée de gamme, un accès énergétique irrégulier, des taxes sectorielles qui pèsent sur l’abordabilité et le manque de compétences numériques. Selon la GSMA, lever ces barrières est indispensable pour atteindre les objectifs du NDP IV 2030, qui vise 70 % de couverture nationale haut débit et 45 % d’utilisation d’Internet d’ici 2029 ou 2030.
Des réformes pour une croissance numérique inclusive
Le rapport de la GSMA appelle à une refonte des politiques publiques afin de créer un environnement plus propice à l’investissement et à l’innovation. L’organisation préconise notamment une plus grande stabilité réglementaire, une fiscalité mieux adaptée au numérique et un cadre d’investissement à long terme. Elle plaide également pour la reconnaissance officielle des infrastructures télécoms comme « infrastructures nationales essentielles », une coordination renforcée entre les secteurs de l’énergie et des TIC, ainsi qu’un effort accru pour rendre les smartphones plus abordables.
La modernisation du cadre réglementaire figure aussi parmi les priorités. La GSMA recommande d’actualiser la législation relative à l’intelligence artificielle, au cloud computing et à la protection des données afin d’encourager une économie numérique plus compétitive et plus sûre.
Vers une prospérité partagée
Si ces réformes sont mises en œuvre, la GSMA estime qu’elles permettraient d’étendre la couverture 4G à 99 % de la population, de connecter 19 millions d’Ougandais à Internet (soit 32 % de la population totale et 61 % des adultes) et de réduire le déficit d’utilisation du haut débit de 7 %. À terme, ces mesures pourraient générer 2,1 milliards UGX de recettes fiscales supplémentaires, compenser les pertes liées à la baisse des taxes sectorielles et offrir au gouvernement de nouvelles marges pour financer ses priorités nationales.
« La transformation numérique de l’Ouganda concerne avant tout les citoyens, les entrepreneurs et les communautés. En rendant l’accès plus abordable et les politiques plus prévisibles, l’Ouganda peut garantir que le progrès numérique profite à tous », a déclaré Angela Wamola (photo, à gauche), responsable Afrique de la GSMA.
La GSMA appelle enfin à une coopération renforcée entre le gouvernement, le secteur privé et les partenaires de développement pour consolider les acquis et permettre à l’Ouganda de franchir un nouveau cap dans sa transformation numérique.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 4 novembre 2025)
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